Le 16 octobre, l’entreprise Brarudi a décidé de hausser les prix de ses produits. Le lendemain vers midi, la société de cimenterie Buceco lui a emboîté le pas, en haussant de 4000BIF, les prix de ses deux types de ciment. Le 1er ministre a essayé de limiter la « casse » pour la mesure prise par la Brarudi. Mais ces mesures prises dans un contexte de paupérisation croissante, sont décriées par la population.
Par Hervé Mugisha, Fabrice Manirakiza et Egide Harerimana
Finis les disputes, les cris nocturnes des buveurs invétérés des quartiers périphériques de Bujumbura. Et si l’on en croit les propos d’un officier de la Police nationale en charge de la sécurité en mairie de la ville rencontré dans un bar de Kinanira II (sud de Bujumbura), dans toutes les localités de la capitale économique, jusque mercredi 19 octobre, aucun incident majeur n’est jusqu’ici signalé. Pourtant, d’habitude, les disputes suite à une bouteille de trop étaient monnaie courante. Conséquence de directe de la mesure ? L’on ne saurait dire… Ce qui est sûr, de tous les quartiers où l’onde de choc due à cette mesure s’est fait le plus sentir, Bwiza la belle est la 1ère.
La cité, réputée bruyante pour ses « lundis méchants endiablés », d’après John, habitant près du bar Biso Na Biso (situé à la 5ème avenue), la musique était à peine audible après la mesure. « Seuls les quelques clients à l’intérieur pouvaient l’entendre, alors que les autres jours, c’est toujours bruyant ».
En vigueur depuis lundi le 17 octobre, cette hausse des prix des produits de la Brarudi (Brasseries et Limonaderies du Burundi) concerne les boissons gazeuses, Viva malt pomme, Viva Tangawizi, Nyongera, Primus et Amstel.
Avec les nouveaux prix, la bouteille d’Amstel blonde 65 cl est passée de 1900 BIF à 2500 BIF, celle de l’Amstel blonde 50 cl est passée de 1500 BIF à 2100. La Primus 72 cl coûte 1700 BIF alors qu’elle était à 1500 BIF. Soit une majoration de 36% au prix des boissons ayant augmenté de 600BIF.
La Brarudi explique que cette hausse « fait suite à l’augmentation des coûts des matières premières et de l’énergie qui, jusqu’à présent, a entraîné une augmentation substantielle du coût de production des boissons ».
Pour comprendre l’ampleur de cette décision, il a fallu se rendre au quartier Musaga (sud de Bujumbura). Alors que d’habitude vers 18 h, les gens convergent par groupes dans les bars parsemés le long du boulevard Ntare Rushatsi dans la soirée du mardi 18 octobre, les seuls clients qui se remarquent, prenaient « Hozagara » : une liqueur servie dans une bouteille en plastiques qui titre plus de 16% d’alcool. De quoi craindre le pire pour la santé.
Le tollé autour des bars VIP
Dans la foulée de la hausse des prix des produits Brarudi, au cours d’une réunion, avec les administratifs, Gervais Ndirakobuca, le 1er ministre, annonce que tous les bars VIP, sauf les hôtels doivent respecter les prix récemment fixés par la Brarudi.
Une annonce qui tombe comme un couperet pour les propriétaires des bars huppés. La mesure passe mal. Sur la toile, c’est la joie totale pour les internautes. Visiblement soulagés par les prix qu’imposent ces bars VIP, leurs réactions en disent long. Comme un sentiment de revanche.
La situation est moins drôle pour les tenanciers qui ont investi pour offrir un cadre luxueux à leurs clients. Une décision trop bonne pour être vraie. Intenable.
Désemparés, les tenanciers des bars dits VIP approchés, tous à l’unisson se demandent pour quel intérêt le gouvernement les contraindrait à mettre la clef sous le paillasson. « A ce que l’on sache, le Burundi n’est pas un pays communiste », lâche G.H, un d’entre eux. Et de poursuivre : « Si depuis un certain temps, le gouvernement dit « laborieux et responsable » ne cesse d’inciter les opérateurs économiques à promouvoir la bonne image du pays. Il n’est pas compréhensible qu’il veuille décréter le contraire des valeurs qu’il est en train de promouvoir ».
