Il ne reste plus rien sur cette terre desséchée par le soleil brûlant du mois d’août. La terre du quartier Gahahe a bu les flaques de ce sang innocent. Presque plus rien de ces trois jeunes vies emportées par une déflagration en quelques secondes. Il reste juste quelques babouches bon marché, maculées de sang, où se délectent de grosses mouches noires repues…
Comme tous les matins, une dizaine de gamins du quartier Gahahe venaient regarder la télé chez le coiffeur du coin. Sympa, selon les témoignages recueillis par Iwacu, le coiffeur laissait les petits s’agglutiner sur les fenêtres de son salon. Pour beaucoup de gamins de ce quartier, une télé est un luxe . Telles des abeilles qui partent butiner les fleurs, tous les matins les enfants venaient rêver sur des images d’ailleurs, voir des films d’enfants, des dessins animés, parfois dans une langue qu’ils ne comprennent pas. Sur cette télé du gentil coiffeur, ils s’évadaient un peu de leur triste quotidien. Hier, on leur a fracassé ce pauvre rêve. Une puissante grenade. Du sang. Des corps déchiquetés. Des gamins qui agonisent. La sidération, puis le silence. Comme toujours. Au revoir les enfants et comme chantait Enrico Macias, » malheur à celui qui blesse un enfant« .