Incompréhensions et tensions entre l’Etat et l’Eglise catholique sont à leur paroxysme. Pour lever les équivoques, l’Eglise, dans une déclaration, montre sa position.
L’Eglise catholique du Burundi, d’emblée, rejette catégoriquement la campagne menée par la presse étrangère tendant à semer la division dans le pays : « Sa mission est de réconcilier, de rassembler, d’unir… C’est pour cela que nos structures et nos institutions ecclésiastiques ne peuvent pas servir de lieu de conscientisation politique d’une partie de la population contre l’autre. » En outre, l’Eglise reconnaît derechef son adhésion au principe de laïcité de l’Etat : « Ce principe permet de résoudre les conflits de compétence qui peuvent surgir entre un Etat moderne et les Eglises. »
Elle explique le sens de la phrase : « Nous voulons exprimer par là que, loin d’être des nostalgiques du passé, nous sommes prêts à soutenir les décisions dans le cadre de la saine laïcité de l’Etat et dans le respect de notre identité religieuse. » L’Eglise, poursuit la déclaration, ne nourrit aucune ambition de partage du pouvoir politique qui est du ressort de l’Etat. « Elle souhaite simplement exercer dans le respect des institutions du pays les droits de la liberté de religion garantie par la Constitution. »
L’Église appelle à la concertation et à la réconciliation
Dans cette déclaration, l’Eglise soutient pleinement l’appel constat du chef de l’Etat à l’intelligence des citoyens et à leur assiduité dans le travail sans attendre tout de l’extérieur. Par ailleurs, elle affirme que l’aide internationale devrait être accordée sans pressions ni conditions inacceptables pour la souveraineté de notre pays. Et d’ajouter : « C’est dans cette optique que l’Eglise voudrait continuer à offrir sa contribution pour la construction de notre pays sous la direction du gouvernement. »
Selon la déclaration, la crise d’alors entre l’Etat et l’Eglise catholique doit trouver une solution équitable. « Si des efforts de dialogue n’ont pas pu aboutir, si des erreurs ont pu être commises, nous faisons appel à la sagesse de nos dirigeants afin que les valeurs de concertation et de réconciliation, qui ont toujours caractérisé notre peuple, prévalent sur toute autre considération. » Et de conclure : « Nous sommes disponibles pour toute initiative concrète visant, soit à définir un nouveau mode de présence de l’Eglise au Burundi, soit à résoudre certains problèmes posés par la situation actuelle.»
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Source : Mélchior Mukuri, dictionnaire chronologique du Burundi, volume 2, pages 192-193
Ce que je peux dire, est que le fait que Bagaza ait décidé d’agir de cette manière, cela lui aurait tout de même permis d’allonger son pouvoir de quelques années et ainsi préserver pour quelques années de plus la paix et la securite pour notre cher pays!
L’occident, par son allie traditionnel, Vatican, avait planifier d’organiser une revolution a la rwandaise. Le régime Bagaza ayant déjoué leur plan, il leur a fallu des annees pour pouvoir le renverser et ils ont ete oblige de passer par deux personnalites tres fideles au regime, PB ( militaire redouté et CM ( diplomate achevé).
Et ainsi, apres l’avoir renverse, ils ont prepare a leur aise le drame qu’ils avaient planifie!
Ce que je peux dire, est que le fait que Bagaza ait décidé d’agir de cette manière, lui aurait tout de même permis d’allonger son pouvoir de quelques années et ainsi préserver pour quelques années de plus la paix et la sécurité pour notre cher pays!
L’occident, par son allie traditionnel, Vatican, avaient planifier d’organiser une révolution a la rwandaise, le régime ayant déjoué leur plan, il leur a fallu des années pour pouvoir le renverser et ils ont été obligé de passer par deux fidèles du régime ( qui sont PB et CM, un militaire redouté et un diplomate achevé) pour pouvoir mettre en application le plan qu’ils avaient pour le Burundi!
Et ils l’ont fait!
Comme l’Eglise catho n’a pas été phagocitée par Bagaza, pourriez-vous nous dire dans quelle religion il se trouve actuellement ce grand président?
