C’est ce qu’on serait tenté de dire en découvrant l’état des préparatifs de la première Biennale des Arts de l’Afrique de l’Est au Burundi. <doc2970|left>Jugez : sur les 170 millions de Fbu budget global requis pour la tenue de l’événement (à la hauteur de son importance), seuls un peu plus de 10 millions ont été obtenus… A moins de deux mois de la soirée de lancement. De quoi rester songeur. Pourtant, tous les ingrédients pour la réussite du rendez-vous sont là. Tenez: c’est la première fois que le Burundi accueille la manifestation, qui en était à sa cinquième édition, alors que le pays lui-même célèbre ses 50 ans d’indépendance. Ensuite, pendant les deux semaines de la Biennale à Bujumbura, où se mêleront expositions et arts de scène, plus de 200 artistes locaux auraient l’occasion de présenter leur travail, rejoints par près d’une autre centaine venus des pays de l’Afrique de l’Est : " Pour nos créateurs burundais, apprendre c’est aussi voir ce que font les autres, se comparer " , explique Arthur Cyriaque D. Acydek, secrétaire exécutif de la Biennale et initiateur du projet. En vendant la notion de "dialogue inter-culturel" au sein de la Communauté Est-Africaine tout en permettant aux participants de renforcer leurs connaissances au travers de différents ateliers, le rendez-vous paraît l’occasion rêvée pour les artistes burundais de s’exporter. Déjà, l’un d’eux, Pacifique Ndayiheke, a été retenu pour exposer à Kigali après le passage de la Biennale en Tanzanie. Des soutiens ? Des raisons peuvent expliquer la lenteur d’adhésion des soutiens. Rose Ndayiragije, présidente de la Biennale, évoque principalement les délais de soumission du projet aux bailleurs : " La plupart des contacts ont été établis à la fin de l’année, alors que les entreprises et institutions bouclaient leurs budgets. " Conséquences : " Nous pouvons tout planifier bien des mois à l’avance, mais à la dernière minute, tout tombe à l’eau par manque de moyens ", déplore-t-elle. Pourtant, parmi ceux qui ont été séduits par le projet, le ministère en charge de la Culture. Il a débloqué trois millions de Fbu, accordé le Palais des arts et le Musée vivant pour les expositions tandis que le ministre Jean Jacques Nyenimigabo (avec le Président de l’Assemblée nationale !) signait le prologue du catalogue lançant l’événement. Par ailleurs, l’ambassade de France au Burundi, fière de soutenir un vecteur culturel francophone dans cette Afrique l’Est décidément anglo-saxonne, n’a pas hésité à accorder les locaux de l’Institut français du Burundi pour les deux semaines, et à prendre en charge la soirée de lancement du festival. Et le ministère chargé de l’Intégration sous-régionale dans tout cela ? " Il y a eu un appui moral en signant notre lettre de demande de sponsor ", concède Mme Ndayiragije. " Du reste, " nous attendons toujours la suite de l’accueil enthousiaste qu’a réservé Mme la Ministre Hafsa Mossi à notre projet quand elle nous a reçu", complète la présidente de la Biennale. Malgré l’effort fourni et le formidable enthousiasme des organisateurs de la Biennale, les chiffres restent (très) préoccupants. Plus de 150 millions qui manquent à l’appel au budget initial. Espérons que les "autorités" (publiques et non-gouvernementales) et les entreprises burundaises sauront mesurer l’importance du rendez-vous.