Lundi 4 mai, à la Maison de la Presse du Burundi, un journaliste d’Iwacu est primé par le CNC pour l’excellence de son travail. Une bonne nouvelle donc. Sauf que le même journaliste vit en clandestinité suite aux menaces de mort proférées par un député. Un de ces paradoxes à la burundaise…
Malgré tout, ce prix décerné à notre collègue, qui vit sous la menace, est certainement un encouragement pour tous les journalistes qui essaient toujours, malgré un contexte difficile, pour ne pas dire hostile, de faire simplement leur métier : informer.
C’est d’ailleurs la recherche de l’information qui a mené nos collègues Christine, Agnès, Térence et Egide, à Bubanza le 22 octobre 2019. Des affrontements avaient été signalés et ils ont fait ce que font les bons professionnels dans la mesure du possible : se rendre sur terrain, constater, interroger, recueillir des témoignages, recouper, afin de donner l’ information la plus complète possible. Ils n’en ont pas eu le temps. Ils ont été arrêtés dès leur arrivée à Bubanza et se trouvent depuis lors dans les geôles de la prison de Bubanza. Iwacu a fait appel de leur condamnation à deux ans et demi de prison.
Ce mercredi, ils passent donc de nouveau devant les juges. Notre souhait est que, cette fois, les juges disent le droit. Nos quatre collègues se sont rendus à Bubanza pour exercer un droit reconnu par la Constitution du Burundi : le droit à l’information. D’ailleurs toutes les enquêtes menées depuis lors n’ont jamais pu démontrer un autre « crime ». Nous attendons cette comparution avec sérénité et espoir.
Au moment où le Burundi est en pleine campagne électorale, ce procès est un bon baromètre du respect de deux valeurs fondamentales dans une démocratie : la liberté de presse et la justice équitable.
A ce titre, le procès de demain va plus loin que le cas de Christine, Agnès, Egide et Térence. Ce mercredi 6 mai, le monde a les yeux rivés sur Bubanza.