Ma contribution sur le sujet en 2009. Ce n’était qu’une opinion:DU CONFLIT EGLISE-ETAT DU BURUNDI SOUS LE REGIME BAGAZA (1976-1987) :
REGARD RETROSPECTIF ET LEÇONS POUR AUJOURD’HUI
BUJUMBURA, Juillet 2009
INTRODUCTION
L’Eglise du Burundi a eu des démêlés avec l’Etat sous le régime de la deuxième République, c’est-à dire sous la présidence du Colonel Jean-Baptiste Bagaza. Ce conflit s’est exacerbé entre 1984 et 1987.
Je vais essayer, dans le cadre du cours de Systèmes de Résolution des Conflits, porter un regard rétrospectif pour comprendre les causes de ce conflit et voir si ce dernier ne peut pas être bénéfique dans les temps qui sont les nôtres pour la bonne cohabitation entre l’Etat et la Société Civile.
Le choix de ce sujet n’est donc pas sans intérêt. Personnellement, j’ai été d’une façon ou d’une autre touché par ce conflit. D’une part, certains de mes éducateurs au Petit Séminaire de Kanyosha (Bujumbura) se sont vus emprisonnés en 1984 (Abbé NDINZE Magnus et Monsieur RUTUMO Tharcisse). En 1986, les Petits et Moyens Séminaires ont été nationalisés alors que je fréquentais le Petit Séminaire de Mureke (Ngozi).
D’autre part, ce conflit s’est déroulé dans un contexte qui était celui de l’exclusion de certaines élites et populations, de discrimination et des violations des droits de l’homme. En tant qu’étudiant en Droits de l’Homme et Résolution Pacifique des Conflits, cette époque ne peut que m’intéresser. J’aurais dû parler des différents conflits sanglants qui se sont déroulés périodiquement au Burundi. Mais il faut se limiter. Cependant, il faudra vérifier si ces conflits ne se sont pas invités dans la compréhension des relations mouvementées entre l’Eglise et l’Etat du Burundi.
Pour comprendre ce conflit, il m’a fallu non seulement lire les écrits existants sur le sujet mais aussi collecter des témoignages oraux ; la période étant encore proche et présente dans la mémoire des gens. Je m’appuie spécialement sur les écrits de deux prêtres historiens : Feu l’Abbé MVUYEKURE Augustin et Monsieur l’Abbé NIBIMENYA Albert ainsi que ceux de l’historien Jean-Pierre Chrétien.
La question de départ de ma recherche est la suivante : Quelles sont les causes et les leçons du conflit Eglise-Etat du Burundi ? La réponse devra s’inscrire dans l’analyse générale et systématique du contexte et de l’environnement de la naissance et du développement de ce conflit selon la notion de mapping des conflits. Ainsi donc le premier point analyse le contexte socio-économico-démographique du conflit et la définition des acteurs principaux du conflit. Le deuxième point s’attèle à chercher les causes et les solutions du conflit.
I. CONTEXTE DU CONFLIT EGLISE-ETAT DU BURUNDI
I.1. Contextes socio-économico-démographiques du Burundi
Le Burundi se trouve coincé entre le Rwanda au Nord, la Tanzanie à l’Est et au Sud, la République Démocratique du Congo et le lac Tanganyika à l’Ouest. Ce lac se prolonge au Sud du Burundi et vers la Zambie qui abrite un port utile au Burundi (le Port de Mpulungu. Les Barundi aiment appeler leur pays « Mutima w’Afrika (Cœur d’Afrique). D’ailleurs, l’Eglise catholique du Burundi possède une revue dénommée « Au Cœur de l’Afrique ».
La superficie du Burundi est 27. 834 km2. C’est un pays montagneux qu’on appelle « Pays des Mille Collines » au même titre que le Rwanda ou bien la « Suisse d’Afrique ». Le climat y est tempéré et les terres propices à l’agriculture et à l’élevage.
