Ses amis l’appelaient « Tony ». Pardon, je ne dois pas parler de lui au passé. Car même si son cas ne semble pas choquer grand monde, en dehors de quelques organisations de défense des droits de l’homme, Tony Germain Nkina vit toujours. Dans une prison.
Ceux qui le connaissent parlent d’une personne discrète, rigoureuse, éprise des droits humains. D’ailleurs, dans le passé, Me Nkina était membre de l’APRODH, l’une des principales organisations des droits humains au Burundi. Jusqu’en 2015, il était le représentant de l’APRODH dans la province de Kayanza, mais depuis la suspension de l’organisation et l’arrêt de ses activités au Burundi en 2015, il travaillait simplement comme avocat à Kayanza.
Le 13 octobre 2020, il est arrêté sur la colline de Tondero, dans la commune de Kabarore. province de Kayanza. L’avocat rendait visite à un client pour le conseiller dans un dossier foncier , dans le contexte de son travail d’avocat. Son calvaire venait de commencer.
Il a été emmené au Service national de renseignement (SNR) à Kayanza, où il a été frappé. Il a ensuite été transféré au cachot de la police à Kayanza, et enfin, le 16 octobre 2020, à la prison de Ngozi, où il est toujours emprisonné. Un dossier a été ouvert au parquet de Kayanza et Me Nkina a été accusé de collaboration avec le groupe armé RED-Tabara.
Me Nkina a été jugé par le Tribunal de grande instance (TGI) de Kayanza. Le 15 juin 2021, il l’a déclaré coupable d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » et condamné à cinq ans d’emprisonnement et une amende d’un million francs burundais. Son jugement lui a été signifié le 12 juillet 2021. Me Nkina a interjeté appel auprès de la Cour d’appel de Ngozi le 16 juillet 2021.
La cour d’appel de Ngozi a pris le dossier en délibéré le 20 septembre 2021. Aucun témoin à charge ne s’est présenté. Pourtant, le 29 septembre 2021, dans un jugement rendu très rapidement, la cour d’appel de Ngozi a confirmé le jugement du tribunal de Grande instance de Kayanza.
Fin novembre 2021, Me Nkina a fait recours à la Cour suprême. Le 20 juillet 2022, le parquet général a répété les mêmes allégations contre Me Nkina. Pourtant, aucune preuve n’a été avancée pour appuyer les accusations contre Me Tony Nkina et les normes d’un procès équitable n’ont pas été respectées.
Homme discret de nature, qui défendait un simple citoyen sur une colline de Kayanza, la colline Tondero, tout aussi inconnue que l’avocat, Tony dépérit dans la prison de Ngozi.
Dans l’indifférence presque générale. Qui peut sauver Tony ?
Collaboration avec les groupes armés, intelligence avec l’ennemi, atteinte à la sûreté de l’état… Ce sont des accusations aux contours flous qui peuvent être utilisées pour emprisonner les gens, même les plus honnêtes. Les pouvoirs qui se sont succédé ont usé et abusé de cette instrument je dirais de dictature. Combien de burundais sont morts ou passés à la case prison pour cela? Des dizaines de milliers je pense. Faut-il en rajouter sous le pouvoir de Neva?
Son prénom laisse penser que Me Germain Nkina est chrétien. S’il est vraiment croyant, seul Jésus-Christ pourra le tirer de cette prison. Cet avocat devrait consacrer son temps à prier et à prier sans cesse. Cela me rappelle la parabole de l’évangile où il est dit qu’une vieille femme ne cessait d’importuner un juge pour lui demander de lui rendre justice. Comme elle l’enquiquinait sans cesse, ce juge dépourvu de justice a fini par traiter son cas. Me Nkina doit donc faire la même chose non pas avec les juges de notre pays mais avec le Tout-Puissant. Il doit lui offrir cette injustice et unir sa souffrance et ses peines à celles du Christ. Dès lors, son fardeau sera plus léger à porter. J’invite les lecteurs d’Iwacu à prier également pour lui. Un jour ou l’autre, il verra le bout du tunnel. La nuit a beau être longue mais tôt ou tard le soleil finit par poindre!
Et après vous vous demandez pourquoi les jeunes continuent à fuir le pays pour aller bâtir d’autres nations? Une vraie mascarade ce pays!
Oui continuez à prier comme vous dites mais rien ne changera tant et aussi longtemps que certains principes de base d’une société fonctionnelle ne seront pas mis en place et respectés à commencer par les institutions en place!