Nomination à la tête de l’EAC, reprise effective des liens avec le Rwanda, visite du ministre russe des Affaires étrangères, …, le chef de l’Etat burundais a marqué beaucoup de points sur la scène internationale depuis trois ans qu’il exerce le pouvoir (18 juin 2020). Cependant, un spécialiste en relations internationales souligne que cette diplomatie d’ouverture doit s’accompagner d’une relève de la machine socio-économique.
22 juillet 2022. La marche n’était pas tant si haute que cela. Après le début de sa politique d’ouverture sur le monde extérieur, de nombreux observateurs politiques avisés se demandaient s’il n’allait pas décliner le poste, à l’instar de son prédécesseur, feu Pierre Nkurunziza.
Malgré quelques absences lors des sommets préliminaires, où il déléguait son vice-président, le chef de l’Etat burundais a tenu parole. « Compte tenu de la nouvelle configuration géopolitique actuelle de cette partie orientale de l’Afrique, et de ce besoin de faire revenir le Burundi sur le devant de la scène politique internationale. Une occasion qu’il ne se serait autorisé de passer à côté », a laissé entendre un cadre travaillant au ministre de l’EAC.
Dans son discours tenu à cette occasion, après sa prise de fonction, le nouveau président de l’EAC, Evariste Ndayishimiye, a promis de renforcer la paix dans la région, la bonne gouvernance et a institutionnaliser les mécanismes d’intervention d’urgence de l’EAC. Objectif : créer un environnement commercial stable et améliorer la vie des citoyens des pays membres.
Il a également invité les pays de la communauté est-africaine à travailler ensemble pour prévenir et gérer les conflits afin d’assurer un bon voisinage.
Gitega/Moscou : Une visite historique
30 mai 2023. Reçu à l’aéroport par son homologue burundais, Albert Shingiro, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, était accompagné par une délégation de 25 personnes dont la plupart étaient des journalistes de médias russes.
Après son arrivée, le ministre russe s’est entretenu avec le chef de la diplomatie burundaise. A la suite de cette entrevue, les deux ministres ont livré un point de presse.
Pour le ministre Shingiro, pour la guerre en Ukraine, le Burundi a opté pour la neutralité. « Le Burundi a choisi d’être du côté des solutions et non pas des problèmes. Nous avons pris une position abstentionniste, une position de neutralité, de non-alignement pour éviter que ce conflit n’atteigne d’autres régions notamment le Continent africain ».
M. Lavrov s’est réjoui des liens de coopération qui existent entre le Burundi et la Russie. Il a précisé que ces liens vont se renforcer, notamment dans le domaine de la santé et l’éducation. « Au vu de l’importance que les Burundais accordent à l’éducation, le quota des étudiants burundais admis dans les universités russes pour l’année académique 2023-2024 va passer à 100 ».
A l’issue de sa rencontre avec le président Ndayishimiye, le ministre Lavrov a déclaré vouloir appuyer la formation de spécialistes burundais dans le domaine de l’énergie nucléaire dans le cadre de la création d’une industrie nucléaire souhaitée par Gitega. Un projet auquel le représentant du Kremlin a promis l’appui de son pays.
Antonio Guterres salue l’engagement de Neva en RDC
En visite au Burundi à partir du 5 mai, le Secrétaire général de Nations Unies a salué le rôle du Burundi dans les processus de la paix dans la région. Il a ensuite appelé à la désescalade en RDC et à la cessation des combats au Soudan.
« Cela exige une volonté politique collective pour s’attaquer aux causes profondes de l’instabilité, de briser le cercle vicieux des conflits dans la région et de mettre à terme le calvaire des populations qui ont tant souffert notamment en République démocratique du Congo », a indiqué Antonio Guterres après une audience avec le président burundais Evariste Ndayishimiye dans l’après-midi du 5 mai.
Il a appelé à l’apaisement et à la retenue. Et d’interpeller les groupes armés locaux et étrangers opérant en RDC à déposer les armes : « Chacun doit en finir avec les discours de haine, œuvrer pour rétablir la confiance et s’abstenir de toute action susceptible de saper les progrès réalisés pour la paix en RDC. »
Pour lui, le Burundi a joué un rôle essentiel dans les initiatives régionales pour la paix à l’Est de la RDC : « Je tiens aussi à saluer le rôle positif du Burundi dans la région et surtout les efforts entrepris par le président burundais en sa qualité de président en exercice de la communauté de l’Afrique de l’Est ».