Par conséquent la densité y est une des plus élevées d’Afrique, exactement 288,805705 habitants/km2. Sa population totale est de 8.038.618 habitants . Cette population est répartie en trois ethnies (Bahutu, Batutsi, Batwa) qui parlent la même langue, le kirundi . Le swahili est parlé dans les centres urbains et les rapatriés de la Tanzanie et du Kenya. Les habitants du Burundi jouissent d’une homogénéité culturelle. Les mêmes us et coutumes se retrouvent sur tout le territoire national.
Les Barundi pratiquent la religion chrétienne, musulmane et traditionnelle (religion de Kiranga). Les religions chrétiennes dominent à telle enseigne qu’on a parlé « d’un royaume chrétien dans l’Afrique des Grands Lacs ». Le catholicisme à lui seul représente plus de 65 % de la population totale.
Les Barundi vivent pour la plupart de l’agriculture et de l’élevage. Ils sont pour l’essentiel ruraux. Les villes n’engorgent que moins de 10% de la population. Le Burundi est l’un des trois pays du monde les plus pauvres. Depuis la crise d’octobre 1993 (assassinat du premier président élu démocratiquement), le Produit Intérieur Brut (PIB) a diminué de 3% en moyenne par an, portant à ce jour la baisse cumulée de la production à 30%. Cette régression du PIB a entraîné une réduction du revenu par tête jusqu’à $83 en 2004, alors qu’il était de $214 au début de la dernière décennie . Cette pauvreté risque d’être une source de conflit surtout que la ressource foncière se rétrécit comme une peau de chagrin.
Le Burundi est un ancien royaume dont l’organisation administrative, militaire et culturelle a épaté le colonisateur allemand d’abord et belge ensuite. Son histoire récente est marquée par des tragédies sanglantes entre les Bahutu et les Batutsi . L’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi du 28 aout 2000 a consacré le partage du pouvoir entre ces deux protagonistes.
Dans mon travail, je ne vais pas parler du conflit multiséculaire entre Bahutu et Batutsi, mais du conflit qui a opposé l’Etat et l’Eglise du Burundi.
I.2. Définitions des parties au conflit
Les parties au conflit sont l’Etat du Burundi et les Eglises, spécialement l’Eglise catholique.
– L’Etat
Le Robert Dictionnaire d’Aujourd’hui (1991) définit l’Etat comme une autorité souveraine s’exerçant sur un peuple et un territoire déterminé. Le mot « Etat » vient du latin « status », formé du verbe « stare », qui signifie « se tenir debout », se maintenir, et c’est l’une des raisons de sa nécessité. Socialement, ou politiquement parlant, il est rare que l’homme puisse se maintenir seul ; il lui faut parfois renoncer à son individualité pour se plier à une certaine forme de gouvernement collectif, qui est, en général l’Etat . L’individu renonce à ses droits naturels au profit de l’autorité absolue du roi, de l’Etat que Thomas Hobbes appelle le Léviathan , le Monstre marin. Chaque individu se soumet volontiers à cette autorité par un contrat social sinon c’est la loi de la jungle. L’homme devient un loup pour ses semblables : « Homo homini lupus ». Le pouvoir du Léviathan, de l’Etat est « souverain » au sens où on ne peut en concevoir de plus grand étant donné qu’il est la somme de tous les pouvoirs individuels. Ainsi donc, l’omnipotence du souverain, le caractère absolu de son pouvoir, rend possible l’accomplissement rationnel de sa fonction, c’est-à-dire le maintien d’un ordre pacifique et sûr dans l’Etat .
– L’Eglise
Le mot » Église » [ekklèsia, du grec ek-kalein, » appeler hors « ] signifie « convocation « . Il désigne des assemblées du peuple, en général de caractère religieux. En s’appelant » Église « , la première communauté de ceux qui croyaient au Christ se reconnaît héritière de l’assemblée du peuple élu devant Dieu, surtout pour l’assemblée du Sinaï où Israël reçut la Loi et fut constitué par Dieu comme son peuple saint. En elle, Dieu » convoque » son Peuple de tous les confins de la terre .
