Lundi 23 décembre 2024

Politique

BRB : Une soumission avec des implications

BRB : Une soumission avec des implications
Evariste Ndayishimiye: Le gouvernement met en oeuvre la politique de la nation telle que définie par le président de la République.

La Banque de la République du Burundi (BRB) fête 60 ans. Au fur du temps, la Banque centrale est devenue une administration spécialisée de la présidence de la République. Quid de son indépendance ? Pour certains économistes, l’indépendance de la Banque centrale pourrait booster l’économie burundaise. Pour d’autres, le président de la République est mieux indiqué pour gérer le trésor public.

« La BRB est parmi les banques qui ont subi des turbulences jusqu’à maintenant. Ses plaies ne se sont pas encore cicatrisées », a souligné le président de la République, Evariste Ndayishimiye, lors de la célébration du 60ème anniversaire de la BRB. Il a rappelé que le Burundi a connu 5 coups d’Etat : 1966,1976,1987,1993 et 2015. « A chaque fois qu’il y a un coup d’État, on se rue vers l’argent de l’Etat. Ils pillent tout. En 2015, le Burundi est tombé sous sanctions. Le but était d’empêcher les investisseurs d’amener leurs capitaux au Burundi. Il n’y avait plus de capitaux. La circulation de la monnaie était compromise. Voilà le grand problème de la BRB. Le fait qu’elle est toujours debout, relève d’un exploit. »

Selon le président de la République, la gestion de l’argent nous demande d’être de bons gestionnaires. « J’abhorre ceux qui détournent les deniers publics. C’est la source de tous les maux. Dire à longueur de journée de la perte de la valeur du BIF relève de la pure propagande pour que les Burundais paniquent et sabotent leur économie. »

La BRB aux mains de Neva

Selon lui, il a eu un différend avec les cadres du ministère en charge des Finances. « Dernièrement, j’ai eu un différend avec les gens du ministère des Finances. La cause a été que la BRB n’est plus sous la tutelle du ministère. Avant, cette dernière décidait de la sortie d’une somme d’argent et c’était fait directement. Vous avez vu de l’argent qui est sorti sans aucun programme. Vous avez vu comment on a débloqué tous les fonds du barrage de Mpanda sans aucun résultat. Le ministère a décidé et la BRB a acquiescé. Ils ne m’ont pas vu d’un bon œil lorsque j’ai décidé que je dois contrôler chaque sortie d’argent. »

Et d’ajouter : « Ils ont alors clamé que c’est de l’ingérence parce que j’ai colmaté la source de leur gagne-pain. Est-ce qu’il y a une limite pour le chef de l’Etat ? Dans la constitution, j’ai lu que : « Assurer le fonctionnement régulier des institutions. Cette phrase se suffit. »

Pour Evariste Ndayishimiye, il y a la séparation des pouvoirs. « Certains n’ont pas encore compris. C’est le chef de l’Etat qui promulgue la loi. Ils sont des hommes, qu’ils promulguent leurs propres lois. Si je décide une seconde lecture, l’obligation est que cette loi retourne à l’Assemblée nationale. Vous ne trouvez pas que le président de la République est le chef du Parlement ? Le président n’est pas un magistrat suprême ? »

Selon le président Ndayishimiye, c’est clair comme l’eau de la roche : « Le gouvernement met en œuvre la politique de la nation telle que définie par le président de la République. C’est moi qui définis les politiques. C’est moi qui contrôle, assure le suivi et l’évaluation. J’ai même le droit de contrôler les microfinances. »

Le président de République trouve que l’une des obligations régaliennes de l’Etat, il y a l’obligation de battre la monnaie. « Est-ce que c’est le ministère des Finances qui bat la monnaie ou c’est le chef de l’Etat ? Et vous dites que je ne dois pas contrôler la BRB, je le fais avec assiduité. »

Un bâton et un gourdin

Il a mis en couse les banques commerciales. « Vous, les banques ! Vous rechignez à transmettre à la BRB de vrais rapports. Vous savez comment vous méprisez la BRB. J’ai dit à la BRB que la faute lui incombe. Normalement, un berger a deux choses. Un bâton et un gourdin. Le bâton pour diriger les brebis et le gourdin pour mater les récalcitrants. Est-ce que c’est la BRB qui dirige ou les banques commerciales ? Les banques commerciales ont profité des 10 ans que la BRB a passé sans contrôle ! La BRB a l’obligation de contrôler et de sévir sur les banques sans négociation ! »

Pour rappel, l’article 59 du Décret 100/236 du 21 octobre 2021 portant révision du décret 100/063 du 22 septembre 2020 portant réorganisation des services de la présidence de la République fait de la Banque de la République du Burundi (BRB) une administration spécialisée de la Présidence.


