Plus de 20 000 personnes font actuellement le commerce des Bitcoins au Burundi. Ils sont regroupés dans quatre réseaux. TBC, WCX, Leocoin et Integrity. Ce business de monnaies virtuelles attire beaucoup plus les jeunes que les adultes. Les intéressés parlent d’un moyen pour devenir riche dans un petit laps de temps.
D’après Jules Kwizera, un jeune de 30 ans rencontré au centre-ville de Bujumbura, le commerce des Bitcoins est beaucoup plus rémunérateur que tout autre business. «La valeur du Bitcoin peut doubler ou tripler en une seule journée.»
Il a commencé le métier de vendeurs des Bitcoins en 2015. Un business qui a complètement amélioré son quotidien. Deux ans plus tard, il avait déjà construit sa propre maison et acheté une voiture pour son déplacement. Ce jeune de 30 ans indique avoir pris connaissance de ce business en 2013. Cette affaire ne l’attirera pas pendant deux ans.
I.M., un autre marchand des Bitcoins, affirme qu’il ne peut pas aujourd’hui exercer un autre métier. Il génère beaucoup de bénéfices. «J’ai acheté des bitcoins à 500 USD par unité en 2013. Mais je les ai vendus à 20 000 USD en 2017.» La valeur du Bitcoin frôle actuellement 3 600 USD alors qu’elle était de 0,001 USD en 2009.
Il assure que le rôle des Bitcoins est primordial dans différents business en ligne. Le paiement de la plupart des transactions se fait en Bitcoin. Il facilite aussi les transactions des transferts d’argent à moindre coût par rapport aux autres modes de transfert d’argent.
Claude Ndayisenga, lui-même vendeur des crypto-monnaies, indique que le commerce des Bitcoins est son seul gagne-pain. Aujourd’hui, il n’a aucun souci financier. Il témoigne gagner facilement trois millions de BIF par mois.
Une affaire simple
M. Ndayisenga reconnaît que les bénéfices générés par la vente des Bitcoins diminuent progressivement. Sa valeur change régulièrement.
Il investit aussi massivement dans les nouvelles crypto-monnaies comme Leocoin, WCX, TBC. Le calcul est simple. Il achète ces nouvelles monnaies virtuelles à moindre prix aujourd’hui en espérant les vendre plus tard quand leurs valeurs seront augmentées. Le nombre de crypto-monnaies reconnus sur le marché international frôle les 2000 mille monnaies virtuelles.
Pour Clovis Kayoya, un habitué du business des crypto-monnaies, même si le commerce des monnaies virtuelles est très rentable, il présente beaucoup de risques. «On ne signe pas de contrats, raison pour laquelle il faut être prudent avant d’investir.»
Comme le commerce des Bitcoins s’opère en ligne, souligne-t-il, des apprentis tombent sur des sites internet d’escrocs et perdent leur argent.
Des attaques de hackers sont aussi à craindre. Ils piratent souvent les réseaux des crypto-monnaies en utilisant même des systèmes ultrasécurisés. Pour faire face à ce défi, il est conseillé aux acheteurs des Bitcoins de s’assurer au préalable de l’existence de la crypto-monnaie qu’ils désirent acquérir. Le site www.coinmarcketcorps.com donne une liste exhaustive des monnaies virtuelles reconnues sur le marché international.
P.K., un autre vendeur de monnaie virtuelle, explique que son business est facile à faire. Il n’exige pas un bureau, pas de main-d’œuvre, pas d’impôts. Le commerce des crypto-monnaies requiert seulement un smartphone. On télécharge l’application blocChain dans le Play store du téléphone. Puis on complète les informations nécessaires à l’enregistrement, notamment l’adresse électronique et les mots de passe. Le block Chain donne ensuite l’adresse Wallet, une sorte de numéro de compte.
Au Burundi, indique-t-il, tout vendeur ou acheteur des bitcoins doit avoir la carte Sim de la compagnie tanzanienne Vodacom et être membre du site internet Localbitcoin. Ce dernier collabore avec Vodacom et Mpesa. Celle-ci dispose de guichets au Burundi. Pour convertir des bitcoins en monnaies liquides, on doit les vendre à Localbitcoin qui envoie un message à la société Mpesa.
Le vendeur récupère son argent dans un guichet à Bujumbura ou à l’intérieur du pays. Il demande au gouvernement de mettre en place une règlementation du commerce des crypto-monnaies. Elle contribuera à trancher les différends entre les différents intervenants dans le domaine.
Les autorités monétaires suivent de près
Bellarmin Bacinoni, chargé de la communication à la BRB, fait savoir qu’aujourd’hui, à l’instar de la plupart des autres Banques centrales, la Banque de la République du Burundi(BRB) ne régule pas le Bitcoin. Celui-ci fait partie de plus de 1500 monnaies virtuelles opérationnelles dans le monde. Mais, il assure que la BRB suit de près activement la technologie du block Chain.
Jean Prosper Niyoboke, enseignant à l’Université du lac Tanganyika, indique qu’investir dans le Bitcoin présente un risque énorme. Sa valeur est trop volatile. Le Bitcoin n’est pas régulé ni contrôlé par aucune institution. C’est ainsi une monnaie garantie par aucun système. Son prix est aléatoire, ce qui rend difficile la détermination de sa vraie valeur.
Parfois, les hackers piratent les crypto-monnaies, lorsqu’ils ne sont pas bien sécurisés. Comme il n’y pas de protection étatique au Burundi, lorsqu’un vendeur perd ses Bitcoins, il perd complètement son argent. Le Pr Niyoboke fait remarquer que certaines personnes peuvent utiliser des Bitcoins dans le blanchiment d’argent ou dans le commerce des drogues. « Le commerce des monnaies virtuelles est bénéfique, mais il nécessite une certaine réglementation », conclut-il.