Notons que le secrétaire général de l’ONU s’était déplacé au Burundi dans le cadre du 11e sommet du mécanisme régional de suivi de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région, qui s’est tenu le lendemain 6 mai à Bujumbura.
Gitega/Kigali : L’accolade tant attendue
4 février 2023. Que du chemin parcouru pour arriver à cette fameuse accolade que certains ont d’ailleurs qualifié « d’historique ». Au vu des nombreuses réactions qui ont inondé la toile après la diffusion par les services de communication de Ntare Rushatsi et du Village Urugwiro des photos du tête-à-tête, on a compris que l’impatience des retrouvailles rongeait Burundais et Rwandais. En témoigne le florilège des messages de félicitation, de sympathie pour ces deux présidents de la République sur Twitter.
« Un geste qui montre que les deux chefs d’État ont compris qu’il fallait être des diplomates réalistes et non diplomates idéologiques », a analysé un ancien diplomate burundais. Finalement, le réalisme politique aura prévalu dans le processus de normalisation des relations entre les deux pays voisins. Plus que tout, notre source rompue à la diplomatie, salue l’approche pour amener les deux parties à briser la glace.
« Avec l’hostilité à l’égard des Rwandais à son paroxysme dans la foulée de la crise liée au 3ème mandat de feu président Pierre Nkurunziza, il fallait choisir le meilleur moment et surtout éviter de ne bousculer personne », a pour sa part confié F.D, officier de l’armée burundaise travaillant à la frontière de la Ruhwa.
Il a indiqué que la sécurité prévalant sur les frontières communes et les répercussions de la COVID -19 sur le commerce transfrontalier serviront de prétexte pour jeter les bases d’une collaboration, jusque-là au point-mort depuis 2015.
Rappelons que la visite du président Paul Kagame s’inscrivait dans le cadre du 11ème sommet régional qui avait réuni tous les chefs d’Etat de la Communauté Est africaine.
Eclairage
Pascal Niyonizigiye : « Une bonne politique intérieure doit être la base de cette politique d’ouverture »
Deux ans après la levée des sanctions de l’UE, Gitega ne bénéficie toujours pas directement des fonds octroyés par les Vingt-Sept. Où se situe le blocage ?
La levée des sanctions contre le Burundi par l’Union européenne a été un grand événement parce que l’UE est un grand partenaire du Burundi depuis longtemps. Mais comme vous le dites, les promesses tenues sont encore loin de s’être concrétisées, ce qui n’enlève rien au fait qu’on observe des résultats positifs de cette reprise des liens.
Mais il faut noter que ces dernières années, nous avons été confrontés à pas mal de difficultés qui impactent aussi bien l’économie mondiale que l’économie européenne en particulier : la pandémie de la Covid-19, la guerre en Ukraine, etc.
Et cela sans oublier que l’Union européenne émet des conditionnalités à la reprise du partenariat qui prévalait avant 2016 liées notamment à la bonne gouvernance, le respect des droits de l’Homme, etc.
Dans cette situation, il va falloir rester patient et voir comment les choses évoluent aussi bien au Burundi que dans le monde.
Fait marquant du bilan de Ndayishimiye sur le plan diplomatique, la visite du ministre russe des Affaires étrangères à Bujumbura tenue le 30 mai dernier. Quelle est votre analyse sur ce déplacement ?
Cette visite a été effectuée dans le cadre d’un périple de M. Sergueï Lavrov dans beaucoup de pays africains. Soumise l’isolement engendré par les sanctions émises par les puissances occidentales qui soutiennent l’Ukraine, la Russie est à la quête d’alliés le monde dit en voie de développement et en particulier dans les anciennes colonies des puissances occidentales en Afrique.
Il s’agit de montrer qu’il y a moyen de créer un monde beaucoup plus juste, beaucoup plus harmonieux, en sortant des logiques néocoloniales. Dans l’histoire, nous retrouvons cette stratégie via l’ex-URSS qui a profité de la défaite des États-Unis dans la guerre au Vietnam pour essayer d’occuper le terrain.
Aujourd’hui, il y a cette volonté de la part de la Russie de réactiver ce réflexe anticolonialiste. Comme les pays émergents désirent proposer leur agenda sur la scène internationale, la Russie en profite pour chercher des alliances.
