Par Antoine Kaburahe
Il y a eu le « gouvernement de l’unité », « le monument de l’unité », « l’hymne de l’unité » et même… « Le sport de l’unité ». Aujourd’hui, certains de nos concitoyens se moquent de ces symboles qui paraissent parfois naïfs.
Pour ma part, je crois dans la force des symboles. Ainsi, l’histoire retient la poignée de main entre Mitterrand et Kohl le 22 septembre 1984, près de Verdun. Une poignée qui n’effaçait pas Oradour-sur Glane, Vichy , les crimes et trahisons de Papon et autres collabos. Les larmes qui dégoulinaient sur le visage ému d’un Helmut Kohl parlent plus que tous les traités.
Au Burundi, quand « le gouvernement de l’unité » a été mis en place , pour les uns c’était un « soporifique », c’était « trop peu et trop tard ». Pour d’autres, c’était une politique « dangereuse » qui allait mener au « désastre. » Comme si le statu quo était une option salutaire.
On peut comprendre les peurs et les ressentiments des uns et des autres. Les Burundais nous venions de loin. Mais il faut toujours partir de quelque part.
Mais je voudrais parler de cette autre « unité », celle dont on parle peu, parce que justement il n’y a rien à dire.
Celle de ces jeunes qui s’unissent, guidés seulement par l’amour, au-delà des origines. Celle de l’entraide qui se vit au quotidien, sans questionnement. Celle des hommes qui, faute d’ambulance, se relaient pour transporter dans nos campagnes un malade sur « Inderuzo », le brancard traditionnel. Les porteurs ne s’interrogent pas sur l’identité du malade. Ils font ce qu’ils doivent faire.
Certes, on peut ériger des monuments, décider des quotas ethniques et autres pourcentages dans les représentations politiques, etc. C’est important. Mais tout cela est vain quand on ne peut pas simplement vivre l’unité dans son cœur et dans sa vie de tous les jours. Et cela ne peut être le fruit d’une quelconque charte de l’unité. C’est une démarche personnelle.
Voilà, cela semble naïf, mais les Burundais sont nombreux à vivre cette unité-là. Celle qui ne se fête pas, car elle va de soi.