Réactions

Faustin Ndikumana : « Quand une banque centrale perd toute son indépendance, cela devient compliqué. »

« Les missions de la BRB doivent être sous une indépendance totale, parce que le degré d’indépendance d’une banque centrale, c’est l’indicateur par excellence de la gestion rigoureuse d’une économie. En produisant ces données, le gouvernement peut prendre des mesures pour rectifier le tir ou quand il constate qu’il y a tendance à ce que la situation économique s’empire », indique le directeur national de Parcem. « Quand une banque centrale perd toute son indépendance, ou qu’elle fonctionne sous des orientations politiques, cela devient compliqué. »

Et d’ajouter : « Si la Banque centrale relève de la présidence de la République, l’institution n’est plus contrôlée.S’il y a d’abus, il est difficile d’aller contrôler la présidence de la République. Il y a beaucoup d’influences politiques et aucune institution ne pourra se permettre de venir faire un contrôle à la présidence ou à une institution qui relève directement de la présidence. »

Le directeur national de Parcem propose de remettre la BRB sous tutelle du ministère des Finances et la présidence de la République joue son rôle de contrôle.« Dans son indépendance, la BRB émet une réglementation inviolable au niveau des importations, au niveau de la gestion des devises. Cette réglementation devrait être suivie par les plus hautes autorités afin que la gestion soit saine. »

Si elle continue à être politisée, les résultats seront toujours catastrophiques. « Avec notre justice et autres institutions de contrôle, il leur sera difficile de faire des investigations sur la gestion de la Banque centrale qui relève de la présence de la République. »

Faustin Ndikumana trouve qu’il faut programmer un audit indépendant de la gestion de la Banque centrale pour épingler tous les cas de mauvaise gestion qui ont émaillé le système de gestion de la banque centrale depuis une certaine période.

André Nikwigize : « Le chef de l’Etat n’intervient nullement dans la gestion de la Banque. »


« Dans tous les cas, même si elle n’était pas à la Présidence, la Banque Centrale n’a jamais été autonome. Elle doit appliquer la politique monétaire nationale. Nous avons plutôt un problème de gouvernance, en particulier, l’interférence des hauts dirigeants de l’Etat et du parti au pouvoir, une gestion clientéliste des devises étrangères, la conduite des programmes de réformes », fait savoir l’économiste André Nikwigize.

Selon lui, la Banque est dirigée par un Conseil général. « Le chef de l’Etat n’intervient nullement dans la gestion de la Banque. En principe, le Conseil général a un pouvoir. Mais, comme tous ces organes, celui de la BRB est influencée par les politiciens. »


Interview avec Jean Ndenzako : « L’indépendance de la BRB a toujours été un enjeu crucial. »

Selon l’économiste Jean Ndenzako, la Banque de la République du Burundi (BRB) a été un pilier essentiel de la stabilité économique et financière du pays. Au cours de ses 60 années d’existence, poursuit l’expert, la BRB a connu des transformations institutionnelles significatives, tout en jouant un rôle clé dans la politique économique du Burundi.

Parlons des débuts de la BRB ?

La création de la BRB en 1964 faisait suite à l’indépendance du Burundi et visait à doter le pays d’une institution capable de gérer la politique monétaire et de promouvoir le développement économique. À ses débuts, la BRB était principalement chargée de maintenir la stabilité monétaire, de gérer les réserves de changes et de superviser le système bancaire national. Au fil des décennies, la BRB a été confrontée à de nombreux défis économiques et politiques, nécessitant des réformes continues pour moderniser ses opérations et renforcer son efficacité.

Quid de son indépendance ?

L’indépendance de la BRB a toujours été un enjeu crucial pour son fonctionnement efficace. Théoriquement, l’indépendance des banques centrales est fondamentale pour assurer une politique monétaire crédible et stable. Une banque centrale indépendante est moins susceptible de subir des pressions politiques qui pourraient conduire à des décisions économiques défavorables, comme l’augmentation excessive de la masse monétaire pour financer des déficits budgétaires.

La littérature économique, notamment les travaux de Kydland et Prescott (1977) sur les règles plutôt que sur les politiques discrétionnaires, souligne l’importance de l’indépendance des banques centrales pour éviter les biais inflationnistes à long terme. Malheureusement, au Burundi, l’indépendance de la BRB a été compromise à plusieurs reprises par des interventions politiques.

