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Boycot des produits Brarudi :  » un clin d’œil » au gouvernement

05/05/2013 Commentaires fermés sur Boycot des produits Brarudi :  » un clin d’œil » au gouvernement

L’appel à boycotter les produits Brarudi, le 20 et le 21 août 2012, a été largement suivi. Les organisations et syndicats engagés dans la campagne contre la vie chère parlent d’un succès. Pour eux, c’est " un avertissement pour le gouvernement. "

<doc5027|right>Lundi, 20 août, c’est le premier jour du boycott des produits de la Brarudi. Les reporters du groupe de presse Iwacu font le tour de quelques bistrots de la capitale pour s’enquérir de la situation. Dans le quartier Bwiza, le bar « Chez Nyabisumo » situé sur la 5ème avenue est presque vide. Six personnes seulement sont là aux environs de 18 heures, alors que c’est le bar le plus fréquenté du quartier. L’un des responsables décrit le calvaire qu’ils endurent depuis la hausse des prix des produits de la brasserie.

Avant cette hausse, raconte-t-il, on pouvait vendre une caisse de Mutzig par jour. Mais actuellement, une semaine peut s’écouler sans qu’une bouteille ne soit vendue. «Aujourd’hui, c’est le pire. Si la situation perdure, on risque de fermer et rebrousser chemin vers la campagne », précise-t-il. Pour le moment, poursuit-il, nous payons 1 million de Fbu pour le loyer, alors qu’on parvient à peine à avoir 500000Fbu par mois. «Pire encore, on doit payer l’eau et l’électricité qui ont aussi connu une hausse importante ». 18 h 10, on est sur la 1ère avenue et la situation est la même.

A 19 heures juste, on arrive dans le quartier Kigobe, « Chez Gérard », c’est « lundi méchant ». L’atmosphère a beaucoup changé. Des places sont vides. Les quelques clients en vue sont en train de consommer des poulets, de l’eau minérale et des boissons étrangères. Peu d’Amstel ou de Primus sont visibles. Le gérant de ce grand cabaret affirme que cette situation est due à l’appel de boycotter des produits Brarudi. «A voir les clients qu’on avait l’habitude d’avoir le « lundi méchant », l’appel a été suivi à plus de 80%», souligne le gérant. « Chez Tunga » dans la commune Ngagara, à Kinama sur le transversal et dans la commune de Kamenge, les chaises étaient inoccupées.
Mardi, 21 août, c’est la deuxième journée de boycott. Iwacu fait le tour des cabarets et bars des quartiers sud de la capitale. Au Bar Tempête, il n’y a pas foule : 4 ou 5 personnes occupent une des tables du bar. Sur l’avenue du Large, côté Kibenga, un propriétaire d’un cabaret se lamente : « Ces deux jours ont été pénibles. On n’a même pas réussi à écouler deux casiers. »

Un peu plus loin au Bar Petit séminaire Kanyosha, c’est le même constat. Beaucoup de tables sont inoccupées. «D’habitude nous sommes débordés, mais depuis lundi, on chôme», raconte une des barmaids. A la caisse, on attend des commandes qui tardent à venir. La caissière affirme que durant ces 2 jours, ils ont seulement vendus 3 casiers. Normalement, ajoute-t-elle, plus de 20 casiers sont vendus par jour. A quelques mètres de là, un groupe de personnes discutent autour d’un verre. Sur la table, on ne voit que de la Skol. Aucun produit BRARUDI. «Nous avons préféré boire des boissons importées», déclare une dame. Autour d’une autre table, des clients consomment de la bière Primus. «Nous sommes pour le boycott, mais le gosier était sec !», disent-ils, gênés.  

A Musaga, le mot d’ordre a été respecté. Au bar Decobu, quelques personnes occupent les lieux. On n’entend plus la musique qui d’habitude accueille les clients. Par contre, à la 1ère avenue, chez Anicet, les gens se désaltèrent allègrement. A 21h, certains commençaient même à tituber dans la rue. Peut-être qu’ils n’ont pas pu tenir 2 jours.

« Nous sommes satisfaits de nos consommateurs »

Selon Noël Nkurunziza, porte-parole du collectif contre la vie chère, le mot d’ordre a été largement suivi. Les consommateurs ont été solidaires, poursuit-il, car ils sont conscients des dangers qui les guettent. Noël Nkurunziza précise que les pouvoirs publics ont reçu une leçon. «Désormais, ils seront plus attentifs lors de la prise d’une décision », déclare ce militant de la société civile.

Noël Nkurunziza remercie les citoyens burundais et les encourage à répondre massivement pour défendre leurs intérêts. Aux commerçants, il demande de ne pas se livrer à la spéculation et d’appliquer le juste prix. M.Nkurunziza conseille au gouvernement de toujours analyser les doléances de la population et de prendre des mesures pour diminuer les prix des produits surtout ceux de la Brarudi. « Afin, poursuit-il, d’alléger les souffrances des Burundais ». Gabriel Rufyiri abonde dans le même sens. Il salue le courage de la population qui a répondu positivement. «Nous espérons que ce genre de manifestation pacifique contraindra les autorités à se ressaisir», déclare-t-il. Selon Philippe Nzobonariba, porte-parole du gouvernement, le gouvernement n’a rien à dire sur cette question. «Le gouvernement fixe seulement les prix, il n’est pas concerné par ceux qui consomment ou pas ces produits » martèle-il. 

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