A l’hôpital général de Mpanda, Dr Omer Ndikumana a été incarcéré pendant cinq jours, au commissariat de police de Bubanza pour n’avoir pas secouru un enfant de 5 ans. Il a fallu que le personnel de cet établissement se mette en grève pour qu’il soit libéré.
<doc2592|left>Vendredi 30 décembre, au moment où tout le monde se préparait à la fête du nouvel an, Dr. Omer Ndikumana, chef du service de médecine interne à l’hôpital de Bubanza, a été jeté au cachot. Motif : n’avoir pas accueilli un enfant amené aux soins par ses parents. D’après des patients, l’enfant est arrivé à l’hôpital, mercredi 28 décembre à 19 heures, alors que le médecin se trouvait dans le bloc opératoire depuis 18 heures. Selon les mêmes sources, ce n’est que vers minuit qu’il a terminé l’opération césarienne pour trois femmes.
Daphrose Kubwimana se souvient : « Des trois femmes venues accoucher par césarienne, j’ai été la dernière à être opérée par ce médecin ». Selon elle, on a peut-être confondu les médecins ; car Dr Ndikumana est normalement accueillant et bien disposé à servir les patients. Une autre source sur place affirme sans ambages que l’enfant à été amené à l’hôpital dans un état très critique : « L’enfant était anémique et souffrait beaucoup. Il était difficile de le sauver.»
Le directeur de l’hôpital, Dr Dieudonné Nicayenzi n’y va pas par quatre chemins : nulle part dans le monde la justice ne se mêle du travail des médecins. « L’incarcération de mon collègue n’a respecté aucune règle judiciaire. Comment peut-on arrêter une personne en l’accusant de n’avoir pas assisté un malade qu’on n’a même pas vu ? » Et c’est également le même sentiment de révolte chez le personnel soignant de cet hôpital. « Nous avons décidé d’entamer un mouvement de grève après avoir remarqué que notre collègue avait été injustement incarcéré », indique une collègue du service de maternité. Elle pense plutôt que des raisons politiques seraient à l’origine de l’arrestation de ce docteur.
Deux ministères pour dénouer la crise
Comme l’indiquent les sources à Mpanda, les contacts effectués par diverses des ministères de la Santé et de la Justice ont abouti à la libération du Dr Omer Ndikumana et à la reprise des activités à l’hôpital. Une délégation du ministère de la Santé venue de Bujumbura sous la conduite du Directeur général, Dr Liboire Ngirigi, accompagné par le médecin directeur de la province sanitaire de Bubanza, Dr Bonite Havyarimana, a rencontré le procureur de la République dans cette province. Marc Manirakiza affirme qu’il est en train de mener des enquêtes et que d’autres pistes restent à explorer.
Toutefois, Dr Liboire Ngirigi trouve normal que la Justice mène ses investigations. Interrogé pour savoir s’il va vaquer normalement à ses activités, le Dr Omer Ndikumana répond par l’affirmative. Selon lui, tout n’est pas toujours rose lorsqu’on travaille dans le secteur de la santé. Et de conclure : « Je vais continuer mes prestations. Rien ne m’empêchera de faire mon travail dans la sérénité et la transparence totale. »