Par Antoine Kaburahe
Âmes sensibles s’abstenir ! Ce reportage est d’une violence… Il donne presque la nausée. Mais attention, ce n’est pas la faute du journaliste. Non, c’est surtout de penser que cette histoire est réelle . Elle s’est passée à Uvira dans l’Est de la RDC, à une dizaine de kilomètres à vol d’oiseau de Bujumbura.
C’est un nouveau palier dans l’horreur. Un reportage glaçant du correspondant de la VOA, la Voix de l’Amérique à Uvira ce 16 mai, rapporte comment la population a lapidé un homme, l’a arrosé d’essence, brûlé et… mangé sa chair ! Oui, vous avez bien lu. Des vidéos circulent sur whatsApp. Comme si le tuer à coups de pierres, le brûler, ne suffisait pas. Le reportage de notre confrère Védaste Ngabo est terriblement détaillé. Le journaliste interroge les témoins qui racontent comment la « viande » du supplicié est accompagnée du « burobe », la pâte de manioc, très populaire dans la région.
Le reportage rappelle le livre « Mangez-le si vous voulez* » de Jean Teulé, un récit sur la mise à mort , le dépeçage et la consommation d’un homme accusé ( à tort) d’avoir déclaré « à bas la France » . En 1870, un mois après la déclaration de guerre de la France à la Prusse, Alain de Monéys, un simple citoyen sans histoires est accusé d’être un ennemi de la France. Il est tué, rôti, mangé par une foule déchaînée. « Son cœur, ses os, son sang, ses pieds et ses paupières forment une bouillie avec ses chairs entières. Ils broient tout de lui. » Une histoire vraie, attestée par tous les historiens.
Quels que soient les torts imputés à cet homme d’Uvira, il ne méritait pas de finir dans les estomacs. Dans le reportage de la Voix de l’Amérique, les témoins du « festin », complètement traumatisés, se demandent comment « ils vont vivre désormais avec des personnes qui ont mangé un être humain. »
A Uvira, sur le pont de la Kalamabenge, un homme n’a pas eu de procès, n’a pas eu droit à la défense. Il a été effacé de la surface de la Terre, il n’aura même aucune tombe. Ses enfants grandiront avec cette épitaphe à jamais gravée dans leurs cœurs : « Papa a été mangé ».
C’est connu, les mouvements de foules peuvent réduire, ramener l’homme à l’état de bête. C’est pourquoi les hommes ont fait des lois, pour tenter de brider la part animale qui sommeille en chacun d’entre nous…
*Mangez-le si vous voulez , Roman de Jean Teulé, paru chez Julliard (2009)
Le cannibalisme est puni par la loi, l’autorité devra punir exemplairement, d’autant plus que les auteurs sont bien identifiables, ayant poussé l’horreur jusqu’à consommer le crime devant témoins et caméras. Cela me rappelle les histoires de cannibalisme imputées à deux anciens chefs d’état africain. Semble-t-il que Idi Amin Dada, ex-président et dictateur ougandais, conservait dans ses frigos les restes humains de ses opposants. En Centrafrique, ce sont les frigos de l’empereur Bokassa qui contenaient des membres humains. C’est authentique que ces deux tyrans tuaient facilement, mais qu’ils aient mangé leurs victimes reste un sujet à caution.
Les personnes qui ont tué et mangé la pauvre créature de Dieu ont été filmé. Cela s’est passé en plein de jours. Dans un pays ou il y a une police nationale et ou il ya la MONUSCO.
Quelle a été la réaction des 2 institutions?
Simple Question
La présence de l’essence dans cette histoire rend tout le récit invraissemblable. Qui mangerait de la viande rôtie après avoir été aspergée ou trempée… dans de l’essence? Sans oublier l’odeur qui en émanerait, l’essence est une substance toxique pour le corps humain…
Ou bien il s’agit d’une exagération, ou bien c’est une invention!… Faites vos devoirs!
Note du modérateur
Votre indignation est légitime. En effet, c’est tellement horrible que toute personne bien sensée a du mal à y croire. Pour le reste, écoutez le reportage complet (en Kirundi)
https://www.radiyoyacuvoa.com/a/5874703.html
Nous avons tous vu la vidéo que Kaburahe n’as pa voulu diffuser par décence.
Il y a la police uvirienne qui devrait démentir
Espérons que cette histoire va nous revenir et qu’on va nous dire que ce n’était pas de la viande humaine qui était mangée! En effet, certains faits qui y sont relatés restent discutables :
– Tout d’abord, un événement comme celui-là, s’il était vrai, ne peut pas laisser penser à un semblant de planification. C’est quelque chose qui se produit dans un excès de rage extrême, dans le vif du moment. Or, quand on me dit que ces jeunes avaient de la pâte pour accompagner leur « festin », cela remet tout en question. La pâte ne s’est pas montrée juste comme cela. Ou même si un vendeur se trouvait à côté, il aurait refusé de la leur vendre. Soit le crime était planifié et cela nous amène à la deuxième raison.