Dans le langage chrétien, le mot » Église » désigne l’assemblée liturgique, mais aussi la communauté locale ou toute la communauté universelle des croyants. » L’Église « , c’est le Peuple que Dieu rassemble dans le monde entier. Elle existe dans les communautés locales et se réalise comme assemblée liturgique, surtout eucharistique .
L’Eglise est une réalité spirituelle mais aussi humaine. Réalité spirituelle, parce que corps mystique du Christ, communauté spirituelle et parée de dons célestes. Réalité humaine parce que société dotée d’organes hiérarchiques, assemblée visible et terre . Le Catéchisme de l’Eglise Catholique explique cette réalité dialogique par cette citation de Sacrosanctum concilium (SC) du Concile Vatican II :
« Il appartient en propre à l’Église d’être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l’action et occupée à la contemplation, présente dans le monde et pourtant étrangère. Mais de telle sorte qu’en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin ; ce qui est visible, à l’invisible ; ce qui relève de l’action, à la contemplation ; et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons.»
La législation nationale classe les Eglises parmi les associations sans but lucratif « ASBL » . Les Eglises font partie de la Société Civile.
I.3. Les manifestations de la crise Eglise-Etat du Burundi
Le conflit Eglise-Etat s’est manifesté par différentes mesures dont l’expulsion de presque 300 membres du personnel missionnaire depuis 1979, le confinement des réunions des communautés ecclésiales de base (« Inama sahwanya ») dans les seuls locaux paroissiaux et cela seulement le dimanche, la suspension de l’Hebdomadaire catholique « Ndongozi », la suppression de la messe radiodiffusée du dimanche sur la Radio Nationale, l’interdiction de la messe en semaine sauf pour les mariages et les obsèques, l’interdiction de la plantation des crucifix hors des lieux de culte habituels, la nationalisation de tout l’enseignement privé et surtout des Petits séminaires, l’expulsion des professeurs consacrés de l’enseignement universitaire (de l’Université du Burundi) et de l’emprisonnement de quelques prêtres, religieux et laïcs, etc. D’après NIBIMENYA Albert, « jamais de mémoire de religieux, les relations entre le pouvoir politique et la hiérarchie catholique n’auront été aussi exécrables dans ce pays considéré comme le plus catholique de cette partie d’Afrique. »
La Communauté internationale regardait de près l’évolution de cette situation, surtout les milieux catholiques en Belgique et les réfugiés burundais qui, installés au Rwanda, Zaïre et en Europe, en profitaient pour lancer l’alarme pour que des massacres d’ampleur de ceux de 1972 ne n’éclatent. La situation pouvait paraître d’autant plus inquiétante qu’elle impliquait selon certains observateurs la résurgence d’une tension ethnique entre Bahutu et Batutsi susceptible de déclencher le retour de violences analogues à celles de 1972 qui ont causé la disparition de plusieurs dizaines de milliers de personnes essentiellement d’appartenance hutu . Mais qu’est-ce qui se cache derrière ce harcèlement de l’Eglise par le pouvoir politique sous le régime de BAGAZA Jean-Baptiste ?
II. CAUSES DU CONFLIT EGLISE-ETAT DU BURUNDI
Plusieurs causes sont derrière ce conflit : conception de la souveraineté , kulturkampf c’est-à-dire combat d’un jeune Etat contre les éléments de division et de contestation qu’il croit discerner dans l’Eglise catholique , hostilité ou jalousie de la nouvelle intelligentsia vis-à-vis du poids de l’Eglise catholique , etc.
II.1. L’exercice de la souveraineté
L’Etat exerce sa souveraineté sur le plan national et international ; la présente recherche ne se limitant qu’au premier plan. Les autres intervenants dans la vie nationale ne peuvent donc exercer leurs missions que sous le principe de la subsidiarité. Cependant, l’histoire est pleine d’épisodes où l’Etat et l’Eglise entrent en conflit. Tout au long de son histoire jusqu’à la révolution, la France par exemple a vu s’opposer deux puissances, même au niveau judiciaire, l’Etat royal et l’Eglise . Deux puissances s’exerçaient sur la même population.
