L’histoire, triste au demeurant, enflamme les réseaux sociaux burundais. Rapidement résumé, il s’agit d’une collecte réalisée au profit d’un jeune artiste malade, que je ne connais pas ( pardonnez mon ignorance ». L’artiste « est originaire de Buyenzi », le détail a son importance, vous comprendrez pourquoi.
La mobilisation a permis de réunir la somme pour supporter des soins au Kenya. Mais la famille du jeune homme « aurait préféré des soins ailleurs ». Sur les réseaux sociaux, un « hashtag » est vite lancé : « Mpaka i Buraya » ( jusqu’en Europe). Hallali. La curée. Le lynchage médiatique commence. Un déchaînement contre la famille du jeune malade qui donne la nausée. Et les stéréotypes nauséabonds sortent contre la famille de l’artiste « qui veut faire du business », ce qui ne serait pas étonnant avec ces « filous de Buyenzi », tous des « menteurs ces Swahilis ». Sur Facebook, toute une communauté est stigmatisée, insultée. Pour ne rien arranger, la maman du jeune malade sort une vidéo où en swahili elle s’emporte contre les « journalistes ».
Pour ma part, je comprends la colère de la mère, et je ne me sens pas concerné par les pratiques de certains « journalistes ». Les réseaux sociaux permettent en effet à n’importe qui de s’exprimer sur n’importe quoi. Tant mieux. Mais le journalisme est un métier avec une éthique et des règles.
Pour revenir sur le cas de ce jeune homme, il faut dépassionner la question. Que le jeune malade soit soigné au Kenya, en Inde ou au Pérou, si c’est le choix de la famille, qu’on la laisse faire. Je pense que personne ne l’aime plus que ses parents, même s’ils sont « de Buyenzi ». Ceux qui ont contribué ont fait leur devoir, et c’est tout à fait à leur honneur. Je trouve indécent que certains menacent même de « reprendre leurs contributions. » Cette générosité de la peur entache leur geste.
Enfin, cette histoire est douloureuse certes et mes pensées vont vers ce jeune malade. Mais elle reste périphérique. Ce n’est qu’un cas, parmi tant d’autres. On voit des « journalistes » s’agiter, des « hashtags » exploser. Mais si tous ces médias prompts à tirer sur « une famille de Buyenzi », ( c’est facile), se mobilisaient aussi pour s’interroger sur notre système de santé. Que les Burundais puissent se faire soigner correctement au pays devrait être le véritable enjeu. C’est cela qui devrait mobiliser les médias. Mais s’interroger, réfléchir sur des questions de fond ne crée pas le « buzz » à la mode . Au jeune artiste sur son lit de souffrance, je souhaite de bons soins de santé, là où c’est possible.