Rendre le pays attrayant passe par la construction de belles infrastructures. « Comment sommes-nous censés y parvenir sans pour autant investir ? » Et de demander : « Pourquoi les prix des boissons seraient les mêmes partout alors que les coûts de l’investissement ne sont pas les mêmes ? »
Tous les tenanciers des bars classés VIP rappellent qu’il y a un investissement consenti (cuisinier qualifié, conditions d’hygiène, aménagement, etc.) pour que le client soit dans les meilleures conditions. Un propriétaire d’un des bars VIP à Kinindo, explique qu’il serait idoine pour le gouvernement, d’établir des critères pouvant certifier que tels bars est VIP ou non. « Ainsi, lever toutes les équivoques en rapport avec la façon dont les prix s’appliquent ».
Des tours de passe-passe
Au risque de travailler à perte, les gérants de ces bars inventent des stratagèmes. Entre ceux qui obligent les clients à commander d’abord un repas avant de s’offrir une bouteille, certains bars karaoké et boîtes de nuit, d’après leurs employés, exigeraient des droits d’entrée. Une information corroborée par un d’entre eux travaillant au bar « Arche des Cigales », communément appelé « Archipel ». « C’est déjà acté. A partir de ce vendredi 21 octobre, les clients devront déboursent 5000BIF en guise de droit d’entrée. Et une fois à l’intérieur, ils pourront jouir de cette « solde » du 1er ministre », indique-t-il sur un ton moqueur.
Idem au bar Sky Star (sis au quartier KABONDO). Très prisé pour ses karaokés, un de ses employés, affirme que suite à la décision du 1er ministre, la seule manière pour éviter de travailler à perte, c’est de faire payer les droits d’entrée. « C’est déjà décidé au niveau de la direction, il reste à se convenir sur le montant dont les clients s’acquitteront ». A la question de savoir si ce ne sont pas des décisions unilatérales pouvant leur porter de graves préjudices, ces employés sont plus que formels : « Des mesures prises avec l’aval de la mairie de Bujumbura ». En vertu d’une convention établie avec l’administration municipale, à en croire ces employés, la mairie percevra 10% du montant collecté sur le montant perçu sur les droits d’entrée.
La Buceco entre dans la danse
Selon l’annonce de l’entreprise Burundi Cement Company (Buceco) de ce 17 octobre, le prix par sac de 50 kg passe de 24 500 à 28 500 BIF pour le ciment 32.5 R, tandis que le ciment 42.5 R passe de 30 mille à 34 mille BIF. Selon cette entreprise, cette hausse des prix fait suite à la conjoncture actuelle sur la chaîne d’approvisionnement des matières premières.
A 10h, ce 18 octobre, au quartier Asiatique connu pour la vente du ciment et autres matériels de construction, le ciment Buceco est introuvable. Certains magasins disposent seulement d’autres sortes de ciment, dont Dangote et Simba.
Selon certains gérants des magasins, la pénurie du ciment Buceco s’observe depuis des mois. Des clients sillonnent des magasins à la recherche de ce produit rare. Ils accusent les vendeurs de le cacher pour spéculer sur les prix.
« Nous avons entendu qu’on a haussé les prix. Mais, où peut-on vraiment trouver le ciment Buceco. J’ai parcouru tous les magasins dans le quartier asiatique, en vain », se lamente un client qui gare sa voiture le long de la route pour discuter avec « des commissionnaires ». Ces derniers promettent l’aider à condition qu’il accepte d’acheter un sac de 50 kg à 39 mille BIF.
Selon lui, la Buceco n’a fait qu’officialiser la hausse des prix qui étaient déjà en application depuis des mois : « 4000 BIF par sac de ciment c’est beaucoup d’argent. Pour nous qui avons des chantiers, on devra revoir les devis. Malheureusement, le respect de ces prix n’est pas garanti. Comme d’habitude, des vendeurs vont encore hausser les prix comme ils veulent ». Il appelle cette entreprise à augmenter la production pour satisfaire la demande.