En conséquence, le Burundi a connu des défis économiques importants, y compris une inflation élevée et une confiance réduite des investisseurs. La littérature économique suggère que le rétablissement de l’indépendance de la BRB pourrait aider à stabiliser l’économie burundaise en permettant à la banque centrale de se concentrer sur des objectifs macroéconomiques à long terme sans ingérence politique.

Aujourd’hui, la BRB est une administration spécialisée de la présidence de la République ?

Le rattachement actuel de la BRB à la présidence de la République illustre ce problème. Une telle configuration peut entraîner des pressions politiques sur la banque centrale pour adopter des politiques monétaires qui favorisent des objectifs à court terme, comme le financement de dépenses publiques, au détriment de la stabilité économique à long terme. Les études empiriques montrent que lorsque les banques centrales sont soumises à des influences politiques, elles ont tendance à mener des politiques moins efficaces. Ce qui se traduit souvent par une inflation élevée, une instabilité financière et une perte de confiance des investisseurs.

Une BRB indépendante, est-elle nécessaire ?

Au-delà de son indépendance, la contribution de la BRB à la politique économique du Burundi est indéniable. En tant que gardienne de la politique monétaire, la BRB a la responsabilité de contrôler l’inflation, de gérer les taux d’intérêt et de stabiliser le système financier. En période de crise économique, la BRB joue un rôle de premier plan en mettant en œuvre des mesures pour soutenir la croissance économique et protéger le système bancaire. Par exemple, durant les périodes de turbulences économiques mondiales, la BRB a ajusté ses taux directeurs pour stimuler l’économie et injecter de la liquidité dans le système bancaire.

Cependant, les défis économiques actuels du Burundi, tels que l’hyperinflation et la pauvreté, soulignent la nécessité d’une BRB véritablement indépendante et efficace. La théorie économique suggère que pour maximiser son efficacité, la BRB doit être libre de toute influence politique et disposer des outils nécessaires pour mener une politique monétaire rigoureuse. Cela inclut la capacité de définir des objectifs clairs de stabilité des prix, de superviser strictement le secteur bancaire et de communiquer de manière transparente avec le public et les acteurs économiques.


Rencontre avec Diomède Ninteretse : « On ne peut pas accuser les banques commerciales sans pointer du doigt la Banque centrale. »

Fonctionnement d’une banque centrale, missions, conséquences de son attachement à la présidence de la République, …. Dr Diomède Ninteretse, économiste et spécialiste en leadership et management des organisations, décortique.


Comment devrait travailler la Banque centrale ?

D’abord, la Banque centrale est une banque des banques. Son rôle principal est de réguler et de superviser le système financier. C’est-à-dire garantir tout au moins la stabilité économique et monétaire. Elle a des missions bien connues.

Lesquelles ?

C’est notamment l’émission et la gestion de la monnaie. La Banque centrale du Burundi, BRB, a la mission d’émettre la monnaie fiduciaire, les pièces et les billets que nous utilisons. Quand la masse monétaire n’est pas bien utilisée, des problèmes dont l’inflation naît.

Actuellement, nous constatons quand même que la banque centrale a failli à sa mission de contrôler la masse monétaire. Parce qu’aujourd’hui, l’inflation est là et perdure. Une situation qui est anormale.

Pourquoi ?

Par exemple, dans des pays européens, le taux d’inflation est toujours entre 1 et 3%. Aujourd’hui, même si on analyse les prévisions de la Banque centrale, bien que ce ne soit même pas vrai, l’inflation est projetée à 24%. Ce n’est pas acceptable, ce n’est pas justifiable. C’est vraiment une anomalie qu’il ne faut jamais envisager.

Quelles sont ces autres missions ?

La deuxième mission, c’est d’assurer la politique monétaire. Quand on parle de politique monétaire, il faut absolument être en mesure de voir comment la Banque de la République du Burundi définit le taux directeur aujourd’hui. Celui envisagé par cette banque est estimé à 12% au moment où les Banques commerciales prêtent des fonds à concurrence de plus de 18%, 21%. Donc, vous voyez déjà l’écart. Ce qui montre qu’au niveau de la politique monétaire, ça ne marche pas déjà. Les banques commerciales spéculent.

Quelles sont les conséquences ?

D’une manière générale, les gens ne vont plus demander des crédits dans les Banques commerciales parce que le taux d’intérêt est très élevé.

