Les rideaux sont tombés sur le programme de consolidation de la paix, BBB, Building Bridges in Burundi, initié en 2017 par un consortium de 4 organisations, dont Help a Child et American Friends Service Committee et exécuté par plusieurs associations et organisations locales.
La réduction des causes profondes des conflits armés, tel était le mot d’ordre de ce programme aux quatre piliers : la résilience économique, la cohésion sociale, la gouvernance locale et la Justice transitionnelle basée la réconciliation communautaire.
Au cours des cérémonies de clôture de ce programme au niveau de la mairie de Bujumbura, certains bénéficiaires à travers des sketches et des témoignages sont revenus sur les principes contenus dans différents modules enseignés comme la tolérance, la cohabitation pacifique, la résolution pacifique des conflits, la communication non-violente et les valeurs d’Ubuntu.
Ce n’est pas tout, il y a eu des témoignages sur l’épargne, les demandes de petits crédits, la création d’associations, l’accès aux opportunités économiques, la création d’emploi, l’initiation de petits projets générateurs de revenus.
Pour Moses Chasieh, représentant-pays de l’ONG, American Friends Service Committee, les résultats atteints sont encourageants et à perpétuer.
« Les acquis mis dans les communautés vont continuer, je ne doute pas. La stratégie de sortie a été mise au point depuis le début de ce programme et c’est par une collaboration avec les autorités à la base et par la mise en place de structures communautaires de suivi même pour la guérison des mémoires, il y a eu renforcement des assistants psychosociaux dans les communautés ».
Une pérennisation est garantie
Le conseiller principal du maire de la ville de Bujumbura, qui affirme avoir suivi de près le programme BBB, s’inscrit déjà dans la capitalisation des acquis.
Ramadhan Nkurikiye se dit satisfait du pas franchi : « Les résultats sont vérifiables sur terrain. Il faut que les comités de suivi aillent vers les autres qui n’ont pas bénéficié de ce programme venu en aide à l’administration dans l’encadrement de la population. Les membres de ces comités de suivi sont aujourd’hui des modèles.»
Mme Géraldine Nindorera, habitant à Musaga, affirme que le programme BBB a changé sa vie en tant que citoyenne : « Avant je ne connaissais rien de l’administration, des administratifs, de la manière de demander audience, je ne participais pas à leurs réunions.»
Mais suite à ce programme et aux enseignements sur la collaboration avec les administratifs, explique-t-elle, maintenant je discute avec eux. « Je prends part aux travaux communautaires. Je peux faire le plaidoyer sur des questions qui se posent. Je sensibilise la population à participer aux travaux d’intérêt commun ».
Autre chose, poursuit-elle, j’ai appris à faire la médiation pour la résolution de petits conflits qui surgissent dans le voisinage, ce qui diminue les affaires portées devant la justice ou à la police.
« S’il y a mésentente dans le voisinage, nous intervenons et l’affaire est réglée, ce qui amène la population à me faire confiance. Et c’est pourquoi je suis cheffe de cellule alors qu’avant je n’y comprenais rien. Dans les jours à venir, ne soyez pas étonnés, je vais me faire élire », promet Mme Géraldine Nindorera avec assurance.
Un autre bénéficiaire affirme être aujourd’hui financièrement autonome grâce au programme BBB, avec son adhésion aux associations où il a appris à épargner et à monter des projets.
« Avant j’avais peur de l’autre ethnie »
Juma Bukuru qui habite à Kanyosha, est fier de clamer haut et fort qu’il a un capital de 600 mille BIF alors qu’il a démarré son business avec deux billets de 10 mille. « Aujourd’hui, mes affaires, je les fais avec des gens qui ne m’inspiraient pas confiance avant, l’autre ethnie. Nous avons compris que souvent, des gens instrumentalisent la jeunesse pour assouvir leurs intérêts ». Pour le moment, insiste ce jeune homme, nous avons réalisé qu’il faut nous unir et grandir ensemble.
Au moment où ce programme de consolidation de la paix BBB, Building Bridges in Burundi arrive à terme, la plupart des bénéficiaires se sont engagés à être ses ambassadeurs et à perpétuer ses acquis.
C’est le cas d’Euphrasie Mbonimpa, vice-présidente du Comité de suivi dans la commune de Muha : « Même si le programme BBB touche à sa fin, ses bénéficiaires gardent ses acquis. Il a beaucoup apporté au niveau du voisinage et de l’administration.»
Avec la mise en place d’un comité pour le suivi afin de pérenniser les acquis, souligne-t-elle, nos actions vont se poursuivre et nous allons continuer à collaborer avec l’administration.
Avant le programme BBB, fait savoir Mme Euphrasie Mbonimpa, le citoyen ne comprenait pas que c’était son droit d’aller demander une audience chez l’administrateur et que cela soit suivi d’actions concrètes.
Grâce à ce programme et aux différentes formations reçues avec les administratifs à la base, note-t-elle, bon nombre d’entre eux se sont familiarisés avec la loi les régissant. « Il y en a qui connaissaient cette loi mais ne l’interprétaient pas correctement et d’autres qui la maîtrisaient mais qui ne l’appliquaient pas ».
Exécuté dans 6 provinces sur financement des Pays-Bas, ce programme de consolidation de la paix, BBB, Building Bridges in Burundi, a touché plus de 16 mille jeunes.
.. »Nous avons compris que souvent, des gens instrumentalisent la jeunesse pour assouvir leurs intérêts… ».
Bravo pour les initiateurs de cette formation. Ah ! L’instrumentalisation : quand la majorité des Barundi comprendront ce phénomène, nos pseudos-politiciens auront du mal à survivre.