Mardi 05 novembre 2024

Archives

Bubanza : le commissaire de police provincial accusé d’enlèvement

05/06/2013 Commentaires fermés sur Bubanza : le commissaire de police provincial accusé d’enlèvement

Etienne Birahinduka a été enlevé par des hommes armés en décembre dernier. Ses ravisseurs ont exigé une rançon de 15 millions pour le libérer. Mais après sa libération, il a été arrêté et actuellement détenu à Bubanza. Ses proches accusent le commissaire provincial de la police d’être de connivence avec les ravisseurs. <doc2963|left>« Etienne Birahinduka a été enlevé par deux inconnus qui ont exigé une rançon de 15millions », témoigne un membre de sa famille. D’après ce dernier, tout commence le 13 décembre dernier. Ce jour-là, Etienne Birahinduka, un sexagénaire habitant de Ngagara (ville de Bujumbura) se rend à Gihanga (province de Bubanza) où se trouve sa ferme. Vers 15 heures, il rentre à Bujumbura. Arrivé près de l’ISABU Rukoko, deux personnes, armées de fusils, en tenues militaires l’enlèvent. Selon toujours le témoignage de la famille Birahinduka, les ravisseurs exigent au grand éleveur de verser une somme de 40 millions de Fbu sous peine d’être tué. Ils le ligotent et le conduisent dans la forêt de la Rukoko. Ce père de six enfants trouve la somme n’est pas à la portée de sa bourse et promet de donner seulement cinq millions. Les ravisseurs déclinent l’offre. D’après nos sources, les négociations aboutissent à 15 millions. Le 14 décembre, poursuit notre source, la famille Birahinduka sollicite en vain l’intervention de Rémégie Nzeyimana, commissaire provincial de la police à Bubanza. « Nous avons alors demandé une intervention militaire », explique une autre source. Les ravisseurs démasqués Le même jour (14 décembre) vers 16 heures, le fils d’Etienne Birahinduka se dirige à Rukoko pour payer la rançon exigée. Mais c’est un piège tendu aux ravisseurs. Car, au même moment, d’après les témoignages de sa famille, les militaires de la 110ème brigade sont en embuscade, cachés dans cette réserve naturelle depuis 14 heures. Quand les ravisseurs (un militaire et un démobilisé) se présentent pour récupérer l’argent, les militaires surgissent de leur cachette. Mais l’un des preneurs d’otage parvient à s’échapper. D’après nos sources, l’un des deux prétendus rebelles aurait déclaré, au cours de l’interrogatoire, que la réunion pour kidnapper Birahinduka s’est tenue à Carama (nord de Bujumbura) chez le commissaire Rémégie Nzeyimana : « Il a révélé qu’un certain Barumbanze, un éleveur de Gihanga et deux commerçants connus sous les noms de Kanyamugambwe et Bandusha seront aussi enlevés  pour avoir une rançon», témoigne une autre source. Et d’ajouter que le commissaire a voulu perturber cet interrogatoire, au motif que ce n’était pas dans les attributions des militaires. D’après des sources qui ont gardé l’anonymat, les discussions entre le commissaire et le commandant qui avait dirigé l’opération ont duré deux heures : « Après avoir dressé le procès-verbal, les militaires ont remis le ravisseur au commissaire. Même le 2ème kidnappeur qui leur avait échappé a été arrêté trois jours après. Ils ont tous été écroués à la prison de Bubanza. » <doc2968|left>Nouveau montage ? Pour fausser les enquêtes, témoignent des sources proches d’Etienne Birahinduka, le commissaire a fait un montage. D’après elles, il se rend au cachot de la commune Mpanda. Il oblige un certain Jean Marie Habonimana alias Kimodoka, détenu là-bas même, à accuser Birahinduka de trafic d’armes. Selon des sources dans cette commune, Kimodoka gardait les vaches de Birahinduka, il y a cinq ans. Après avoir été roué de coups par Rémégie Nzeyimana, poursuivent nos sources, Kimodoka a fini par accepter de charger Birahinduka. Le 21 janvier, le parquet de Bubanza arrête et emprisonne Birahinduka. Mais quatre jours après, Jean Marie Habonimana rédige une correspondance dans laquelle il dénonce un montage du commissaire Rémégie Nzeyimana. D’après cette lettre dont Iwacu a pu se procurer une copie, le commissaire avait promis de l’argent et du travail à Kimodoka s’il acceptait d’accuser Birahinduka. Cependant, le 26 janvier, la chambre de conseil du Tribunal de Grande Instance de Bubanza confirme sa détention. Actuellement, il est gardé par la police à l’hôpital de Bubanza car il est malade. Selon des sources à Gihanga, le commissaire Rémégie Nzeyimana s’acharne contre Birahinduka parce qu’il est militant des FNL d’Agathon Rwasa : « Il a beaucoup contribué lors de la campagne de 2010. » Sa famille réclame sa libération car elle estime qu’aucune infraction n’a été retenue contre lui. « Le commissaire n’est pas impliqué » Le lieutenant colonel Richard Banyankibona, commandant de la 110ème brigade qui a libéré Etienne Birahinduka, réfute les accusations portées contre Rémégie Nzeyimana. Pour lui, l’armée est intervenue dans la Rukoko car c’est elle qui contrôle cette localité. En outre, précise-t-il, « le commissaire nous a appuyés le jour de l’opération en assurant surtout la sécurité sur la route Bujumbura-Cibitoke. » Sans révéler le contenu de l’interrogatoire, le lieutenant colonel Banyankibona affirme qu’aucun ravisseur n’a accusé le commissaire Rémégie Nzeyimana. Interrogé par Iwacu, le commissaire provincial de la police à Bubanza nie tous les faits qui lui sont reprochés. L’APRODH au courant Pierre Claver Mbonimpa indique que son association suit de près le cas de Birahinduka. Pour lui, l’APRODH attend que Birahinduka introduise un recours à la Cour d’Appel pour lui apporter une assistance judiciaire. Il demande à la justice de ne pas ignorer le cas d’enlèvement de Birahinduka puisque le commissaire est déjà cité dans cette affaire. Marc Manirakiza, procureur de la République à Bubanza, raconte qu’Etienne Birahinduka est accusé d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. Toutefois, il se garde de tout autre commentaire car le dossier est en cours d’instruction.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 3 620 users online