Je sais que je vais faire hurler plus d’un. Mais la condamnation à la prison à vie de l’ancien Premier ministre burundais m’a laissé un goût amer. Pourtant, la condamnation de cet homme, accusé d’être impliqué dans plusieurs crimes, cet homme qui brillait par son arrogance, l’étalage éhonté de ses richesses dans un pays classé parmi les plus pauvres du monde, aurait dû me réjouir.
Oui, l’homme était hautain, méprisant. Je me souviens, quand j’avais encore le privilège de vivre dans mon pays, j’habitais Kinindo et, pour rentrer, je passais devant l’alimentation, « Fée du logis » (je ne sais pas si elle existe toujours). Lorsque monsieur Bunyoni faisait ses courses, tout était bloqué : des hordes de policiers, armes au poing, nous sommaient de nous arrêter pour que Monsieur fasse ses courses sans être gêné par le commun des mortels.
Je me souviens aussi avec quels dédain et indifférence monsieur Bunyoni a répondu à une question sur la disparition de notre confrère Jean Bigirimana… Bref, comme de nombreux Burundais, je n’ai aucune raison de défendre cet homme.
Pourtant, sa condamnation à la prison à vie m’a laissé un goût amer. J’estime que Monsieur Bunyoni aurait dû avoir droit à un procès transparent, avec une pléthore d’avocats (il avait de quoi payer !), pour que l’on ne dise pas que c’était un procès à charge, qu’il n’a pas pu se défendre. Lui permettre la meilleure défense possible aurait été à l’honneur de la justice burundaise. Mais à la place, nous avons assisté à un procès semi-public, au cours duquel certaines séances étaient entendues à huis clos. Bref, la justice distillait sélectivement ce qu’elle souhaitait pour les Burundais. En fait, la justice a évité un vrai procès public surement très gênant pour le « système ». Personne n’est dupe.
Le procès de M. Bunyoni est instructif au moins sur un point : il met à nu les mensonges et contradictions de tout un « système. » Qu’en pensez-vous?
Diplômé de l’ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de Paris et Lille, Antoine Kaburahe a fondé le Groupe de Presse Iwacu. Il est aussi écrivain et éditeur www.iwacu.site.En 2015, accusé d’être impliqué dans le coup d’Etat au Burundi, comme de nombreux responsables de médias, il est contraint à l’exil. Analyste reconnu, défenseur de la liberté de la presse (membre de Reporters Sans Frontières) ; il poursuit une carrière internationale .
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Je fais la différence entre Bunyoni, un homme comme vous et moi, qui n’est pas au dessus des lois. il y a l’autre Bunyoni, qu’on le veuille ou pas, cet homme était le pilier d’un système qui se veut au dessus des lois ou du moins certains de ses membres ont une certaine liberté d’agir sans que la justice aille mettre son nez dans leurs affaires.
A partir de cette opinion, je peux avancer l’idée qu’on a jugé Bunyoni, justiciable ordinaire, tout en évitant au maximum de juger ou exposer le régime qui lui a donné trop de pouvoir et influence et ouvert pour lui la route des tous les excès. Il y aurait eu de quoi se réjouir, si la justice s’était intéressé à l’homme du sérail.
Cupidité (désir excessif de l’argent) niyo imutuye mu kuzimu !
Cher kaburahe
Je me pose aussi les mêmes questions que vous . D’une part je pense que la justice est toujours à chercher au Burundi. D’autre part je reste un homme avec tous les défauts des hommes et je pose la question suivante : faut il exiger la justice aux fossoyeurs de la justice ? Oui certainement et c’est cela ma réponse définitive
Moi je trouve cette condamnation tres legere, trop legere meme, car il ya surement d’autre crimes plus graves pour lesquels il n’ a pas ete juge.
Cher Mr Kaburahe,
Je suis de votre avis car un procès non équitable et surtout opaque, nie une leçon à tous les Burundais. Ceci donc nous garantie que dans l’avenir, il n’est pas certain qu’un avatar de Bunyoni re-apparaisse.
La tragédie des tragédies Burundaises est que ce petit pays n’apprenne jamais de son histoire et comme on dit, « Qui ignore l’historie est contraint de le répéter »
On aurait du faire un procès transparent au public Burundais et international, suivi d’une enquête pour comprendre comment est ce que il a pu faire ses crimes sans que la loi l’intercepte.
Je pense comme vous Cher Kaburahe.
Mais j’aurais la malhonneteté de mentir que je n’ai pas , dansé exulté, dansé quand j’ai entendu le verdict.
La raison de ma joie: les horreurs commises avec sa bénédiction ou sous ses ordres.
Depuis 2005, ilfaisait partie du cercle fermé des Bihangange qui faisait la pluie et le beau temps.
Est ce que ça rehausse la magistrature burundaise?
Qui oserait poser une naive question.
C’est la même justice qui avait déclaré pince sans rire que Nkurunziza pouvait avoir un 3ème mandat alors que la Constitution n’autorise que 2 mandats. Pourtant après les 2 mandats, notre pauvre Burundi était devenu le pays le plus pauvre et le plus corrompu au monde.
Après ce hold up, on a attribué à …le titre surréel de « Guide Suprême du patriotisme « .
Mes larmes devant le mur de lamentations quest notre journal chéri IWACU💔
La condamnation a-t-elle été prononcée? Si oui, quand? À huis clos?
Si c’est le cas, pour ma part je m’en réjouis. Je suis du principe « Qui tue par l’épée, périt par l’épée. »
Il a été l’un des pilliers qui ont installé ce système, qu’il goutte maintenant au goût des recettes qu’il a concoctées.
J’en pense ceci. Manifestement, il n’a pas bénéficié d’un procès équitable. C’est flagrant. Mais faut-il le plaindre? Sauf pour l’amour de Dieu. La Justice qui l’a condamné, il en est, pour le moins, co-architecte. Il l’a soumise, fait nommer des magistrats partisans, militants, sans éthique, corrompus,… Il est un des fossoyeur de la Justice. Comment pouvait-t-il s’attendre à une Justice équitable alors qu’il l’avait enterrée. H. Radjabu, Bunyoni, … Et demain? Pourquoi, dans un pays dirigés par des dévots, ceux-ci sont aveugles aux signes des temps?
Cher Antoine,
Vous avez bon cœur. C’est bien à votre honneur. En Kirundi, il y a un mot que vous connaissez bien. Awa (sans akâtuzo). Dans le cas de l’homme aux 153*55, awa s’applique. Croyez-moi, je ne compte pas parmi les méchants.
Un poseur d’une bombe 💣 qui est emporté, bien malgré lui, par le souffle de la déflagration, n’est pas une victime mais un suicidaire.
@Otto
» Croyez-moi, je ne compte pas parmi les méchants. »
Là tu as fait ma journée! Il me semble que même Hitler disait pareil, en ce qui le concernait!
…l’homme aux 153*55…
Voici l’antipode de Saint Jean le Baptiste, le prédicateur de Jésus-Christ que celui-ci a qualifié » d’homme le plus grand parmi les hommes nés d’une femme ». Pourtant Jean était vêtu d’une peau de chameau et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Pour tout logis, il n’avait que le sable du désert.