– Si c’était planifié, ils se seraient cachés et n’auraient pas commis leur forfait sur la place publique, « à côté d’un pont », de cette façon. Dans cette région, tout le monde a appris qu’il faut se cacher quand on a veut commettre un crime d’une telle atrocité! Même un chien qui vole un os sait qu’il vole. On peut commettre un crime dans un accès de rage, mais il y a l’après : les remords, la culpabilité, la peur de la justice, … la cavale! Un criminel ne reste pas sur le lieu du crime pour manger tranquillement sa victime.
– J’ai écouté l’audio ci-dessus. La dame de l’entrevue banalise tellement le fait de tuer qu’on croirait presque qu’elle l’approuve… comme pour dire que c’est « normal » de tuer! Le bon sens aurait voulu qu’elle dise : « Non! Ce n’est pas normal de tuer d’autres humains… encore moins de les manger! »
– Ce n’est pas parce qu’il y a une vidéo que ce qui y est raconté est vrai! Mais ça ne veut pas dire non plus que c’est faut…
– La dernière raison est la présence de l’essence dans la viande.
Quelques fois ça vaut la peine de vérifier avec des sources officielles pour confirmer ou infirmer une information. En ce qui me concerne, je croirai à cette histoire quand une autorité gouvernementale l’aura confirmée!
Note du modérateur
Nous pensons que les journalistes à UVIRA ont fait leur métier. A l’autorité officielle de faire le sien, c’est à dire confirmer ou démentir l’information de la VOA.
Notez que d’après leurs propres declarations le mobile du meurtre sauvage était d’envoyer un « message », raison pour laquelle cela a été fait en public.
Ceci est une étape de plus, un pallier franchi. On a été capable de décapiter un homme, puis un autre et d’autres encore… c’est quoi le problème dans les grands lacs?
Même dans les tragedies cyclique qui ont endueillé le Burundi des situations similaires se seraient produite. Pas de recit mais quand quelqu’un disparaisse sans que les siens puissent l’enterré dignement. Des scenaris sur sa mort …
@ Antoine,
Jewe niyumvira ko umuntu kenshi, tummuha ikibanza adakwiriye!!!
En fait, umuntu, n’igikoko kibi cinyuma yavyose. Ivyo umuntu akora ntayindi nyamaswa uravye neza ibishikako, hanyuma nkivyo vyo kuryana kugira berekane urwanko(haine) bafitiye abandi, ugiye kuraba muri histoire uzobisangamwo. Kandi biri hose muma continents yose.
Ibitavugwa, na cane cane muri ivyo bice vya Afrika ngira nivyo vyinshi.
Ahubwo reka tuvuge ko iyo nkuru iri désormais documenté, yabereye ib’Uvira twoyikesha démocratisation yashitse muburyo bwokumenyesha amakuru. Nayahandi, uravye ivyabaye i Burundi muriyo myaka iheze, kuva za 1965; amakuru nkayo wohava usanga ari ibisanzwe.
Ahubwo reka tumenyere kuronswa amakuru nkayo, kandi tubone ko ari amakuru asanzwe. Umuntu n’inyamaswa nkizindi, kiretse ko hari inyamaswa ifise ico twita ishishi kuruta izindi.
Komera!
Cher Antoine l’anthropophagie est malheureusement courante dans notre region en plus des assassinats de masse par la masse. Des cas ont ete documentes au Rwanda en 1994 notamment par des jeunes interahamwe dans la prefecture de Cyangugu au Sud Ouest du pays et a Kinazi, au Sud Est du pays, cette fois par des burundais du camp de refugies qui s’etaient joints au massacre des Tutsi. Leur specialite ici etait d’arracher le coeur et d’en faire des brochettes. Le crime dans la region a depasse l’imaginable.
Note du modérateur
Dans le souci de crédibiliser votre commentaire, ce serait bien de partager ces preuves, puisque vous dites que des « cas ont été documentés ». merci
J’ai malheureusement pas de documents ecrits mais des temoins occulaires ont reporte ces cas. Et les deux sites( Cyangugu et Kinazi) ont ete nommement cites.
