Recueillement. Décence. Dépassement. Je manque de mots… Mais en fouillant dans notre riche patrimoine culturel, un mot surgit : UBUNTU. Tout est là. C’est d’ailleurs plus qu’un mot, quasiment intraduisible tellement il est riche. C’est même un concept, une philosophie. C’est l’humanisme au sens large et noble du terme. Soyons ABANTU. Des hommes.
En ce moment, il ne s’agit pas de faire le procès ou le bilan de Pierre Nkurunziza. En ce moment, il nous faut garder à l’esprit que cet homme était avant tout un époux, un père de famille. Pensons à l’homme, seul, dans les affres de la mort, dans cet hôpital à l’intérieur du pays, à Karusi, loin de son épouse également souffrante à Nairobi. Pensons à cette terrible souffrance, cette solitude à l’heure de la mort. Soyons ABANTU. Des hommes.
Oui, on ne tourne pas la page, l’heure du bilan viendra, car c’est ainsi. C’est la terrible condition des hommes du pouvoir. Ils sont redevables . Les quinze ans à la tête du Burundi seront scrutés, analysés, commentés, jugés. « A quiconque il a été beaucoup donné, il sera beaucoup demandé; de celui à qui on a beaucoup confié, on exigera davantage »,(Luc 12). C’est écrit.
Un homme est donc parti, de manière « inopinée », pour reprendre le terme officiel. C’est aussi une terrible leçon de vie. Comme pour nous rappeler que les honneurs, les titres, la puissance, que tout cela est finalement très fragile…
Un autre homme va succéder à Pierre Nkurunziza. Qu’il garde à l’esprit cette fragilité toute humaine. Qu’il évite les pièges d’un pouvoir excessif, qu’il essaie d’écrire une nouvelle page d’histoire dans un Burundi apaisé. Les défis sont immenses pour le prochain président : plus de 400 mille réfugiés, une pauvreté galopante, l’épidémie du coronavirus… Mais il y a un temps pour chaque chose. L’heure est au recueillement, dans l’UBUNTU.