Vendredi 22 novembre 2024

Les billets d'Antoine Kaburahe

Billet – Un soutien inattendu

22/09/2020 Commentaires fermés sur Billet – Un soutien inattendu
Billet – Un soutien inattendu
L'ambassadeur de Chine avec M. Sikuyavuga, Directeur des Rédactions (à droite, en costume) accompagné par M. Mbazumutima, Directeur adjoint des Rédactions ( avec des lunettes sur la tête) et M. Nzimana, Rédacteur en chef du service web.

Au moment où quatre journalistes du groupe de presse bouclent 11 mois de détention, et le jour même où Iwacu se souvient de l’enlèvement d’un autre confrère, Jean Bigirimana, le soutien est venu de là où on ne l’attendait pas. L’ambassadeur de Chine , un pays très proche du gouvernement, est venu en personne visiter le journal et ne s’est pas privé de lui rendre un hommage sans ambiguïté : « un journal de qualité, avec des analyses pertinentes qui renseignent sur le pays », a dit notamment l’ambassadeur. Tout un symbole.

Depuis bientôt treize ans en effet, dans des conditions souvent très difficiles, Iwacu est resté campé sur les valeurs qui fondent le vrai journalisme : l’honnêteté, la liberté, mais aussi la passion d’informer. Certainement qu’Iwacu a été parfois incomplet dans son travail, s’est trompé dans ses analyses, mais le journal n’ a jamais été à la solde d’une quelconque cause idéologique, politique ou autres lobbies. Si les journalistes se donnent tant, c’est parce qu’ils savent qu’ils sont libres de travailler en toute liberté, qu’ils n’ont pas d’instructions « occultes », que tout se joue à la conférence de rédaction quotidienne où chacun propose son sujet et le défend.

Chez Iwacu, la rédaction est souveraine. Tous ceux qui ont travaillé à Iwacu peuvent témoigner. Quand j’avais encore la chance d’exercer dans mon pays avec mes collègues, avec tout le respect qui m’était dû en tant que fondateur et à l’époque directeur, il m’est arrivé de voir mes sujets « recalés » par la rédaction. C’était normal et sain, une vraie démocratie interne. Personne n’y voyait aucun problème.

Ce 22 octobre 2019 quand des combats sont signalés à Bubanza, unanimement, la rédaction a décidé une descente sur terrain. Agnès, Egide, Christine et Térence se sont librement et spontanément proposés pour le reportage. La suite on la connaît. Malgré les terribles accusations d’intelligence avec l’ennemi, d’atteinte à la sécurité interne de l’Etat, la réalité est plus prosaïque : les quatre collègues se rendaient en reportage sur terrain.Toutes les accusations avancées sont fausses.

Ce 22 septembre, les quatre confrères viennent de boucler 11 mois dans les geôles d’une prison de Bubanza. Après la disparition toujours inexpliquée de Jean Bigirimana, un 22 juillet 2016, au moment où le gouvernement dit sur tous les tons et dans toutes les langues que c’est un gouvernement au service de tous, « Reta mvyeyi », il est urgent de réparer cette terrible injustice et libérer les quatre journalistes. Cette détention est aussi un désastre pour  l’image d’un «Reta mvyeyi ». Il devrait tourner cette horrible page pour correspondre en effet à l’image qu’il revendique.

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