Dimanche 22 décembre 2024

Les billets d'Antoine Kaburahe

BILLET – En attendant l’Eden

12/05/2024 11
BILLET – En attendant l’Eden

Cette photo d’une personne prosternée devant la Bible, enveloppée dans un drapeau du Burundi a fait le tour des réseaux sociaux. Comme tout le monde, j’ai été frappé par cette photo. Je ne connais pas la personne. Mais cette photo me semble un concentré de notre peuple aujourd’hui: un peuple à qui les autorités chantent que « ejo ni heza kuko Imana twayihaye ikibanza ca mbere » (demain sera meilleur, car on a donné à Dieu la première place) et qui a fini par s’en remettre à la Providence.

Certes, la foi ( qui relève du privé !) est importante, elle peut être un baume, un soutien dans l’épreuve. Mais la foi ne doit pas être instrumentalisée, servir d’alibi par ceux qui tiennent les rênes du pouvoir.
Demander aux citoyens de regarder avec « espoir » vers un avenir incertain est une arnaque. Une démission du politique. Le peuple burundais, confronté quotidiennement à des défis immenses, mérite mieux que des promesses mystiques, mieux que l’attente d’un demain qui ne vient pas. L’espoir ne nourrit pas son homme.

Au Burundi, comme ailleurs, le dirigeant politique est appelé à trouver des solutions. L’urgence est dans le moment présent. Le concret. Avoir du carburant par exemple. Cette pénurie du carburant qui est en train de détruire ce qui restait d’une économie déjà moribonde.

Gouverner ce n’est pas prêcher et vendre du rêve. Rassurez-vous, dans notre pays très religieux, prêtres et pasteurs le font bien et remplissent temples et églises tous les dimanches.

Aussi, il ne sert à rien au Président de culpabiliser, de dénigrer et dévaloriser publiquement ses ministres et collaborateurs. Il a la latitude de les changer et construire une équipe dans laquelle il croit au lieu de proclamer toujours sa « solitude » pour expliquer les faiblesses de son gouvernement. Mais pour paraphrase l’autre, avant d’enlever la paille dans l’oeil de ses collaborateurs, il faudrait enlever la poutre dans l’auguste œil… Car, avant de critiquer les autres, il est impératif de commencer par se remettre en question.

La gouvernance est un exercice terrestre qui s’attelle aux besoins matériels et aux droits de ses citoyens. Il ne sert à rien au Président de regretter de diriger « un peuple affublé de tous les maux  ». Un peuple parfait n’existe pas. Les Burundais, nous avons nos tares et nos atouts.

Enfin, le futur s’écrit concrètement aujourd’hui et non dans un lendemain incertain et abstrait. Faire miroiter aux Burundais un avenir radieux sans agir concrètement pour l’améliorer, c’est perpétuer une illusion. Une désertion de la mission première du politique : servir et agir.

En attendant le potentiel Eden, construire aujourd’hui. Il y a urgence.

Diplômé de l’ ESJ (Ecole Supérieure de Journalisme) de Paris et Lille, Antoine Kaburahe a fondé le Groupe de Presse Iwacu. Il est aussi écrivain et éditeur www.iwacu.site.

En 2015, faussement accusé d’être impliqué dans le coup d’Etat au Burundi, comme de nombreux responsables de médias, il est contraint à l’exil. Analyste reconnu, défenseur de la liberté de la presse (membre de Reporters Sans Frontières) ; il poursuit une carrière internationale .

Contact: [email protected]

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Bellum

    Trois citations pour decrire le regime DD.
    1. « La foi peut deplacer des montagnes….oui, des montagnes d’absurdites. » Andre Gide.
    2. « On peut tout faire avec une bayonette sauf s’asseoir dessus. » Talleyrand.
    3. « Siku ya mwizi ni harubaine ». Depuis leur arrivee en 2005, les DD croyaient que le pouvoir c’est les massacres d’innocents et la jouissance uniquement.

    • Clovis Sibo

      Jacques 2:17 le dit bien qu’avoir la foi doit s’accompagner des oeuvres. Dieu part de ce que la personne fait(puisqu’Il nous a donné la force et l’intelligence). Donc ejo heza harakorerwa. Ntivyikora, birakorwa.

  2. Kabingo Dora

    Uvuze Éden mu Burundi ngo baca bakuyora pe !!
    Iki kivuga yuko hamwe Éden Hazard yojayo yopfungwa uwazero 🤣🤣🤣🤣

  3. Ndimubandi

    Quand le Chef de l’Etat vous dit que l’Eden est là, il faut vraiment le croire. Il est là mais pas encore pour tout le monde. Regardez tout ce beau monde qui est en train de s’équiper depuis un quart de siècle en pillant allègrement les ressources financières de l’Etat. Allez-vous leur dire que le Burundi n’est pas un Eden? Non. Il l’est.

    Il est demandé à ceux qui n’ont pas encore vu l’Eden venir de patienter. En 2040, Ils le verront! Eden certum est videbunt!

  4. Samandari

    Lorsque le président de la République vilipende, accuse ses directs collaborateurs de corruption, de mauvaise gouvernance; réalise t ill quelquefois ce que cela implique? ??
    Question existentielle.
    Quel célèbre auteur a dit: IL n’ya pas de mauvais soldats, il n’ya que de mauvais généraux.
    Umukuru ajejwe guhana no gutegeka

  5. Kibinakanwa

    Cher Kaburahe
    Tu écris comme Victor Hugo.
    Uvuze ukuri bk ukurima.
    « SIRE, écoutez la voix des sages…..Vous avez des pouvoirs illimités pour gouverner (bien ou mal) »

  6. Bwarikindi Marie

    Urihenze caaane !
    Ikibazo ni barya bavuga ko igihugu ari cabo !

    Basokuru bari barabugize Iden

    Umwami agiye urazi la suite

    • G

      @Bwarikindi Marie
      « Basokuru bari barabugize Iden »

      Eka nabo nyene ntibari babugize Eden kuri bose; abasigara inyuma ntibabura n’ico gihe kuko na jewe nari muri abo batabona Eden aho iri.

      • Kaziri

        Le Burundi est un petit pays enclavé au centre de l’Afrique.
        Il doit s’organiser et suer pour se développer.
        Cessez d’amener des mots creux venant du Moyen Orient

        • G

          @Kaziri
          C’est quel mot qui est creux? Eden? Attention aux apôtres et prophètes qui risquent de crier au blasphème!

          • Gugusse

            Peut-être qu’un petit voyage en Israël et en Palestine s’impose pour vous, Mr G. Vous comprendrez alors pourquoi les concepts d’Eden et de Gehenne ont été inventés dans cette région. Israël devrait s’appeler Isra-hell. Si je vivais dans cette région désertique, je me serais inventé moi aussi des prophètes qui me promettent de meilleurs lendemains.

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