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Bras de fer entre la société Ruzizi et la CNTB

05/05/2013 Commentaires fermés sur Bras de fer entre la société Ruzizi et la CNTB

La Société Ruzizi accuse la CNTB (Commission Nationale Terres et Autres Biens) de vouloir le spolier d’une partie de sa propriété pour l’offrir à certaines familles qui la réclament à tort. Mgr Sérapion Bambonanire, président de cette commission dément.

<doc5353|left>Serges Muheto, directeur général de la société Ruzizi n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Le président de la CNTB veut morceler une partie de nos terres pour la distribuer à des populations sur base d’allégations mensongères. »
Pour Mgr Sérapion Bambonanire, rien n’est encore décidé : « C’est moi-même qui traite ce dossier et je vous communiquerai la décision de la CNTB au moment opportun. »

L’affaire remonte au début de 2007 lorsque 89 familles portent plainte auprès de la CNTB, demandant que 318 hectares, 50 ares et 75 centiares ayant appartenu à leurs parents avant 1972 leur soient restitués : « Nos parents ont reçu ces terres d’un dignitaire du nom de Rwakayeko en 1930 et les ont exploitées jusqu’en 1972 avant de fuir en exil », écrivent-ils à la CNTB.

Une commission, deux décisions

Elles expliquent qu’avec cette crise, un Blanc du nom de Léopold Siyo a tout détruit avec des machines avant que la société Ruzizi a ne s’approprie leurs terres et ne les transforme en champ de caféiers.
En 2008, la commission organise une descente accompagnée des agents du service du cadastre national pour le mesurage de la propriété. Serges Muheto démontre à la commission, sur base de pièces justificatives comment la société Ruzizi a eu les 718 hectares, 50 ares et 72 centiares : « Je leur ai montré comment nous avons acquis cette propriété depuis les années 1929 et 1947 et qu’à cette époque ces gens ne vivaient pas sur les lieux.»

Le 26 juin 2009, le Père Aster Kana, alors président de la CNTB, tranche en faveur de la société Ruzizi. Trois ans plus tard, les populations relancent l’affaire auprès de Mgr Sérapion Bambonanire, le nouveau président de la CNTB. Celui-ci rouvre le dossier et somme la société Ruzizi de présenter des documents prouvant qu’elle est propriétaire des 718 hectares. « Nous avons présenté tous les documents de la demande de la propriété aux titres de propriétés, mais rien n’y a fait », s’étonne Serges Muheto.

Le 11 septembre 2012, une délégation provinciale de la CNTB de Bujumbura rural réunit ces populations et leur annonce qu’elles seront bientôt installées dans les propriétés de la Ruzizi. Depuis, Serges Muheto vit la peur au ventre de se voir spolier une partie de sa propriété.
Il conclut que, si ce plan réussit, sa société verra un projet d’une valeur de 4,15 milliars de Fbu qui emploie plus de 350 personnes, avec un salaire de 45 millions de Fbu, partir en fumée.

<doc5354|left>Un dossier au parfum de montage

Pour lui, si cette menace est mise à exécution, l’investissement de la Ruzizi serait sérieusement hypothéqué sans oublier qu’il s’agit d’un investissement à haute intensité de main d’œuvre très utile pour la population et l’Etat, en termes de croissance et d’impôts.
Iwacu a contacté un certain Balthazar, l’un de ceux qui réclament ces terres, mais en vain. Par contre, sur place, nous avons recueilli un témoignage faisant état d’un montage grossier contre la société de Ruzizi.

Jean-Félicien Uwimana, un démobilisé du Cndd-Fdd, confie qu’il a été contacté, en 2007, par Joseph Ndabasesemye et Albert Mpfubusa : « Ils m’ont expliqué que je devais verser 50.000 Fbu afin de constituer un dossier pour réclamer ces terres à la société Ruzizi. Ils m’ont dit que 430 familles ont toutes accepté de verser cette somme. »

Après vérification, ajoute-il, il s’est rendu compte de leur mensonge et demander ses 50.000 Fbu. « Ils ne m’ont pas encore remboursé mais depuis, plus de 57 personnes ont demandé, à leur tour, leur argent et ont porté plainte auprès du tribunal de résidence de Bujumbura », signale-t-il.
Quoi qu’il en soit, la société Ruzizi reste optimiste et a décidé de porter plainte contre la CNTB à la Cour Administrative de Bujumbura. Serges Muheto se dit confiant : « Le gouvernement du Burundi connaît la réalité, car il possédait des parts dans cette société qu’il a quittée en 1996. »

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