L’Eglise du Burundi a hérité d’une situation qui n’est pas totalement différente. Elle a un pouvoir économique et un pouvoir culturel importants. Au niveau économique, l’Eglise Catholique est le deuxième employeur après l’Etat. Au niveau culturel, l’Eglise Catholique gère la plupart d’écoles et quelques journaux . Les statistiques scolaires de 1972 montrent que 73% des écoles primaires sont gérés par l’Eglise Catholique , 70% de l’enseignement secondaire sont assurés par elle . L’Eglise catholique s’occupe non seulement du Grand Séminaire, mais aussi de l’unique Université du Burundi . L’effort socio-médico-culturel et économique de l’Eglise catholique du Burundi devait être apprécié à juste titre par les bénéficiaires . Aujourd’hui, elle possède deux radios qui émettent sur le territoire national : Radio de la Paix et Radio Maria. L’Eglise a construit des hôpitaux et des centres de santé qui sont disséminés à travers tout le pays. D’autres projets de développement socio-économique sont à l’actif de l’Eglise.
Au niveau protocolaire l’Evêque est une personnalité très importante. Aussi les prêtres et les religieux sont très considérés. Il va sans dire que le partage du pouvoir entre l’Eglise et l’Etat fait problème même si la séparation entre les deux institutions est consacrée par la Constitution.
L’historien Jean-Pierre Chrétien fait remarquer que cette « présence multiforme de l’Eglise à tous les niveaux d’une société sous-développée a laissé à la génération (…) aux affaires des souvenirs contradictoires où se mêlent la reconnaissance des efforts dont elle a bénéficié, notamment la formation, et l’agacement devant le style paternaliste qui les accompagnait » . Pour lui, cet aspect psychologique a pesé plus qu’on ne le pense dans les décisions administratives récentes .
II.2. Nationalisme face au contrepouvoir
NIBIMENYA Albert donne une donnée importante dans son étude sur le nationalisme au Burundi. Il lui semble que le conflit n’est que politique. A l’époque, dit-il, les seuls contre-pouvoirs qui osaient de temps en temps s’exprimer et affirmer un discours différent de celui de l’Etat furent les Eglises et particulièrement l’Eglise Catholique . L’Etat et le parti unique UPRONA ne pouvaient accepter, dans leur réaffirmation d’absolutisme total sur toute la gestion nationale, que l’Eglise catholique interfère. Elle était d’ailleurs « considérée comme une sorte de cinquième colonne affidée aux groupes et lobbies étrangers qui menaçaient la souveraineté du pays et dont ils (Etat et UPRONA) se croyaient à jamais délivrés depuis la proclamation de l’indépendance » .
Or, d’après Jean-Pierre Chrétien, l’Eglise du Burundi avait décidé en janvier 1976 de « se mettre en synode », c’est-à-dire de susciter la constitution de communautés chrétiennes de base enracinées dans les voisinages, plus vivantes . Cette réforme s’exprima à partir de 1978 dans des réunions de prières et d’échanges dites « Sahwanya » (Convivialité). Cette pratique ecclésiale n’est pas loin de la théologie de la libération de l’Amérique latine dont l’Eglise était accusée par le régime de BAGAZA de vouloir importer. En effet, comment ne pas avoir peur et dénoncer la proximité de l’Eglise avec les petits, les pauvres, les opprimés ?
Parlant du conflit entre Jésus et la classe dirigeante de son époque, Hugo Echegaray affirme que ce « conflit n’est que la conséquence naturelle de l’option ferme et positive pour une existence fraternelle ; à partir des pauvres et avec les pauvres, sans faire acception des personnes, il vient à la rencontre, interpelle, critique et appelle à la conversion tous les autres membres de la société » . Ce qui est arrivé à Jésus ne pouvait ne pas arriver à l’Eglise ; le disciple n’étant plus grand que son maître.