Quand il y a un taux d’intérêt élevé dans les banques commerciales, cela veut dire que les privés et les entreprises ne sont pas motivés pour demander des crédits. Et quand il n’y a pas de demande de crédits, cela signifie qu’il n’y a pas consommation et partant de production.

Or, maintenant, le Burundi se trouve dans les pays les moins avancés parce qu’il y a un problème de production. La croissance économique est estimée à 2%. Donc, la Banque centrale n’a pas été en mesure d’abord de sensibiliser les banques commerciales pour que les prêts soient disponibles pour les particuliers afin que ces derniers puissent aller investir dans les secteurs porteurs de croissance.

En outre, la Banque centrale a la mission de réguler et de superviser le système financier. Malheureusement, on voit que les banques commerciales et autres institutions financières ne sont plus contrôlées. J’ai entendu le président de la République se lamenter que les banques commerciales ont fait des mauvaises gestions financières. J’ai été surpris d’entendre que la BRB était excusée à ce niveau.

Pourquoi avez-vous été surpris ?

C’est la BRB qui devait réguler. On ne peut pas accuser les banques commerciales sans pointer du doigt la Banque centrale. C’est elle qui est la garante des politiques monétaires. Autrement dit, elle est l’actrice principale par rapport à la régulation et à la supervision du système financier. Je comprends qu’il y a une complicité notoire entre les banques commerciales et la Banque centrale.

La quatrième mission de la Banque centrale, c’est la gestion des réserves de change. Aujourd’hui, si on analyse le taux de change officiel, on dit qu’1 dollar est à 3 000 BIF alors que sur le marché réel, ce que les autres appellent marché noir, il est à plus de 7 000 BIF.
Et cela vient de durer un bon moment. J’ai bien apprécié comment le président de la République aborde le dossier.

C’est-à-dire ?

Il reconnaît qu’il y a des irrégularités et qu’il faut prendre des mesures qui s’imposent. La BRB ne peut pas aussi être excusée parce qu’elle n’a pas été en mesure de maintenir une politique de change stable au niveau intérieur surtout au niveau des devises. C’est vraiment un échec.

La Banque centrale a en outre la mission de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. Là, on dit qu’il y a des mouvements d’argent transféré à l’étranger alors qu’il devait contribuer au développement du pays. Et la BRB n’a pas été en mesure de stopper ce mouvement-là. Il y a des gens qui achètent des maisons à l’étranger, qui font des blanchiments, etc.

La BRB a également la mission de produire des statistiques économiques. Là, aussi, il y a des lacunes. On voit par exemple que le ministère en charge de la planification fait des prévisions sans tenir compte de l’état des lieux réel.

Qu’est-ce qui le prouve ?

Moi, par exemple, je ne comprends pas comment on peut planifier dans le budget un déficit de 30% du budget annuel. Là, quand vous le faites sur chaque année, vous vous imaginez que sur cinq ans, vous avez un déficit de 150%.

Ce qui signifie que vous êtes obligés de vous endetter auprès des banques commerciales. Et là, en tant qu’Etat, vous empêchez directement les privés d’aller demander des crédits dans les banques. C’est ce qu’on appelle l’effet d’éviction.

C’est-à-dire ?

C’est quand l’Etat fait un recours aux emprunts à la place des privés. Autrement dit, ce qui est mauvais ce n’est même pas le fait de recourir aux crédits, ou aux approvisionnements des déficits. Ce qui est mauvais, c’est ce que ce déficit est toujours dans le sens des dépenses. Un crédit qui n’est pas envisagé dans le sens de production va créer l’inflation. C’est dans ce contexte-là qu’on est dans un cercle vicieux de l’inflation généralisée.

Bref, le rôle crucial de la BRB, c’est le maintien de la stabilité monétaire. On n’est pas là. Voilà, les gens commencent à prendre l’argent et le convertir en devises. On est dans la dollarisation à long terme. Si on continue à ne pas avoir confiance en la monnaie locale, les Burundais vont conserver leur argent dans les devises. La BRB n’a pas été en mesure de soutenir la croissance économique.

Est-ce que le fait que la BRB est devenue une administration spécialisée attachée à la présidence de la République n’affecte pas négativement son travail ?

C’est rare qu’une banque centrale soit gérée directement par une institution politique. On dit souvent que la Banque centrale est gérée à la présidence de la République. Des fois, je me dis que ce n’est pas vrai. Je ne vois pas l’intérêt de l’attacher à la présidence de la République.

Pourquoi ?