Et qu’est-ce que le président Ndayishimiye et son gouvernement gagnent concrètement à cette visite ?
La politique diplomatique est une politique d’ouverture sans réserves. Il n’y a pas de conditionnalités spéciales pour engager une coopération avec le Burundi.
Le Burundi accepte volontiers cette coopération avec la Russie et on le voit notamment via les votes à l’Assemblée générale de l’ONU où le Burundi a adopté une position de neutralité, qu’on qualifierait de prudente et qui l’amène à se dire en faveur de la paix et du dialogue comme il le fait pour les opérations de maintien de la paix dans lesquelles il est impliqué.
Le Burundi a en tout cas de quoi se féliciter de cette visite qui fut un succès.
Nomination à la tête de l’EAC, accession à la 3ème Vice-Présidence au sein du Bureau de l’Union africaine, élection à la Vice-Présidence du COMESA, … quel commentaire faites-vous de ce surplus de visibilité à l’international du président actuel ?
Il s’inscrit dans cette optique d’ouverture après l’isolement diplomatique qui a marqué le Burundi suite à la crise de 2015. Il s’agit de rendre le pays plus visible et plus fréquentable.
Au courant de cette année, le président burundais a renoué les liens avec son homologue rwandais qui est venu en visite à Bujumbura dans le cadre d’un sommet régional en février dernier. Le président Neva s’attire également la sympathie de son voisin congolais qui félicite les troupes burundaises présentes à l’Est de la RDC « pour leur attitude exemplaire ». Est-ce la même politique d’ouverture sans réserve à l’œuvre ici ou un jeu d’équilibriste ?
Le Burundi étant à l’interface entre la RDC et le Rwanda, il occupe une place importante qui peut amener à des solutions de modération parce qu’ayant de parfaites relations avec les deux pays qui sont aujourd’hui à couteaux tirés.
Avec son statut de président de l’EAC couplé de ses nominations dans les hautes instances de l’Union africaine et le COMESA, le président Evariste Ndayishimiye a les coudées franches pour mener à bien la réconciliation entre les deux pays.
Comment le Burundi peut-il véritablement tirer profit de cette ouverture diplomatique ?
C’est vrai qu’il y a de la bonne volonté mais comme on dit toujours, il faut avoir les moyens de sa politique. Cette politique d’ouverture doit être appuyée par une gestion interne rationnelle pour que la situation aille de l’avant à l’échelle nationale.
Comme le souligne souvent le chef de l’Etat, il faut qu’il y ait une gestion saine des affaires de l’Etat, des fonctionnaires actifs, une administration bien organisée et que tous les citoyens œuvrent à la production économique.
L’infrastructure socio-économique doit servir de soubassement à cette politique d’ouverture. Une diplomatie dynamique doit partir sur une infrastructure socio-économique solide. Une bonne politique intérieure doit être la base de cette politique d’ouverture.
Une économie en berne
La troisième année du pouvoir du président Evariste Ndayishimiye a été marquée des pénuries répétitives du carburant. Pour résoudre ce problème, son gouvernement a confié l’importation de l’or noir à la Regideso (Régie de production et de distribution d’eau et d’électricité).
Cette entreprise publique n’a pas été suffisamment à la hauteur des attentes des propriétaires des véhicules fatigués de passer des jours et nuits sur des files d’attente devant les stations-services, et de la population épuisée de rentrer à pied suite au manque des bus de transport.
En pleine crise de la pénurie du carburant, la société Interpetrol qui était le grand importateur de ce produit a perdu la confiance du régime de Ndayishimiye au détriment de nouvelles sociétés comme Prestige.
En outre, le Conseil des ministres du 22 février 2023 a adopté le projet de construction des entrepôts pétroliers dans différentes provinces du pays pour juguler la pénurie du carburant. Un consortium des sociétés dirigé par la société émirati « Excel Astra Engineering & Construction LLC » a été retenu pour construire ces entrepôts.
Avant ce Conseil des ministres, le directeur général de la Regideso, Jean-Albert Manigomba, avait annoncé la constitution d’un stock stratégique du carburant de six mois pour résoudre le problème de pénurie répétitive du carburant.
Malgré toutes ces mesures et promesses, la pénurie du carburant persiste dans le pays, ce qui déstabilise la vie nationale. Des longues files d’attente s’observent toujours au niveau des stations-services.