Cela ne fait-il pas penser à cette idée des missionnaires au Burundi de christianiser les chefs pour protéger le petit peuple des Bahutu ? Dans l’une des ses cartes de visite, Monseigneur Gorju a donné la priorité à la conversion des Batutsi et surtout des Baganwa. La raison est simple : « Tant que nous ne les aurons pas, nous aurons fait bien peu puisque le peuple, y compris nos chrétiens et catéchumènes, restera abandonné sans défense aux injustices et aux exactions et restera privé de ce tout-puissant excitant que serait, pour les Bahutu païens, la conversion de leurs maîtres. »
Les réunions des communautés ecclésiales de base (INAMA SAHWANYA » ne viennent-elles participer à la libération des opprimés, des pauvres ? Cela peut se concevoir d’autant plus que le parti FRODEBU s’est approprié du vocable au moment du courant démocratique du début des années 90 et qu’il s’est dénommé « SAHWANYA-FRODEBU ». L’Eglise a dû céder et appelle ces rencontres « INAMA NSHINGWA MURYANGO » (Communauté-famille).
II.3. L’option socialiste comme mode de gouvernement
Le parti unique au pouvoir, UPRONA avait été combattu et qualifié de communiste par les missionnaires et les colons dès sa création. A l’époque du conflit Eglise-Etat sous le régime de BAGAZA, non seulement ce dernier s’est radicalisé mais aussi il pactisait avec la Chine communiste, la République Démocratique d’Allemagne, le Cuba, la Tanzanie, la Libye, la Roumanie, la Corée du Nord, l’Algérie , etc. sans oublier l’URSS. Le pays avait basculé à gauche. Pour l’Eglise, le communisme n’est qu’une erreur, un ennemi à combattre, pourquoi pas à abattre . D’aucuns pensent que c’est d’ailleurs le Pape Jean-Paul II qui a fait que le communisme s’écroule en Europe de l’Est à la fin des années 80.
Il n’est pas superflu alors de penser que le basculement à gauche du régime BAGAZA ne plaisait pas l’Eglise catholique universelle en général et l’Eglise du Burundi en particulier.
II.4. La question scolaire
La question scolaire est plus importante pour comprendre le conflit des Bahutu et des Batutsi au Burundi et par ricochet du conflit Eglise-Etat. En effet, au départ les Batutsi et les Baganwa n’ont pas afflué à l’école du missionnaire. Seuls les Bahutu ont envoyé leurs enfants à l’école. Rapidement, les choses vont changer. Cela parce que les Baganwa et les Batutsi sont destinés exclusivement à l’administration. Les Bahutu seront par conséquent éjectés de l’administration surtout après la réforme administrative de 1923. Le nombre de chefs Bahutu durant la période allant de 1929 à 1954 passa de 10% à 0% . Après l’indépendance, les choses n’étaient pas meilleures : les Bahutu statistiquement majoritaires (85% de la population) étaient minoritaires dans l’administration et dans les écoles surtout après le pogrom de 1972. Les missionnaires ont dénoncé ces tueries, ces massacres pour ne pas parler de ce génocide. Au contraire, certains prêtres burundais à l’instar de NTABONA Adrien, apposent les scellés sur les événements : « … aujourd’hui encore, il arrive que des propos contribuent, peut-être à l’insu de leurs auteurs, à rouvrir des plaies que tout le monde aurait souhaité voir se fermer le plus vite possible. » D’autres sont derrière le Livre Blanc sorti tout juste après ces événements pour donner une caution morale aux massacres en utilisant la tactique du drible afin de détourner l’attention de l’opinion internationale en faussant les véritables termes de la crise . Ces événements de 1972 seront toujours célébrés de leur façon par certains élèves ou étudiants Batutsi en créant la psychose fin avril de chaque année pour que leurs collègues Bahutu abandonnent les études et fuient vers l’étranger. Comment les missionnaires pouvaient fermer les yeux sur ces violations des droits de l’homme ? Jean-Pierre Chrétien refuse de voir le conflit Eglise-Etat sous le prisme de la confrontation entre les Bahutu et les Batutsi. Pour lui, le fait que les officiers qui conduiront le changement le 3 septembre 1987 étant d’origine tutsi, la réduction de l’opposition entre l’Eglise et l’Etat à un conflit ethnique entre Bahutu et Batutsi, suggérée dans de nombreux articles de presse de ces dernières années, était inexacte . Je ne partage pas totalement son opinion. A l’époque, il n’existait pas d’officiers Bahutu dans l’armée ou dans la gendarmerie qui pouvaient fomenter un coup de force. Mais le peuple n’était pas sans résistance. C’est sous le régime BAGAZA qu’est née à l’extérieur du pays une force de libération des Bahutu (PALIPEHUTU), aujourd’hui connue sous l’appellation de Force Nationale pour la Libération (FNL). Si les Bahutu n’ont pas renversé BAGAZA ce n’est pas parce qu’ils l’aiment mais c’est parce qu’ils n’avaient pas de moyens militaires suffisants pour le faire. Il a fallu attendre les élections de juin 1993 pour changer les choses par des moyens pacifiques. Là aussi pas pour longtemps puisque le 21 octobre 1993, le Président élu était assassiné. Cependant, Jean-Pierre Chrétien lui-même reconnait « que la question religieuse a été comme le miroir de l’ensemble des problèmes sociaux et politiques du pays » .