Selon un autre client, des magasins cachent le ciment pour le vendre en clandestinité à des prix exorbitants : « En passant par les magasins, vous penserez qu’il y a pénurie du ciment Buceco. Il y en a plein derrière ces magasins. Pour l’avoir, il suffit de passer par un commissionnaire et d’accepter les prix.»
L’approvisionnement se fait en cachette ».
Certains gérants des magasins confient que cela fait des mois qu’ils ne sont pas approvisionnés en ciment Buceco. Pour eux, les spéculations soulevées par les clients ne sont pas fondées : « Quel intérêt avons-nous à cacher le ciment ? Notre tâche est de le vendre pour écouler les stocks. Nous ne pouvons pas donner ce que nous n’avons pas. Le problème n’est pas à notre niveau ».
Une décision du gouvernement ?
Le 7 octobre 2022, le Conseil des ministres a demandé au ministre chargé du Commerce de tenir compte de la réalité du marché et de réajuster les prix des boissons Brarudi et du ciment de Buceco. En veillant à ce qu’il n’y ait pas « une grande répercussion sur les prix des produits consommés par les gens avec peu de moyens ».
Le ministère du Commerce avait présenté cette décision au Conseil des ministres du 3 août 2022. Selon le porte-parole du gouvernement, elle intervenait « à la suite de multiples tentatives de hausse des prix de certains de ces produits, mais également à la suite de la pénurie et de la spéculation entourant ces produits. » D’après le ministère du Commerce, il s’observait des écarts entre les prix de référence et les prix réels sur le marché. « Entretemps, la Brarudi et Buceco n’ont cessé d’adresser auprès du ministère du Commerce des demandes d’augmentation des prix de leurs produits depuis 2021 pour des raisons liées à la flambée des coûts de matières premières, des coûts de transport, mais également de la nécessité d’augmenter les investissements pour répondre à la demande. »
Le ministère du Commerce a alors proposé, pour la Brarudi, une augmentation des prix qui varie entre 200 et 600 Fbu par bouteille et, pour Buceco, une augmentation de 3000 Fbu par sac.
Toutefois, lors de l’échange au Conseil des ministres, ils se sont convenus que la demande est largement supérieure à l’offre. « Il n’est pas évident que ces produits seront disponibles même après la hausse des prix. Pour les produits Brarudi et Buceco, il est important d’analyser les coûts de production pour proposer des prix réalistes. » D’après les ministres, les sociétés Brarudi et Buceco doivent montrer un plan d’augmentation de la production pour que ces produits soient disponibles avant d’envisager la hausse des prix. Cela a été fait ? Non, selon des sources proches du dossier.
La Brarudi s’explique
Interrogée, la Brarudi botte en touche. « La crise mondiale actuelle a jusqu’à présent entraîné une augmentation substantielle du coût de divers intrants et du carburant, entre autres. Dans certains cas, ces coûts ont augmenté de plus de 35 %.»
Concrètement : « L’augmentation du coût de production total est due à l’augmentation du coût des matières premières et à l’impact de l’augmentation des coûts énergétiques mondiaux, etc. »
Une pénurie des devises ? : « L’augmentation des prix est due à l’augmentation du coût des matières premières, des matériaux d’emballage et de l’énergie. La détermination des prix peut être guidée par divers éléments clés. »
Les consommateurs se plaignent d’une augmentation exorbitante. Qu’en dites-vous ? : « Dans ce cas précis, le changement de prix a été entraîné par la hausse des coûts de production. BRARUDI reste une entreprise axée sur le consommateur et les décisions d’augmentation des prix ne sont pas prises à la légère. Toutes les décisions sont prises avec les consommateurs de Brarudi comme considération primordiale. »
Réactions
Pierre Nduwayo : « Aucune raison ne peut justifier cette mesure.»
« Nous avons reçu cette mesure avec indignation totale. Elle est vraiment intenable pour la population, surtout dans ces moments où on avai.t poussé un ouf de soulagement compte tenu de la disponibilité du carburant et du sucre de la Sosumo qui jouent un grand rôle dans le circuit de production de la Brarudi », déclare Pierre Nduwayo, président de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco).
