Ce mardi 5 février, nous célébrons notre unité. Il y’a eu , le « gouvernement de l’unité », le « chant de l’unité », « le monument de l’unité », et même le « sport de l’unité »,etc. Toute une flopée de symboles. La vie, le monde, ont besoin de symboles.
Lorsque le pouvoir du président Buyoya a entrepris cette politique d’unité, beaucoup parmi ses détracteurs ont dit que c’était « trop peu et trop tard ». Certainement qu’il y’a des critiques à faire, mais il faut toujours commencer quelque part. A moins d’opérer une révolution radicale, sanglante, avec toutes les tragédies qui vont avec, l’humanité procède souvent par des petites avancées, à dose homéopathique.
C’est Rosa Parks qui refuse de céder sa place dans un bus et enclenche la prise de conscience des Afro-Américains.
C’est Gandhi qui, après un parcours à pied de 300 kilomètres, arrive le 6 avril 1930 à Jalalpur, au bord de l’océan et s’avance dans l’eau pour recueillir dans ses mains un peu de.sel. Par ce geste dérisoire et hautement symbolique, il encourage ses compatriotes à violer le monopole d’État sur la distribution du sel. Ce monopole oblige tous les consommateurs indiens, y compris les plus pauvres, à payer un impôt sur le sel et leur interdit d’en récolter eux-mêmes. Le mouvement (non-violent) de contestation de la colonisation britannique est lancé et ne s’arrêtera plus.
Ceux qui ont initié la « politique de l’unité nationale », malgré tous les ratés, méritent le respect de Burundais. Partout, changer « l’ordre ancien » est toujours une entreprise difficile.
Quand j’étais jeune, j’appartenais à un moment de jeunesse (scoutisme) et les aînés nous répétaient inlassablement une phrase simple, mais pleine de bon sens du fondateur : « Laissez le monde meilleur qu’on l’a trouvé. »
En 2005, l’arrivée au pouvoir de l’ancien mouvement rebelle avait sonné comme une promesse de changement, de renouvellement d’une classe politique sclérosée. Pleins d’espoir, nous sommes rentrés . Tout le monde se souvient du retour de ces milliers de Burundais exilés dans les pays voisins, l’Europe, le Canada, etc. Où sommes-nous, aujourd’hui ? Beaucoup d’entre nous ont repris les chemins de l’exil. Selon les dernières statistiques du HCR, près de 400.000 Burundais sont réfugiés.
Plus que d’autres peuples, les Burundais nous sommes très forts pour brûler ce que nous avons applaudi. Pour le moment, il faut tirer sur les pouvoirs passés… A mon avis, il ne sert à rien de pointer les tares du passé. C’est très facile. Pour nos dirigeants notamment, le courage serait d’analyser ce qui n’ a pas été fait pour améliorer la situation.
Le CNDD-FDD a accédé au pouvoir en 2005. Question : aujourd’hui en 2020, est-ce que le pays est moins fracturé, les Burundais plus unis ? Est-ce que les dirigeants actuels ont fait mieux ? La question est ouverte.