Les devises, cette denrée si rare
Au fil du temps, la carence des devises s’est accentuée. Cela a entraîné la hausse du taux de change sur le marché parallèle et a créé des disparités entre le taux officiel et celui des bureaux de change.
Ces derniers sont allés jusqu’à échanger un dollar à 3870 BIF et l’euro à 3900 BIF alors que le taux officiel était à 2060 BIF pour un dollar. De tels tarifs ont été publiquement affichés devant les bureaux de change ces derniers mois.
Pour stabiliser le taux de change, la Banque de la République du Burundi (BRB) a décidé de dévaluer la monnaie locale, le BIF. Le taux de change officiel est passé de 2082 en avril dernier à plus de 2800 BIF ce 15 juin. Ainsi, le taux dans les bureaux de change est devenu presque identique à celui fixé par la banque centrale.
Cependant, le marché noir a continué de fonctionner à plein régime, proposant un taux considérablement supérieur au taux de la BRB et des bureaux de change, allant jusqu’à 4000 BIF par dollar.
Des cambistes ambulants sont restés présents dans les rues de la capitale économique fixant leur taux du jour très différent du taux de la Banque centrale.
En plus de la réouverture des bureaux de change et la dévaluation de la monnaie locale, le gouvernement a pris la mesure d’autoriser les hôtels à facturer les services rendus aux étrangers en devises.
Les services rendus aux non-résidents par les compagnies aériennes, les agences de voyage, les transitaires, les services chargés des frontières et des étrangers, les services portuaires et aéroportuaires et l’Autorité fiscale ont été autorisés aussi à être facturés et réglés en devises.
Malgré toutes ces mesures, les devises restent une denrée rare au Burundi. Le gouvernement fournit tous ses efforts pour surmonter cette carence des devises.
Ce 12 juin, le premier ministre Gervais Ndirakobuca a accusé les bureaux de change de collecter les devises plutôt que faire de l’échange. Il leur a exigé de déclarer chaque semaine au moins 50 mille dollars ou euros, sous peine d’être rayés de la liste des prestataires dans ce secteur.
Suite aux carences des devises et à la pénurie du carburant, le taux d’inflation n’a pas cessé d’augmenter. Selon la BRB, le taux d’inflation est passé de 19 % en juillet 2022 à 32, 6 % en avril dernier.
La cherté de la vie est devenue insupportable pour la plupart des Burundais. Les prix des denrées alimentaires ont, elles, augmenté de façon exponentielle.
Accord FMI-Burundi pour plus de 200 millions de dollars
Le gouvernement du Burundi et les services du Fonds monétaire international (FMI) sont parvenus cette année à un accord ad-referendum sur un nouveau programme de 40 mois au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC), pour une enveloppe d’environ 261,7 millions de dollars. Des économistes ont salué une « bouffée d’oxygène » visant à soutenir la reprise économique du pays.
Des experts ont prévenu que ce programme de la FMI sera contraignant. Ils ont également estimé que les 261 millions USD du FMI seront largement insuffisants pour couvrir les besoins en devises du pays.
La FMI a exigé la combinaison de politiques macroéconomiques bien calibrées, des réformes porteuses de croissance et de bonne gouvernance tout en tenant compte des vulnérabilités du secteur financier afin de relever les défis multidimensionnels auxquels fait face le Burundi.
Avec cet accord, les autorités burundaises ont planifié un assainissement de la politique budgétaire qui soutient la viabilité de la dette tout en protégeant les populations les plus vulnérables, un retour à l’assainissement budgétaire prévu à partir de l’exercice 2023/24 grâce à des efforts amplifiés de recouvrement des recettes et des économies sur les dépenses courantes, tout en préservant les dépenses sociales et l’accélération des investissements efficaces prévues dans le cadre du Programme d’Investissement Public (PIP) des autorités.
Eclairage
Pour le président du PARCEM, un bilan économique mitigé après 3 années de pouvoir de Neva
Selon M. Ndikumana, l’inflation actuelle est comparable à celle du temps de l’embargo qu’a connu le pays.
Le directeur national de Parcem constate que cette inflation d’environ 30% est causée en grande partie par la pénurie des devises qui entrave la relance du circuit économique et la perturbation de l’approvisionnement des produits de première nécessité comme le carburant, les boissons Brarudi, le sucre etc.