Il fustige une mesure unilatérale prise sans concertation avec les autres intervenants. Selon lui, les consommateurs n’ont pas été consultés avant de prendre cette mesure : « Si la raison de hausser les prix était fondée, pourquoi ne pas appeler tous les intervenants pour analyser si les raisons évoquées sont vraiment fondées ? ».
Pierre Nduwayo appelle à la suspension de cette mesure par l’autorité habilitée. « Au niveau de l’Abuco, compte tenu du contexte du moment, nous croyons qu’il n’y a aucune raison qui plaiderait à la hausse des prix des produits de la Brarudi dans ces jours-ci. Nous en appelons à l’arbitrage de l’autorité ».
Le président de l’Association burundaise des consommateurs (Abuco), Pierre Nduwayo, déplore la hausse des prix du ciment. Il fustige que des entreprises jouissant de monopole comme la Buceco prend unilatéralement des mesures sans concertation avec tous les intervenants : « Ces entreprises doivent être suivies de près pour qu’elles ne se donnent pas le luxe de revoir les prix à leur guise sans concertation préalable avec l’autorité ».
Gabriel Rufyiri : « Hausser est une solution, mais … artificielle.»
Selon le président de l’Observatoire national de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome), Gabriel Rufyiri, ce sont des mesures qui viennent dans un contexte économique difficile où le pouvoir d’achat des Burundais n’est pas au rendez-vous. « Ils ont augmenté des sommes exorbitantes. Entre 200 et 700 BIF, c’est beaucoup pour une population démunie et pour des denrées produites au Burundi. »
Pour le président de l’Olucome, ce sont des mesures qui tombent dans un contexte économique difficile où le pouvoir d’achat des Burundais n’est pas au rendez-vous. « D’abord, je voudrais vous rappeler que le Burundi est actuellement le premier pays le plus pauvre de la planète avec un PIB de moins de 270 dollars américains par an. »
En plus de cette pauvreté, poursuit Gabriel Rufyiri, il y a la carence des produits d’où certains commerçants profiteurs essaient de spéculer pour créer la pénurie artificielle pour tous les produits essentiels pour les Burundais. « Dans tout cela, le gouvernement a un rôle important de régulateur. Mais, il le fait lorsque la loi de l’offre et de la demande est au rendez-vous. Lorsqu’il n’y a pas d’équilibre, ça devient difficile de manier les prix. »
Le président de l’Olucome trouve qu’en plus de l’inflation galopante, il y a un problème de devises surtout pour les produits qui demandent de la matière première étrangère. Pour l’Olucome, il y a d’un côté, ce problème du pouvoir d’achat de la population, de l’autre côté, il y a ce problème de rareté de ces produits, laquelle est causée essentiellement par la pénurie des devises. « Le gouvernement voit la hausse des prix. Est-ce la bonne solution ? Non ».
Pour l’Olucome, il faut trouver une solution pour cette carence de devise pour les produits qui nécessitent une matière première importée comme ces produits de la Brarudi, Buceco et Sosumo. « Dernièrement le gouvernement a débloqué à peu près 10 millions USD pour les produits pétroliers, maintenant ils sont disponibles. Est-ce que le gouvernement va continuer de débloquer 10 millions USD toutes les deux semaines. Pour approvisionner le pays il faut 26 millions USD par mois. Avoir les devises pour la Brarudi, Buceco et d’autres produits comme les médicaments, c’est un casse-tête. Hausser c’est une solution, mais elle est artificielle. »
Pourquoi ne pas diminuer les taxes ?, s’interroge M. Rufyiri. D’après lui, ces produits que le gouvernement vient de revoir en hausse sont les premiers produits qui génèrent beaucoup de taxes et impôts. « Le gouvernement reçoit à peu près 40% du prix de vente. De même pour les produits Brarudi et les télécommunications. Il y a un montant exorbitant que le gouvernement prend comme taxes. » Selon lui, la première chose est d’abandonner certaines taxes. Regardez la structure des produits pétroliers, le gouvernement a abandonné les droits de douanes. Le gouvernement a plusieurs cartes qu’il peut jouer pour alléger la misère de la population. « C’est une décision du gouvernement, mais c’est gagnant-gagnant. Le gouvernement gagne des taxes et le gouvernement engrange des bénéfices et c’est le citoyen qui trinque. »
Quid de la mesure du Premier ministre ?
