Par Antoine Kaburahe
« Aucun cas de covid -19 détecté au Burundi à ce jour. » Telle est la position des autorités sanitaires burundaises. Après un sentiment de joie spontané, très vite des interrogations se posent sur cette « exception » burundaise. Car tout autour de nous, les pays voisins sont déjà contaminés. Selon le Center for Systems Science , and Engineering (CSSE) de l’Université Johns Hopkins qui suit en temps réel l’évolution de la pandémie, la Tanzanie compte 6 cas avérés, le Rwanda 8 et le Congo 14.
Certes, le Burundi a déjà pris des mesures, notamment l’arrêt de l’octroi des visas. Mais comme disait le président Macron, le covid-19 « n’a pas besoin de passeport ». Les virus, en général, et celui-là particulièrement, se jouent des frontières…
Le cas de Madagascar devrait inspirer. Comme le Burundi, à ce jour cette grande île ne compte aucun cas. Pourtant, elle a pris des mesures drastiques, dont la fermeture de ses liaisons aériennes avec La Réunion, l’Europe et Mayotte. Humblement, Madagascar reconnaît la « capacité de résilience limitée de son système de santé » et anticipe. L’aéroport du Burundi lui reste toujours ouvert aux vols internationaux. Entouré de pays contaminés, avec des frontières poreuses, le risque est donc grand que des personnes infectées, mais non détectées rentrent au pays.
Plus inquiétant encore, les rassemblements des foules restent toujours autorisés au Burundi. A deux jours des cultes du dimanche, qui réunissent toujours des milliers de fidèles, il faut vraiment s’interroger. Aujourd’hui, on sait que les célébrations religieuses sont des grands moments de propagation du virus. Ainsi, en France, un rassemblement évangélique en février dernier à Mulhouse (Est) a été un important foyer de contamination.
Alors que presque partout dans le monde l’heure est à l’isolement, voire au confinement, est-il raisonnable de laisser les offices se dérouler ce week-end au Burundi ? Dans le quotidien La Libre Belgique de ce vendredi, Marc Wathelet, virologue et spécialiste des coronavirus explique que chaque « personne infectée en infecterait en moyenne 64 autres sur une période de trois semaines. » Le calcul est vite effrayant.
Laisser se poursuivre les rassemblements des foules, lors des cultes religieux notamment est une grave entorse aux règles basiques de santé publique. Les autorités sanitaires et religieuses burundaises devraient prendre des décisions courageuses.
Par rapport au covid-19, le Burundi semble vivre une exception, un état de grâce difficilement explicable mais qui pourrait ne pas perdurer indéfiniment. J’aimerais me tromper bien sûr…