Après son lancement en 2022, la Viva Basketball League (VBL) -nouveau format du championnat burundais de basketball- entre dans sa 2e année. Au-delà des aspects sportifs, les amoureux du ballon orange déplorent une gestion opaque des recettes par la Febabu. Iwacu s’est entretenu avec le président du comité exécutif de l’Association de Basketball de Ngozi.
Une année après son début, quel bilan faites-vous de la VBL ?
Il faut s’accorder à dire que la première saison a été initiée en hâte. Il y a eu tant d’improvisations que la programmation des compétitions surprenait parfois les acteurs principaux.
En outre, avec cette nouvelle formule de la VBL passant de 10 à 16 équipes, nous avons assisté à une affluence massive des joueurs étrangers.
Les clubs n’ont pas lésiné sur les moyens pour recruter, injecter beaucoup de fonds, afin d’être compétitifs. Grâce au médium Akeza.Net, le championnat a gagné en visibilité et notoriété.
Un bilan largement positif alors ?
Loin s’en faut ! Par rapport aux responsabilités de la Fédération de Basketball du Burundi (Febabu) vis-à-vis des associations provinciales, il semble que ces dernières, avec cette nouvelle formule, sont totalement délaissées à elles-mêmes. Et ce, à plusieurs niveaux… A titre d’exemple, l’on citera l’organisation des championnats locaux, visiblement qui n’est plus une préoccupation de la Febabu.
De surcroît, elle s’est faite à la va vite, et la finale du championnat national de la LIGUE B n’a pas bénéficié de tous les égards requis. C’est l’unique finale de la saison 2022 où les prix ont été dérisoires. A mon humble avis, je dirais que la saison 2022-2023 a été une saison TEST.
Le 18 février dernier, la Febabu a tenu son assemblée générale ordinaire. Selon plusieurs participants, une simple formalisation des décisions déjà prises. Votre commentaire ?
La tenue d’une assemblée générale ordinaire doit en principe bien s’articuler sur des points cruciaux, dont le bilan financier de l’exercice écoulé et les prévisions budgétaires en tenant compte du programme d’action de l’année qui vient.
Certes, un bilan a été présenté, mais, je doute que cela ait respecté les règles procédurales. Visiblement, le présentateur a semblé omettre certaines composantes ou ne les maîtrisait pas. Il s’est contenté de lire une présentation qu’il n’a pas lui-même confectionnée.
Pour preuve, ce sont les commentaires de l’auditoire. Il ne fait aucun doute que les présidents des clubs et des associations étaient très étonnés par cette volonté d’esquiver la rubrique réservée au suivi et la vérification des finances. Il n’y a pas encore eu de nomination de commissaires aux comptes et, sur l’Agenda, idem pour des propositions de noms à ces postes.
Seront-ils enfin présentés à l’AGO de l’année prochaine ? Je ne sais pas. Sinon, selon certaines indiscrétions, il y aurait une commission finance qui s’est déjà greffée à la trésorerie pour la gestion des fonds provenant des recettes.
Dorénavant la VBL a été étendue de 10 clubs à 16 clubs. Est-ce une bonne chose ?
Je ne pense pas que l’objectif de cette formule soit l’inclusivité : donner une chance aux équipes de l’intérieur du pays de participer à la VBL. Au fil du temps, nous avons compris que le format à 16 équipes a été le résultat d’une volonté d’éviter la relégation de certaines équipes qui, en principe devaient rejoindre la LIGUE B.
L’annonce ayant été faite au cours de l’AGO sans consultations ni débats préalables. Je dis bien sans consultations ni débats, car les responsables des associations provinciales auraient certainement suggéré pas mal de choses. Pour prévenir le risque de ne plus pouvoir organiser de championnats locaux pour des associations ayant l’habitude d’en faire chaque année.
A titre d’exemple, à Ngozi, il y a eu deux équipes qui ont intégré la VBL, ce qui fait qu’il ne reste que 2 équipes dans le championnat de cette association. Avec deux équipes, comment le championnat peut être compétitif ?
Quelles sont les conséquences d’une telle décision ?
Dans certaines provinces, l’engouement pour le basketball régresse. Ils hésitent à présenter d’autres équipes pour remplacer celles qui sont montées dans la VBL. A cela, il faut ajouter que la gestion/l’entretien d’une équipe, les primes de recrutement des joueurs deviennent un casse-tête, et les joueurs exigent des salaires.
Avec la cherté de la vie, la difficulté de joindre les deux bouts du mois, allez donc me trouver un fonctionnaire capable d’injecter de l’argent qu’il ne pourra jamais récupérer, surtout qu’il n’y a pas de sponsoring, et de parrainage à l’intérieur du pays. Le basketball au niveau des associations provinciales risque tout simplement de disparaître.
Le manque de transparence dans la gestion des recettes est souvent évoqué, surtout, les clubs ne recevraient pas la quotité de 40% des recettes prévue par les textes…
Le partage des recettes après les matches a été soulevé par les présidents des clubs ayant participé à la VBL 2022. Le président de la FEBABU a alors rétorqué : « Le partage se fait après le décompte des dépenses engagées. » Pourtant tout est écrit noir sur blanc dans le règlement d’ordre intérieur.
En son article 18 en rapport avec les dispositions financières et droits commerciaux, l’alinéa 8 précise que 50% des recettes vont à la Febabu, 40% pour l’équipe hôte et 10% pour l’association provinciale qui reçoit. Mais, vu que lors de l’AG, les intéressés eux-mêmes n’ont pas réagi dans la foulée, probablement qu’ils ont compris le message.
Quid des infrastructures ?
La VBL ne pourra jamais être bien cotée aussi longtemps que les terrains resteront tels qu’ils sont. A ce niveau, il faut savoir que les infrastructures sportives dépassent de loin la simple volonté des clubs, des fédérations. Il s’agit d’un domaine où les services de l’Etat doivent impérativement contribuer.
Il y aurait une affluence massive des joueurs étrangers s’ils ne craignaient pas de se blesser. Le Burundi se verrait attribué les compétitions internationales.
Le championnat féminin, en « perdition » … Qu’est-ce qui doit être fait ?
J’estime qu’il est grand temps que la Febabu mette en place une politique claire, donne de la voix et des moyens financiers aux équipes féminines de l’intérieur du pays.
Et ce pour stimuler l’esprit d’émulation et de compétition à tous les niveaux, surtout les écoles. Sinon, au regard du manque d’engouement actuel, je crains que sous peu nous n’aurons plus d’équipes en mesure de compétir aux tournois internationaux.
Propos recueillis par Hervé Mugisha
Je souhaite que le President du CE de la Febabu soit humble et communicatif pour le bien de ses prestations et à signaler que son comité l’ aide à surmonter plusieurs défis existants.
Jean Paul/ Président du Club Ishaka.
Parole d’un sage.
Il importe que la Febabu tiennent comptent des considérations de ce vieux loup dans le basketball burundais.
Il faut en outre que la Febabu fasse une gestion transparente des recettes aussi celles provenant dans la vente des tickets que celles provenant des sponsors notamment celles de la Brarudi avec son VBL. De ces recettes, la Febabu doit penser aux Clubs qui dépensent énormément pour recruter et entretenir les joueurs