« Il existe des commissions indépendantes pour se convenir sur les prix. Malheureusement, elles n’existent plus. L’Olucome était dans la commission chargée de réguler les prix des produits pétroliers, mais comme on voyait que l’on est là pour bénir la décision du gouvernement, on a décidé de quitter la commission. »
Le président de l’Olucome se demande si la mesure du Premier ministre a été étudiée économiquement.
Pour Gabriel Rufyiri, la question des bars VIP mérite d’être débattue par des experts. « Personnellement, je pense que nos autorités sont animées de bonne foi dans leur décision. Avant que des mesures soient prises, elles doivent être accompagnées par des arguments objectifs. L’autorité politique est là pour valider ou invalider les mesures des experts. » D’après lui, l’autorité donne une vision et les experts sont là pour voir si la mesure est applicable et acceptable suivant les normes en vigueur. « Malheureusement, nous voyons qu’il y a des mesures qui viennent sans qu’il y ait eu des études. Je ne pense pas qu’il y a eu des experts indépendants derrière ce genre de mesures. »
Eclairage
Jean Prosper Niyoboke: « L’idéal serait que la population soit associée dans la fixation des prix »
Pour éviter qu’une telle mesure ait des répercussions considérables sur la vie de la population, cet économiste estime que le gouvernement aurait dû commencer par mesurer sa portée en termes de conséquences, notamment son bien-être.
« Préalablement, la Brarudi et la Buceco de concert avec le ministère de tutelle auraient dû commencer par recueillir les avis des toutes les parties prenantes concernées par cette hausse. Il s’agit des consommateurs, des commerçants, etc. » fait remarquer d’entrée M. Niyoboke. Ainsi, poursuit-il, sur base de leurs doléances ou propositions, ces entreprises et le gouvernement auraient pu réfléchir sur une solution concertée qui ne lèse personne ». Selon lui, malheureusement ce qui n’a pas été le cas. Car la population n’a pas été concertée. En témoigne, les grognes de la population depuis l’entrée en vigueur de cette hausse.
Face à cette situation, bien que l’effet ne soit pas direct, les conséquences risquent de se répercuter sur ces entreprises mêmes. « La logique est toute simple : lorsque les usagers (les consommateurs) n’ont plus de moyens ou sont les limités en termes de moyens, ils renoncent à certains produits».
Si le volume de ces produits (bière ou le ciment) consommés sur le marché diminuent, parce que leurs usagers n’ont pas les moyens pour s’en procurer, l’économiste explique : « Outre que les recettes ces entreprises peuvent chuter, cet état de faits peut se répercuter sur les recettes fiscales perçues par le gouvernement ». Aussitôt de préciser : « Je n’en disconviens pas qu’en revoyant à la hausse le prix de leurs produits, ces entreprises sont motivées par plusieurs facteurs exogènes (absence de devises, flambée du prix des intrants sur le cours mondiaux suite à la Covid-19 ou à la guerre russo-ukrainienne). Mais, l’idéal serait que la population soit associée dans la fixation des prix ».
Le panier de la ménagère impacté
« Le gouvernement peut se dire que les consommateurs de ces produits sont des gens avec une marge de manœuvre suffisante à mesure de substituer ces produits avec d’autres produits », explique-t-il.
