Vendredi 22 novembre 2024

Économie

BRB : «Ecocash, Lumicash et Smart Pesa n’ont pas d’agrément»

Les services financiers numériques des sociétés de télécommunication ne sont pas reconnus par la BRB. L’Abuco se dit préoccupée de la sécurité des fonds des déposants.

Noël Nkurunziza : «Soyez prudents et vigilants, il en va de la sécurité de vos transactions.»

«Ni Ecocash, ni Lumicash encore moins Smart Pesa, ne s’est conformée aux conditions requises par la loi bancaire révisée», révèle Prosper Ngendanganya, directeur de la supervision, de la stabilité financière et de l’inclusion à la Banque de la République du Burundi. C’était ce lundi 6 novembre dans un atelier de sensibilisation de médias sur la nouvelle loi bancaire du 22 août de cette année.

La protection des consommateurs des services financiers numériques d’Ecocash, Lumicash et Smart Pesa constitue l’une des innovations de cette mouture promulguée. «Les établissements de paiements doivent obtenir l’agrément de la Banque Centrale avant d’exercer leurs activités.»

Pour ramener à l’ordre Ecocash, Lumicash et Smart Pesa, la BRB leur a accordé un délai de trois mois pour s’y conformer. D’après le règlement du 17 juillet 2017 relatif aux services financiers, cet ultimatum a pris fin au mois d’octobre dernier.

Pour avoir l’agrément, une nouvelle société doit justifier d’un capital minimum d’un milliard de Fbu au moment de la demande et ce montant doit être déposé sur le compte bancaire de ladite société. Selon M. Ngendanganya, ce compte spécial de provision permet à tout moment d’indemniser la clientèle en cas d’indisponibilité de leurs dépôts et secourir les établissements en difficultés.

Par ailleurs, la nouvelle société créée doit s’acquitter des frais d’analyse du dossier d’un million de francs burundais et des frais d’un certificat d’approbation d’un montant de 5 millions de Fbu.

Dans les lignes de cette disposition, les sociétés de téléphonie mobile auraient séparé les services de télécommunication et les services financiers. «Il y aurait la création de nouvelles sociétés de gestion autonome qui vont exploiter les services financiers appelées Ecocash, Lumicash et Smart Pesa», précise le directeur de la supervision, de la stabilité financière et de l’inclusion à la BRB.

Les consommateurs risquent de perdre leur argent

Pour informer les consommateurs des services financiers, la banque doit publier sur son site web les sociétés de téléphones mobiles agréées pour effectuer les services financiers. Après vérification, ni Ecocash, ni Lumicash, ni smart Pesa n’est sur le site web de la BRB.

Noël Nkurunziza, président de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco) déplore la non application de la loi protégeant les utilisateurs de téléphonie mobile pour envoyer et recevoir la monnaie électronique. « Les consommateurs des services financiers via le téléphone mobile courent le risque de ne pas avoir une référence pour recouvrer ou réclamer leur argent », s’inquiète-t-il.

Ce représentant des consommateurs appelle la BRB à appliquer la loi dans toute sa rigueur. «Seules les sociétés qui remplissent les conditions exigées par la BRB ont le droit d’offrir les services de transfert de l’argent.» Sinon, poursuit-il, les consommateurs ont le droit de s’inquiéter face à cette situation parce que leur argent peut se volatiliser.

Il exhorte également les utilisateurs d’Ecocash, Lumicash et Smart Pesa à se comporter en consommateurs avertis. «Soyez prudents et vigilants, vérifiez que votre société partenaire de transfert d’argent se conforme à la loi pour éviter tout désagrément.»

Contactées, Econet-Leo, Lumitel et Smart n’ont pas voulu s’exprimer sur ces nouvelles exigences de la BRB.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. matayo

    La question là est compliquée. Pourquoi même les Agences de voyage comme « Volcano » par exemple effectue des transferts d’argent? Est-ce qu’elle a l’Agrément de la BRB?

  2. Michel

    Je crois que la BRB a la prérogative de contrôler tous les mouvements financiers dans le pays; mais c’est étonnant que l’on dise que ces 3 sociétés ont refusé de se conformer à la loi. Est-ce par mépris de la loi ou c’est parce que la BRB impose des choses qui frenent les affaires? Chez nous on a malheureusement le sentiment de trop se protéger en bloquant les autres. Ce que nous devons savoir c’est que ces outils de transfert d’argent permettent une inclusion financière et une rapidité jamais égalées. Le M-Pesa kenyan a révolutionné le transfert d’argent dans toute la région. Honnetement je me demande l’opportunité d’exiger de créer une société parallèle avec tout ce que ca entraine comme frais et administration. M-Pesa n’est n’est produit de Safaricom. Je crois que demander absolument de créer une autre société est une entorse à la volonté du gouvernement de promouvoir le  »Doing business ». Chers amis de la BRB, il faut voir si au lieu de faciliter les affaires vous ne faites que les bloquer; vous méritez un audit parlementaire car chez nous on accepte pas les internationaux!

  3. Rurihose

    La question qui mérite d’être posée à la BRB
    Si c’est la BRB qui autorise toute institution financière à exercer, qui a autorisé Ecocash et Lumicash?

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