Depuis quelques mois, une baisse d’activités s’observe au port de Bujumbura pourtant principale voie d’entrée des importations.Les déclarants et autres employés qui travaillent dans différents services du port de Bujumbura affirment que depuis quelques mois les activités tournent au ralenti. La cour intérieure est presque vide. De centaines de palettes sont entassées sur le sol. Un signe qui ne trompe pas : peu de marchandises y sont entreposées. Chose inhabituelle, alors que le port de Bujumbura est la principale voie d’entrée des importations.
Eliane Kwizera directrice de l’Exploitation à l’EPB, la société concessionnaire de l’exploitation du port de Bujumbura est du même avis.
Selon elle, il y a quelques mois, sa société demandait parfois aux clients d’amener leurs propres palettes, tellement les importations étaient importantes. De plus, souligne-t-elle, peu de voitures sont garées dans le parking réservé aux véhicules importés qui attendent d’être dédouanés.
D’après elle, il y avait toujours un long fil d’attente et des bousculades devant le pont bascule. Mais, ces derniers jours, constate-t-elle, le trafic est modeste. Madame Kwizera reconnaît que le tonnage des marchandises est décroissant par rapport aux mois précédents.
Selon elle, cette situation est accentuée par le déchargement à domicile ou dans des dépôts de plus de 80% des marchandises exportées.
De longues procédures de dédouanement
Pour Jean Marie Kinyarushatsi, directeur d’une agence en douane, cette situation s’explique du fait que les importateurs et les commerçants ne sont pas encore habitués au nouveau système de l’OBR. D’après lui, le fait que certains commerçants travaillaient dans l’informel est la cause de la baisse des activités au port : « Certains de ces commerçants auraient décidé de suspendre leurs activités le temps d’analyser comment fonctionne l’OBR. »
A part cela, ajoute M. Kinyarushatsi, il y a de moins en moins d’appels d’offre, par conséquent, pas de soumissions : « C’est l’Etat qui donne du travail. Si on regarde dans le journal le Renouveau, ces derniers jours, il n’y a presque rien. »
En plus de ces raisons, d’autres déclarants évoquent de longues procédures de dédouanement.« Actuellement, pour dédouaner des marchandises et des véhicules un client doit avoir un NIF (Numéro d’Identification Fiscal), qu’il met deux jours à une semaine à chercher », souligne un déclarant sous anonymat.
Il faut, ajoute-t-il, également avoir deux attestations de non redévabilité l’une des services des douanes, l’autre des impôts. Ce qui prendre encore des jours pour l’obtenir « Tout cela décourage ceux qui veulent importer », avoue-t-il. Jean Marie Kanyarushatsi va même plus loin. Selon lui, le Burundi reste le pays où les procédures de dédouanement restent lourdes dans tous les pays de la communauté Est Africaine.
Et les répercussions…
Eliane Kwizera, craint que si cette situation perdure, l’EPB n’aurait plus une raison d’être. Déjà, précise-t-elle, le port a une capacité de 400 mille tonnes et il n’est exploité que partiellement. Jean Marie Kinyarushatsi indique qu’il a la même crainte : « Beaucoup d’agences vont fermer.
Cela entraînera des répercussions commerciales.» Selon lui, le manque de certains produits de première nécessité, la hausse des prix et la spéculation, sont inévitables tant que les décideurs ne prennent pas les choses en mains afin de résoudre ce problème.
Pour lui, pour sortir de cette impasse, il faut que l’OBR consulte les importateurs et ceux qui possèdent les agences en douane avant de prendre toutes décisions et de créer un seul guichet pour tous les documents exigés pour le dédouanement.