Par Antoine Kaburahe
Il était une fois un prisonnier. Dans une autre vie, l’homme avait été élu du peuple. Un type bien, affable, mais surtout, il avait la langue bien pendue. Comme cela se passe souvent, à force de dénoncer les travers de la société, l’ancien élu du peuple se retrouva dans les geôles de Mbampi. Mais voilà que là, l’ancien élu du peuple, désormais prisonnier, va découvrir des pratiques contraires aux droits des prisonniers. Des détenus sont mis en isolement dans des conditions atroces, inhumaines. L’homme a la langue bien pendue, tout le monde le sait. Au lieu de la fermer comme font (presque) tous les autres, il se met à écrire au directeur de la prison de Mbampi. Et ce qui devait arriver est arrivé. Le prisonnier s’est retrouvé naturellement lui aussi en isolement. Ça ne rigole pas à Mbampi. Personne n’a pris la défense du prisonnier à la langue bien pendue qui demandait juste un peu d’humanité. Même pas un certain Sixte Vigny, très connu jusque-là pour défendre les prisonniers. Certains le disent lointain descendant du célèbre poète Alfred de Vigny. Puisse-t-il relire alors ces deux vers de son aïeul dans La mort du loup, qui semblent adressés au héros de Mbampi :
« …Fais énergiquement ta longue et lourde tâche
Dans la voie où le Sort a voulu t’appeler… »
le boureau est plus malheureux que la victime. la conscience de l’honorable est tranquille parce qu,elle est saine. Les êtres de lumière le bercent chaque jour même dans les souffrances et dans les injustices. Les bourreaux souffrent mais parce que leurs âmes et les intellects sont envahis par des êtres fantômes errants des bas astrales.
Prions pour leur délivrances
Cher Mutima utunganye,
Je ne sais pas d’où vous tirez ces envolées lyriques. Le journaliste et écrivain, Jean Hatzfeld, a exploré la problématique bourreaux-victimes dans ces nombreux livres sur le génocide contre les Tutsis rwandais : Une saison de machettes, La Stratégie des antilopes, Dans le nu de la vie etc. Il conclut que les victimes sont condamnés à vie au malheur alors que les bourreaux vivent tranquille leur vie sans l’once d’aucun regret moral et qui si c’était à refaire ils feraient la même chose.
Catholique invétéré, j’ai suivi en direct sur Radio Maria Burundi, le culte du Vendredi Saint et la Passion du Christ. Le célébrant récite une litanie de prières dont celle pour la libération des prisonniers et j’ai profondément pensé à l’Honorable Fabien Baciryanino qui croupit dans la puanteur de Mpimba ainsi qu’aux nombreux prisonniers politiques abandonnés de Dieu depuis 8 ans et plus. Sans oublier leurs familles souvent réduites à la misère noire ne pouvant plus payer le loyer, l’éducation des enfants, les soins de santé etc.
Quant à la lecture de la Passion du Christ, c’est vraiment l’incarnation de l’injustice à la burundaise. Un jeune homme innocent injustement arrêté, torturé, mutilé, humilié et mis à mort. Avec au pied de la croix, la mère dont le cœur est à jamais brisé comme des millions de mamans burundaises.
Il me semble qu’il y a au plus haut sommet de notre pays un catholique. Il connaît donc très bien ce que Jésus a enseigné à ses apôtres le jeudi saint: »Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».
Nyakwubahwa Président, libère l’Honorable Fabien Banciryanino! Notre Seigneur se souviendra de cet acte que vous aurez fait et vous accordera à son tour sa miséricorde, le moment venu!
Les injustices se perpètrent avec l’habituelle désinvolture. Malgré tout le miel qui enrobe les paroles des dirigeants, il ne fait pas bon se retrouver dans le collimateur de ces messieurs en beau costume. Tant de duplicité ne peut que ronger la société et miner le respect dû – en principe – aux dirigeants. Le peuple ne peut que se dérober et agir, lui aussi, comme bon lui semble.
JerryCan a mis – pour une fois – sa vieille défroque de prédicateur.
Merci Cher Kaburahe.
Tous ces grands qui nous dirigent ont bien lu ton article combien voltarien.
La petite hirondelle qui a voulu eteindre la Kibira avec de l eau dans sa bouche est beaucoup plus umushingatahe que les loups et lions qui n ont rien fait en voyant la Kibira se consummer
« Quand les nazis sont venus chercher les communistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas communiste.
Quand ils ont enfermé les sociaux-démocrates, je n’ai rien dit, je n’étais pas social-démocrate.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes, je n’ai rien dit, je n’étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus me chercher, il ne restait plus personne pour protester. »
Il ne faut pas jouer avec la violation des droits des personnes. Le respect des droits humains est la condition sine qua non à la paix des peuples. Chaque injustice à une personne, la moindre personne, fait le lit des violations massives des droits humains à venir comme le Burundi en a la spécialité. La persécution du juste de Mpimba, l’Honorable Fabien Baciryanino devrait interpeller tous les artisans de la paix. Martin Luther King jr. disait que « le silence face à l’injustice est une trahison ». Ou « l’injustice quelque part est une injustice partout ». Comme la société civile indépendante n’existe plus, il y va de la responsabilité de l’Eglise catholique de défendre un juste comme l’Honorable Fabien Baciryanino comme Barack Obama l’a fait pour Pierre-Claver Mbonimpa. Si l’Eglise catholique ne le fait pas de par sa mission prophétique, qui d’autre le fera puisque la société civile independante n’existe plus. Les organisations internationales de lutte pour les droits de la personne humaine devraient prendre très au sérieux l’injustice faite à l’Honorable Fabien Baciryanino, le juste qui fut la voix des sans voix.