Il déplore toutefois la reprise timide de la relance économique et l’état des infrastructures. Et de saluer la tenue de la deuxième édition du forum national sur le développement avec la vision Burundi pays émergent en 2040 et développé en 2060.
Des actes qui n’aboutissent pas
Faustin Ndikumana estime que le pays manque de cadre opérationnel de la vision que le pays s’est récemment doté avec un système de suivi évaluation efficace : « Il y a toujours eu des visions mais le cadre opérationnel, la planification opérationnelle et sectorielle avec des indicateurs manquent ».
Selon lui, il y a toujours eu plusieurs documents de planification avec la vision 2020-2025 sans parler de la nouvelle vision du pays émergent qui, selon lui, manque d’harmonie et d’orientation au niveau de la planification.
Pour cet activiste de la Société civile, il y a aussi une mauvaise gestion des ressources humaines parce que le slogan « l’homme qu’il faut à la place qu’il faut » n’est pas encore une réalité au Burundi, les nominations continuent à être marquées par une politisation excessive ce qui limite le rendement de l’administration : « les gens qui sont nommés dans des postes variés ne sont pas performants et cela limite la capacité des institutions. La valeur des institutions, c’est la valeur des hommes qui les incarnent », juge-t-il.
Des aspects positifs
Le Parcem se félicite de l’Accord conclu entre le Burundi et le Fond Monétaire International qui a renforcé la transparence de la gestion des devises avec les mesures qui ont conféré encore une fois aux banques commerciales les prérogatives de gérer les devises.
« Dans le temps la gestion des devises même au niveau de l’import-export était devenue un apanage de la banque centrale et d’une poignée d’homme sous influence politique », fait remarquer Faustin Ndikumana.
Mais pour le directeur national de Parcem, le problème fondamental de disposer des devises reste évident parce que les exportations n’ont pas encore augmenté, les investissements directs étrangers n’augmentent pas non plus, les appuis substantiels des bailleurs de fond ne sont pas encore là et le Burundi n’est pas encore éligible sur les marchés financiers.
Toutefois, Faustin Ndikumana affirme que la tentative de renouer les relations diplomatiques avec d’autres pays va ouvrir et renforcer la crédibilité de gestion financière des devises.
Au niveau de la gouvernance budgétaire, Faustin Ndikumana salue la mise en place de l’évaluation PEFA (Evaluation de la Gestion des Dépenses Publique) commandité par le gouvernement pour montrer les défis réels et proposer au gouvernement de se baser sur les résultats de ses analyses pour que la gouvernance budgétaire puisse avoir une amélioration évidente.
Quant à la lutte contre la corruption, le président du Parcem trouve qu’elle se heurte à un cadre légal flou et à une faiblesse du cadre institutionnel.
« La justice ne frappe pas les corrupteurs et les actions de prévention comme la déclaration des biens des mandataires publics n’est pas encore mise en application, la gestion des pratiques comme les conflits d’intérêts et les incompatibilités ne sont pas une réalité et donc il manque de stratégie pour orienter la lutte contre la corruption », se désole Faustin Ndikumana, et d’ajouter que le secteur privé lui n’évolue pas à cause de la collision qui existe entre les hommes politiques et certains grands hommes d’affaires.
Pour ce qui est des secteurs porteurs de croissance comme l’agriculture, le dirigeant de la Parcem trouve qu’une attention particulière devrait être portée au secteur agricole dont les handicaps sont la cause essentielle de l’inflation.
1. Vous ecrivez:« le gouvernement a pris la mesure d’autoriser les hôtels à facturer les services rendus aux étrangers en devises.
Les services rendus aux non-résidents par les compagnies aériennes, les agences de voyage, les transitaires, les services chargés des frontières et des étrangers, les services portuaires et aéroportuaires et l’Autorité fiscale ont été autorisés aussi à être facturés et réglés en devises… »
2. Moi je n’ai pas compris si les etrangers et non-residents DOIVENT PAYER EN DEVISES.
Est-ce que dans un hôtel de Washington on peut payer son café en euros ? Je ne crois pas.
Ils paient en dollars qui est la monnaie de leur pays. Ils changent leurs euros en dollars avant de payer. La logique serait qu’au Burundi, les étrangers et non résidents payent en francs Burundais après avoir échangé leurs dollars ou euros.