Rapporter des témoignages de seconde, de troisième ou de quatrième(donc non-étayés) main ne vous honore pas à moins de chercher à donner de vous-même l’image de quelqu’un qui passe son temps à ramasser des bruits de couloir. Collés au contexte ethnique dans lequel baigne notre région comme vous dites, ces témoignages de deuxième, de troisième ou de quatrième main deviennent tout sauf innocents. Ils suintent une accusation explicite d’anthropophagie contre ceux que vous pointez du doigt. À l’époque que vous citez, l’accusation d’anthropophagie a été mobilisée en même temps que tous les noms d’animaux figurant dans le bestiaire tropical (cafard, serpents, crapauds…) pour justifier l’anéantissement de l’autre à qui on déniait dès lors toute humanité. Que cherchez-vous au juste? Un retour de flamme de l’ethnicité?
Note du modérateur
Cela dépend de ce vous appelez témoignage de « seconde, de troisième ou de quatrième(donc non-étayés) main ne vous honore pas à moins de chercher à donner de vous-même l’image de quelqu’un qui passe son temps à ramasser des bruits de couloir. »
Un reportage d’un confrère, d’un média pour nous sérieux, (la VOA remplit cette condition) est crédible. Nous ne réagirons pas sur les autres propos un brin insultant: média qui rapporte des « bruits de couloir ».
Cher modérateur,
Je tiens à lever cette équivoque pour le moins fâcheux: la personne qui cherche à donner d’elle-même »l’image de quelqu’un qui passe son temps à ramasser des bruits de couloir », ce n’est pas vous! Vous m’avez mal compris et c’est bien dommage! C’est le commentateur répondant au nom de John qui, le premier. nous a rapporté des cas d’anthropophagie chez des Burundais et des Rwandais en pleine crise de 1994. Il lui appartient de réagir à mon message. Gira amahoro utekanirwe!
Note du modérateur
Mea culpa pour le malentendu (levé). Merci pour vos contributions équilibrées.
Non cher frere Magara, loin de moi l,idee d’attiser quoi que ce soit ou de porter un label sur tel ou tel groupe. Les faits reportes ne sont pas des « bruits » ce sont des faits reels qui se sont malheureusement passes. Je les ai evoques pour etayer l’article d’Antoine et souligner la dimension incommensurable de la criminalite dans notre region. Ne nions pas les faits mais prions plutot pour que l, Ubuntu, notre humanisme soit de retour chez nous.
@magara Je ne saurai commenter sur les cas mentionnés par John mais je serai intéressé d’avoir votre opinion sur le témoignage de « seconde main » de feu Président Nkurunziza qui avait défrayé la chronique en parlant de cannibalisme au sein de sa famille élargie et de son village natal (brochettes humaines). Evidemment même si cela est vrai (c’était quand même la parole d’un président en exercice), la responsabilité est evidemment individuelle et non ethnique. Comme quoi on peut parler de cannibalisme sans nécessairement y voir de l’ethnisme. Je pense aussi qu’on a tendance a sous-estimer le niveau d’obscurantisme dans notre pays .
Merci.
@ELCID Du vivant de feu Pierre Nkurunziza, je ne me suis pas vu confier la responsabilité d’être son porte-parole. Et, après sa mort, je n’ai pas postulé pour être exégète des ses discours non plus. Ce que je fustige, c’est la propension de certains de faire endosser la marque de l’infamie à un groupe ethnique appréhendé dans son ensemble alors que nous savons tous ici le rôle que peut jouer ce genre de démarche dans la logique génocidaire.
J’espère qu’il ne s’agit pas d’un fantasme!
Investiguez sans problème ce qui s’est passé dans la commune Mutumba de Karuzi en 1993? Je connais aumoins un nom de quelqu’un qu’on a bouffé. Certains de ceux qui l’ont mangé ne se sont toujours pas cachés, du moins dans un certain cercle. Seulement, je ne crois pas que le Burundi est prêt pour la vérité!! Le mal est encore profond!!
Assister à des scènes de violence comme montrer des images violentes a pour effets :
1) La propension à agir avec violence ou agressivité: c’est le mécanisme d’amorçage;
2) Atténuer voire supprimer notre seuil de tolérance à la violence: c’est le mécanisme d’habituation;
3) Exaspérer nos sentiments de peur et d’insécurité: c’est le mécanisme du grand méchant monde.
DESMURGET Michel dans L’essentiel Cerveau & Psycho n°8 novembre 2011-janvier 2012.
Il ne faut pas s’étonner que dans la région des Grands Lacs d’Afrique et dans d’autres régions où règne la violence il se produise l’inimaginable.
Note du modérateur
Le tort reviendrait alors sur le journaliste de la Voix de l’Amérique qui a rapporté cette terrible histoire? Il ne fallait rien dire, rien montrer? Iwacu n’a pas diffusé la terrible vidéo…
Iwacu n’a pas diffusé la terrible vidéo mais a choisi d’escamoter mon commentaire. Je suis surpris et déçu.
Note du modérateur
Tous vos commentaires ( du reste très courtois) sont publiés. Vérifiez bien.