Selon lui, une grave erreur, parce que le gouvernement oublie chaque fois que la Brarudi hausse ses produits, les commerçants de produits substitutifs à la Brarudi, à l’instar de la bière de la banane ont tendance à spéculer. « Sans doute qu’au fond d’eux-mêmes, ils se disent que, comme il y a eu cette augmentation de 36% de la Brarudi, à leur tour peuvent hausser son prix. Ainsi, toute la chaîne de production se trouve affectée». Idem pour le cas du ciment de la Buceco. « Qu’en sera-t-il pour les gens qui avaient contracté des dettes pour s’offrir par exemple leur 1er logement ? Quid des projets gouvernementaux de construction en cours ? » Il se demande : « Vu que les budgets avaient été entérinés, seront-il revus à la hausse ? ». Selon lui, un tas d’arguments qui montre à suffisance qu’il y aurait eu d’abord concertation pour que ladite mesure n’impacte pas la fourchette fiscale du gouvernement.
Volonté du gouvernement d’élargir l’assiette fiscale?
« Au contraire, c’est une pression fiscale », objecte-t-il. Comme ce ne sont que deux produits qui sont concernés alors que pour le cas de l’élargissement de l’assiette fiscale, ce sont plusieurs produits qui seraient concernés. En pareil cas, il explique que lorsqu’il y a cette compression de la partie imposable, il y a une partie des consommateurs qui sont contraints à abandonner une partie de leur consommation. « Dans ce cas, l’utilité n’est plus maximale ».
Concernant l’annonce du 1er ministre, M. Niyoboke revient sur la nécessité d’un dialogue. « Les détenteurs de ces débits ont leur mot à dire. Pour une seule et simple raison : les moyens consentis pour ouvrir un bar-resto en plein centre-ville de Bujumbura, ne sont pas du tout les mêmes que ceux utilisés pour construire un bar dans un quartier périphérique ». Et d’expliquer: Comme l’argent utilisé pour mettre sur pied un bar de ce standard, pour la plupart des fois provient des banques, des tierces personnes. Un retour sur investissement pour apurer les dettes est essentiel. Il est normal que la fixation des prix suive une certaine logique. Ceci est également le cas pour les charges (salaires des employés, conditions pour que l’endroit garde l’hygiène, etc.)
D’après lui, un tas d’arguments qui montrent à suffisance que pour mettre en application une telle mesure, des garde-fous s’imposent. « C’est vrai qu’il y a des gens, partant de cette mesure, de connivence avec des agents de la Brarudi, voudront spéculer en faisant tarir un produit d’un côté, pour approvisionner l’autre. C’est à ce niveau que le gouvernement doit être vigilant. Ainsi, éviter qu’il y ait des bars mieux approvisionnés que d’autres sous le seul prétexte qu’ils sont VIP ». Dans le cas contraire, préviens cet économiste, si la mesure entre en vigueur comme telle, nul ne doute que la plupart des opérateurs économiques auront tendance à délaisser ce secteur d’activités. « Ce qui serait regrettable parce que cela impactera sur le secteur touristique, sans oublier ces conséquences sur la création de l’emploi », conclut-il.
Je suis curieux de connaître les montants des bénéfices qu’empochent les actionnaires de ces deux sociétés. Car il arrive que les grosses sociétés haussent les prix sur le dos du petit consommateur ou ouvrier pour rémunérer grassement l’actionnaire. Cela a provoqué ces dernières semaines des grèves surtout dans les sociétés de raffinage d’un certain pays occidental, des grèves qui ont provoqué des pénuries de carburant. Au moins dans ce pays on peut être informé sur les milliards qui sont distribués aux actionnaires et logiquement demander la baisse des prix et/ou l’augmentation des salaires des consommateurs et ouvriers. Chez-nous, on n’est pas encore à cette transparence: on hausse les prix, nous nous plaignons et à la fin nous nous exécutons.
Cause à effet – Effet à cause?!
Les gens qui avaient caché des devises vont devoir les sortir si ce n’est déjà fait. Maintenant il va y avoir beaucoup d’argent en circulation… et à dépenser : « L’argent appelle l’argent! »
Et s’il y a moins de buveurs ou plus de buveurs qui boivent moins, il y’aura moins d’alcooliques et moins d’incidents liés à l’alcoolisme.
Même si Gouvernement n’a peut-être pas pris ces critères en considération lors de sa décision, disons simplement que toute conséquence a sa cause et vice-versa.
C’est une bonne décision.