Ce sont pas moins de 420 associations de pêcheurs qui bénéficient des apports du Programme Post Conflit de Développement Rural. Le PPCDR, financé par l’Union Européenne, encadre et équipe les associations des littoraux du lac Tanganyika et des lacs du nord du pays, tout en repeuplant les berges de ces surfaces lacustres.
<doc7798|right>Des actions pour résoudre des problèmes innombrables
L’objectif visé est d’améliorer les techniques de pisciculture en vue d’évoluer vers une pisciculture économiquement viable et rentable. Les actions du PPCDR viennent répondre principalement à 5 préoccupations : (1) les lacs qui se vident à vue d’œil de leurs poissons parce qu’ils sont surchargés de pêcheurs : sur les rivages, tout le monde, ou presque, est pêcheur. Ici, le Programme intervient dans la formation et la sensibilisation pour la création d’activités alternatives : maraîchage, myciculture (culture des champignons), etc. (2) le matériel de pêche utilisé est inadéquat : filets et pirogues qui ne répondent pas aux normes de la pêche, mettant souvent leurs usagers en position de hors la loi; (3) le manque d’équipements, d’où la diffusion de pirogues et de filets modernes et de moteurs hors-bord (lire plus bas) ; (4) des soucis permanents de transformation avec l’usage de méthodes de séchage et fumage archaïque, sans parler de l’absence d’un système de conservation du produit, ce qui a inspiré le PPCDR à fournir du matériel de transformation : fumoirs, claies de séchage et caisses isothermes ; (5) le manque de données suffisantes dans le domaine, poussant le projet à mener deux études : la première, déjà terminée, sur le relevé des fréquences de longueurs du poisson des lacs et, la 2e, en cours, sur le milieu socioéconomique de la pêche qui est un inventaire de tout ce qui concerne ce domaine (intervenants, pêcheurs, matériel, engins, historique, etc.).
Une actualité qui sent le poisson (dans le bon sens du terme) et son avenir
Dans le cadre du microprojet d’appui à la pisciculture intégrée qui est l’un des 11 microprojets identifiés par le PPCDR, les activités d’ensemencement des étangs piscicoles sont en cours de réalisation dans les provinces Kirundo et Muyinga. Ainsi, dans la semaine du 15 au 21 avril, 8000 alevins de Tilapia Nilotica et de Clarias seront ensemencés dans les étangs piscicoles appartenant aux associations réunies au sein de la Fédération Burundaise des Pêcheurs, FBP (n’en manquez pas les détails dans les éditions de la semaine prochaine de vos journaux Iwacu et Le Renouveau). La production de ces alevins de qualité a été encadrée par le personnel du Centre national de développement de l’aquaculture et de la pêche artisanale (CNDAPA/DEPA).
Il a été privilégié l’élevage mono sexué mâle du Tilapia nilotica en raison de son dimorphisme sexuel très prononcé en faveur du mâle. Au point de vue alimentation du poisson/alevins, le PPCDR a appuyé les associations dans un premier temps à s’approvisionner en aliments concentrés afin d’accompagner cette activité d’ensemencement des étangs. 6100 kg d’aliments concentrés de qualité et répondant aux normes ont été distribués aux différentes associations de pisciculteurs en provinces Kirundo et Muyinga. Notons que cette fois-ci, la composition des aliments végétaux distribués est riche par rapport aux aliments de routine du fait que dans la formule, la farine de poisson a été en partie substituée par la drèche de brasserie, le tourteau de coton et de tournesol.
<doc7796|right>Historique bref mais riche
Depuis août 2011, le PPCDR, à travers le bureau AGRER, est en train de mettre en œuvre un projet d’appui technique et institutionnel en faveur de la Fédération Burundaise de Pêche et de la Protection du Milieu Aquatique « FBP ». Il s’agit d’une fédération qui compte en son sein plus de 420 associations dont 200 sont opérationnelles au niveau du littoral du lac Tanganyika et 220 sur celui des lacs du nord du Burundi, principalement les lacs Cohoha et Rweru. Plus de 12.000 membres sont affiliés à la fédération.
L’objectif de l’appui du PPCDR consiste d’une part à aider les associations de la FBP à assainir leur cadre organisationnel et de gestion, d’autre part à aider les associations de la FBP à développer des techniques de pêche respectueuses de la préservation des stocks halieutiques et de l’environnement ainsi que des techniques de pisciculture pouvant permettre de quitter la pisciculture de subsistance pour évoluer vers une pisciculture semi-intensive économiquement rentable.
Le projet couvre 15 communes, à savoir Nyanza-Lac, Rumonge, Bugarama, Muhuta, Kabezi, Kanyosha, Mutimbuzi sur le littoral du lac Tanganyika ; Ntega, Vumbi, Gitobe, Kirundo, Bugabira, Busoni, Bwambarangwe et Giteranyi au nord du pays.
Les principales réalisations à l’actif du projet sont notamment la restructuration de la fédération et le renouvellement de ses organes, l’amélioration de son cadre aussi bien organisationnel que de gestion, le renforcement des capacités en matière de transformation du poisson (séchage, fumage, conditionnement), le renforcement des capacités en matière de pisciculture intégrée (associations fruiticulture- -pisciculture, culture mixte Clarias-Oreochromis, élevage monosexe mâle du Tilapia, empoissonnement des étangs avec des alevins de qualité génétique connue, amélioration de l’alimentation, etc.). Une étude du relevé des fréquences de longueur des captures des poissons est également en cours de finalisation. Les données de cette étude permettront sans doute de mieux comprendre la biologie des principales espèces de poissons pêchés et d’arrêter les meilleures stratégies visant leur exploitation rationnelle.
<doc7797|left>Toujours dans le cadre d’appui à la FBP, le projet a installé des fumoirs chorkors et des claies de séchage au niveau des plages de pêche. Le projet a déjà commandé des pirogues et d’autres petits matériels de pêche dont des caisses isothermes qui seront diffusées la semaine prochaine aux associations ; la fédération va également acquérir des moteurs hors bord.
Four chorkor à Gitaza (Muhuta)
Dans le cadre du renforcement des capacités, le projet compte former les pêcheurs en technique de séchage et de fumage du poisson, il compte apporter d’autres techniques de désengorgement des lacs grâce aux activités alternatives.
Dans ses proches perspectives, le projet compte connecter en particulier les transformateurs et les pisciculteurs avec les autres acteurs des chaînes de valeur pêche et pisciculture. Il compte également apporter sa part de contribution à la protection des ressources halieutiques en revégétalisant certaines berges. Ce qui permettra à terme de protéger les zones de fraie et de refuge de nombreuses espèces de poissons aussi bien littoraux que pélagiques. La FBP envisage en outre de se doter d’un centre de prestation de services « CPS », dont la vocation serait de permettre à ses associations de bénéficier d’un cadre opérationnel d’approvisionnement en matériels et intrants divers, de crédits mutuels, etc.