L’interview que j’ai réalisée avec un ingénieur des mines allemand, ayant une solide connaissance du secteur des mines au Burundi où il a travaillé, suscite de nombreuses réactions. Certains me reprochent de ne pas être « patriote », d’être « jaloux de la découverte », ou encore d’être « à la solde des Occidentaux », etc. La liste est longue. Cela ne me trouble pas, j’y suis habitué. D’autre part, de nombreux messages saluent l’éclairage apporté par cet expert.
Comme souvent au Burundi, on tend à oublier le message pour se concentrer sur le messager. Plutôt que d’ouvrir un débat constructif, on préfère se perdre dans la polémique. On oublie que pour nous, journalistes, il est crucial de douter, d’interroger et de vérifier les déclarations publiques. Apparemment, certains souhaiteraient que les médias reprennent à la lettre les annonces publiques. Effectivement, j’ai vu des médias citer sans s’interroger les chiffres faramineux avancés sur les recettes attendues de l’exploitation de Murehe ! Est-ce cette presse que nous voulons pour le Burundi?
Certes, dans le contexte actuel, de telles annonces peuvent être un baume au cœur. Elles donnent espoir. Mais s’interroger ce n’est pas un sacrilège, c’est même sain, surtout dans un pays dirigé par un parti qui a fait de “la défense de la démocratie” sa devise. Bref, les journalistes, nous jouons notre rôle.
L’ingénieur interviewé n’a insulté personne ; il a simplement expliqué le processus tel qu’il devrait normalement se dérouler. Il n’y a aucune « condescendance » ou « paternalisme », comme j’ai pu le lire quelque part. Il a rendu hommage aux « éminents géologues burundais », saluant leurs compétences, et a suggéré une plus grande implication de l’Office Burundais des Mines, légitime et compétent pour tous les travaux de recherche et d’exploitation. D’après lui, en Afrique – et pas seulement au Burundi – « il est temps de laisser ce domaine aux techniciens. » En quoi cela est-il offensant ?
Certains estiment que j’aurais d’abord dû interroger la société ayant fait l’annonce de Murehe. Mon interview est une réaction à des déclarations publiques et à des chiffres avancés. La société BUMECO a tout à fait le droit de réfuter les explications de notre source. Oublions la nationalité de l’ingénieur ; ce n’est pas important. Il appartient à cette société de démontrer, dans nos colonnes, elles sont ouvertes, que les explications qu’il a avancées sont erronées. Recentrons le débat et avançons.
Diplômé de l’ ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de Paris et Lille, Antoine Kaburahe a fondé le Groupe de Presse Iwacu. Il est aussi écrivain et éditeur www.iwacu.site.
En 2015, faussement accusé d’être impliqué dans le coup d’Etat au Burundi, comme de nombreux responsables de médias, il est contraint à l’exil. Analyste reconnu, défenseur de la liberté de la presse (membre de Reporters Sans Frontières) ; il poursuit une carrière internationale .
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