Avec quelques collègues, la journaliste Clarisse Shaka est restée toute la journée à Bubanza pour Christine, Agnès, Térence, Egide et Adolphe le chauffeur. Récit d’une journée qui finit dans les larmes.
Samedi 26 octobre, 5ème jour de détention de nos quatre collègues et leur chauffeur. Nous arrivons autour de 13 heures au Commissariat communal de Bubanza. Nous parlons peu. Chacun est perdu dans ses pensées.
Nous apercevons trois petites cellules sur lesquelles on peut lire « Femmes », « Hommes », et « Mineurs ». Nous avons mal en pensant que c’est à l’intérieur que croupissent les journalistes.D’après quelques policiers sur place, il faut l’autorisation du procureur pour voir nos collègues.
Finalement, le procureur débarque. Il est accompagné par l’avocat du journal. Il donne l’ordre de faire sortir nos collègues avec tous leurs bagages.
Les revoir après cinq jours, remplit nos coeurs de joie. Certains d’entre nous ont les larmes aux yeux. Nous croyons, nous espérons qu’ils vont rentrer avec nous. Chacun d’entre nous se dit qu’il aurait pu se retrouver à leur place… Mardi dernier, ils sont allés en reportage, normalement, pour savoir ce qui se passait à Bubanza, des attaques avaient été signalées. Bref, un travail de journaliste.
Le procureur annonce qu’ils vont être entendus au parquet situé juste en face. Le temps d’échanger quelques salutations chaleureuses avec nos amis et ils sont vite conduits au palais de justice de Bubanza, escortés par plusieurs policiers .
Croiser les doigts…
13h30. Dans un couloir serré du parquet, l’air abattu, fatigués et désespérés, les journalistes attendent d’être reçus par le juge d’instruction Jean Marie Vianney Ntamikevyo. Ils restent assis sur un long banc, sans parler.
Finalement, ils sont reçus, un à un, en présence de leur avocat. Chacun y reste 30 minutes. C’est vers 15h30 que le dernier prévenu, le chauffeur, est entendu.
16h30, c’est l’heure du verdict. Nos cœurs battent la chamade. Le procureur de Bubanza se pointe à la porte d’entrée du parquet pour annoncer la décision. Il tient dans ses mains cinq petits papiers sur lesquels figure l’accusation de chacun des journalistes : « Complicité à l’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat. »
Ils seront transférés en prison de Bubanza « pendant que les enquêtes continuent », tranche le procureur.
Tout est dit. Certains d’entre nous pleurent.