A 18 ans, Bebina Gahimbare a réussi à sculpter des tableaux et autres objets de décor en papier. A la découverte de cette jeune créatrice.
Tableaux, sous-plats, sous-verres, fruits et autres objets de décor, ornés par des dessins illustrant la culture burundaise, tout en papier. Ce sont les œuvres de l’étudiante Bebina Kambimbare, 20 printemps.
Chez elle au quartier Gasekebuye, sur la terrasse… C’est là où elle passe le plus clair de son temps, en dehors des cours, à sculpter, sans l’aide de personne, avec du papier transformé naturellement en une sorte d’argile.
A la base, des papiers déchirés dans des cahiers usés. Elle les fait tremper dans un bassin rempli d’eau et les laisse pendant trois semaines. Déchiquetés, ces petits morceaux de papier sont ensuite séchés dans une machine conçue à cet effet pendant quelques heures. Résultat : plusieurs boules fermes.
Sur une sorte de bâche pliée étendue par terre, elle mélange ces boules en papier avec de l’eau jusqu’à les transformer en une sorte d’argile. C’est avec cette matière qu’elle façonnera ses œuvres. Produit final après plusieurs jours sous un doux soleil : une sculpture dure qui ressemble à un objet en bois.
Le fruit d’une élève « trop curieuse »
Un beau jour en rentrant de l’école, alors en terminal au lycée municipal de Rohero, elle passe sur un objet « bizarre », une sorte de ballon blanc se trouvant sous un arbre. « Trop curieuse que je suis, je touche ce truc et remarque que ce sont des papiers qui se sont endurcis et ont formé une sorte de ballon. Un phénomène qui m’a fort frappé ». Mais le temps de quelques minutes, elle avait oublié, tellement occupée par les examens. C’était en février 2018.
A la fin de ses humanités, le phénomène de « ballon en papier » lui revient subitement. Comme un jeu, elle tente l’expérience à maintes reprises, sans y arriver. Elle n’abandonnera jamais jusqu’à ce qu’elle réussit à avoir une petite boule dure en papier. Toujours grâce à son imagination, elle la transformera en argile et commence à fabriquer des perles pour évoluer vers de grands tableaux. « Bientôt des meubles, des plafonds, si les moyens le permettent ». Elle affirme avoir déjà vendu des sculptures à un prix variant entre 25 mille et 70 mille BIF.
Elle confie que les moyens lui font défaut. Un tableau de grande taille lui coûte plus de 50 mille BIF (papiers et peintures). « Quelquefois, je préfère aller au campus à pied pour épargner les frais de déplacement. »
Bebina parle d’un début très difficile. Sa famille la décourageait : « C’est impossible. Fabriquer un tableau solide dans du papier ? Tu rêves… » Mais déjà passionnée, ces mots la poussaient à continuer.
Aujourd’hui étudiante en commerce et marketing, 1ère baccalauréat, à l’Institut pédagogique appliqué (IPA), elle affirme que le choix de cette faculté lui a été inspiré par sa passion. Le talent d’artiste ne lui suffit pas. « Il faut savoir vendre ses produits ».
Sa maman est son seul soutien : « Au début, je prenais ça comme une perte de temps. Je m’y opposais fermement. Mais au fil du temps, j’ai été éblouie par le résultat. »
Cette infirmière confie qu’elle ne s’attendait pas le moins du monde à ce que Bebina – 2e dans une fratrie de trois enfants – devienne une artiste.