Parce que c’est une institution certes publique mais indépendante. S’il advenait réellement qu’elle soit gérée au niveau de la présidence, c’est vraiment une faute économique. Il peut y avoir une collaboration entre la Banque centrale et la présidence de la République, mais elle doit rester indépendante.

Quid des conséquences de cette situation ?

Il y a d’abord la perte d’indépendance et surtout la politisation monétaire. Pour éviter que la politique monétaire soit politisée, elle doit suivre le cours normal. Elle doit analyser objectivement les faits et tenir compte de l’offre et de la demande. Elle doit absolument chercher l’équilibre. En dehors de l’équilibre, vous créez automatiquement le déséquilibre.

L’autre conséquence est le risque d’inflation et l’hyperinflation même. D’ailleurs, c’est ce que nous observons maintenant. Parce qu’il y a des produits ou des services qui connaissent des hausses des prix de 60% sauf que la moyenne est projetée à 30%. Même la BRB reconnaît que c’est plus de 24%. Ce qui est anormal. Le taux d’inflation doit être de moins de 10% normalement.

Nous sommes en train de nous habituer à l’inflation. Lors de la planification budgétaire annuelle, l’Etat doit être en mesure d’expliquer la projection de l’inflation et de stabiliser les prix pendant toute la période. Parce que les revenus des gens n’augmentent pas du jour au jour. Quand la Banque centrale s’accommode à la volonté du ministère, c’est une erreur stratégique, économique. La BRB doit sortir une note, une projection réelle de l’inflation qui doit être estimée à moins de 15%, à défaut 20%, compte tenu du cumul des problèmes que nous avons connus. Pour le moment, c’est difficile d’arriver à un taux raisonnable. On est dans un taux irraisonnable.

Et la confiance ?

Cela entraîne également l’instabilité économique et la perte de confiance et de crédibilité. Parce que dès que la Banque centrale est attachée à la présidence de la République, certaines institutions commencent à penser que cette institution n’est pas indépendante et que ses données ne sont pas fiables. Elles ne vont pas vous le dire clairement. Elles vont juste s’amuser de dire que ça marche alors que c’est faux.

D’ailleurs, c’est pour cette raison que le président de la République se lamente en disant qu’il y a des gens qui reçoivent facilement des devises et d’autres qui n’en ont pas. Donc, la BRB a été politisée.

L’autre conséquence d’ailleurs très visible sur le terrain actuellement, c’est la dégradation de la gestion des réserves de changes. Parce qu’effectivement, ce sont les politiciens qui vont demander des crédits, qui vont faire du commerce, etc. Or, la Banque centrale a la mission du bien-être des citoyens. Elle est au service du pays certes, c’est une institution pérenne.

L’autre impact négatif, la Banque centrale va financer d’une manière abusive le déficit public. C’est d’ailleurs ce qui se passe actuellement.

Comment ?

La présidence de la République va élaborer des besoins et va toujours demander à la Banque centrale de les financer sans tenir compte de la réalité. Le constat est là : on est beaucoup plus dans la consommation que dans la production.
Cet attachement à la présidence entraîne aussi la dévaluation incontrôlée de la monnaie locale. Maintenant, c’est vrai, on n’est pas là encore, on est dans la dépréciation quotidienne.

Quelle différence entre dévaluation et dépréciation ?

La dévaluation est une mesure politique alors que la dépréciation, c’est la monnaie qui se déprécie elle-même. Parce qu’il n’y a pas d’équilibre entre l’offre et la demande. Quand l’offre est inférieure à la demande, la monnaie va se déprécier.

L’autre conséquence est l’impact sur les investissements. Les investisseurs ne vont pas affluer parce qu’ils considèrent que le système monétaire est politisé. Un investisseur étranger a besoin d’une stabilité monétaire, de la maîtrise de l’inflation.

Quand il y a l’inflation, les investisseurs ne vont pas venir. Car, dans cette situation, il n’y a pas de consommation. Or, un investisseur vient dans un pays quand il a espoir que les gens vont consommer son produit ou son service.
L’autre conséquence qui n’est pas tellement visible, c’est l’inefficacité des politiques économiques parce que souvent, c’est tendancieux. Ça ne reflète pas la réalité. Il y a aussi le risque de corruption, de mauvaise gestion et de manque de transparence.

Donc, vous êtes d’accord avec le président de la République quand il dit que la BRB doit avoir une autorité sur les banques commerciales ?

Effectivement. Je suis d’accord. Elle doit avoir cette autorité, contrôler et réguler la masse monétaire.

BRB

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