Revenons à la question dorsale qu’est l’accès à l’éducation. Cette question scolaire s’est radicalisée avec la création des EFI (Ecole de Formation des Instituteurs) où les meilleurs élèves Bahutu étaient orientés et ainsi voir leur scolarité s’achever deux ans après le cycle inférieur des humanités. Seul le chemin des Petits Séminaires restait ouvert pour les enfants Bahutu pour accéder à l’enseignement supérieur. Le non renouvellement de la Convention Scolaire entre l’Eglise et l’Etat signée en 1928 pour 20 ans (renouvelée successivement en 1948 et 1968) et la nationalisation des Petits Séminaires et Séminaire Moyen ne répondaient qu’à cette stratégie discriminatoire. Des filtres qui éliminaient les enfants Bahutu existaient déjà au moment du passage du Concours National qui donnait accès à l’enseignement secondaire . De mémoire, je me rappelle que des dénonciations ont été faites au Sud du Pays précisément à Rumonge et au Nord spécialement dans la province de Kirundo. Des informations qui restent à vérifier font état de l’assassinat pour le même motif des dénonciateurs de Kirundo lors des événements de Ntega-Marangara de 1988. Des réformes ont été initiées depuis avec la politique de l’Unité Nationale sous le régime de BUYOYA (1987-1993). Ici il suffit de citer le fait de remettre les copies aux élèves et la multiplication des collèges communaux à travers tout le pays dans le but de corriger les pervers de la répartition inéquitable des infrastructures et autres ressources scolaires.
III. RESOLUTION DU CONFLIT ET LECONS POUR L’AVENIR
Le règne du Colonel BAGAZA Jean-Baptiste (1976-1987), n’a pas connu des tueries systématiques comme celles de 1972. Cependant, il a été caractérisé par le tribalisme, le régionalisme et bien sûr la brouille avec les Eglises, surtout avec l’Eglise catholique . Le malaise qui régnait, surtout après 1985, a favorisé la préparation de la fin du règne du Colonel. Le 3 septembre 1987 un coup d’Etat a porté au pouvoir le Major BUYOYA Pierre sans effusion de sang. Du coup, le conflit Eglise-Etat était résolu. Le Comité Militaire pour le Salut National, appellation du groupe des officiers qui ont pris le pouvoir dont à la tête se trouve le Major BUYOYA Pierre, a pris les mesures suivantes pour normaliser la situation avec les confessions religieuses :
– Liberté du culte et de la vie paroissiale ;
– Nécessaire concertation avec l’administration locale ;
– Libéralisation annoncée de la vie associative et des médias ;
– Reconnaissance de l’enseignement confessionnel privé ;
– Retour possible des missionnaires expulsés ;
– Restitution des biens de l’Eglise saisis par l’Etat .
Qu’est ce que nous observons aujourd’hui en ce qui concerne les relations entre l’Eglise et l’Etat ? Elles sont bonnes. L’Eglise vaque à ses activités sans être inquiétée.
Cependant, certaines des causes qui ont alimenté le conflit sous BAGAZA restent là.
L’Eglise catholique gère des écoles, des dispensaires, des hôpitaux, des médias. L’Eglise continue à rassembler des chrétiens, cette fois-ci plus nombreux que ceux des années 80. A l’époque, la religion n’intéressait pas beaucoup surtout les intellectuels. Le Pape Paul VI n’avait-il exprimé son inquiétude dans son encyclique « Populorum progressio » du 26-3-1967 :
« De nombreux jeunes, venus dans les pays plus avancés pour recevoir la science, la compétence et la culture qui les rendront plus aptes à servir leur patrie, y acquièrent certes une formation de haute qualité, mais y perdent trop souvent l’estime des valeurs spirituelles qui se rencontraient souvent, comme un précieux patrimoine, dans les civilisations qui les avaient vu grandir.»
Les intellectuels burundais formés en occident ou en Europe de l’Est ont été marqués par le laïcisme ou le matérialisme athée. Ils ont apporté leur modèle sans Dieu au Burundi alors que « c’est l’image de Dieu dans l’homme qui fonde la liberté et la dignité de la personne humaine » . Le Colonel BAGAZA était de ceux-là.
Dans une enquête menée auprès des étudiants de l’Université du Burundi en 1986, apparaît qu’une partie non négligeable des répondants était neutre ou défavorable à l’Eglise catholique .
Le christianisme possède en lui-même les germes du conflit. Il est destiné aux rebelles, aux révoltés contre Dieu, aux fils à la tête dure et le cœur obstiné . La bonne nouvelle est portée aux pauvres, aux captifs, aux aveugles et aux opprimés . Et quand le christianisme s’adresse aux grands de ce monde c’est pour les insulter : « engeance de vipères » , Hérode est appelé renard . Il est demandé aux chrétiens de quelques conditions sociales qu’ils soient (fonctionnaires, douaniers, soldats,…) de partager leurs avoirs avec les pauvres, de ne rien exiger au-delà de ce qui est prescrit, de ne molester personne, de ne rien extorquer et de se contenter de leur solde . Zachée pour avoir compris tout cela promet à Jésus de donner la moitié de ses biens aux pauvres, de rendre au quadruple ce qu’il avait extorqué .
La question que l’on peut se poser est de savoir si ce message pouvait passer dans un pays où les militaires ou les civils avaient tué, pillé, où la fonction publique était discriminatoire et corrompue ?
L’Eglise aujourd’hui comme hier fait partie de la société civile, c’est-à-dire un contrepouvoir. Elle fait partie des groupes de pression. Là où il y a pouvoir, il y a résistance . L’actualité est riche d’événements où la Société civile (Associations de défense des droits de l’homme, associations de journalistes, associations de lutte contre la corruption et les malversations économiques, etc.), se dit harcelée par l’Administration et les agents de l’ordre. Le christianisme a fait des martyrs à travers l’histoire, depuis ses origines jusqu’aujourd’hui. La situation conflictuelle entre l’Eglise et l’Etat est permanente sinon elle est latente.
Les intérêts des deux parties ne sont pas toujours convergents. « Certes, le contrepouvoir de l’Eglise peut ne pas imposer suffisamment de résistance face au droit et bien des lois auxquelles l’Eglise catholique est opposée, mais l’influence des mass média sur les citoyens est réelle ; les religions s’étant librement emparées des médias privés pour atteindre les effets d’une communication de masse. »
IV. CONCLUSION
Le conflit Eglise-Etat est un conflit de pouvoir ou de souveraineté. Sa particularité au Burundi c’est qu’il s’inscrit dans un contexte discriminatoire des régimes politiques successifs envers les Bahutu. Ces discriminations ont abouti à des assassinats et des massacres. Le paroxysme a été atteint en 1993 lors de l’assassinat, le 21 octobre 1993, du premier Président Muhutu élu démocratiquement. Une guerre civile de grande envergure était déclenchée. C’est l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation du 28 août 2000 qui a mis fin à cette guerre. Cette convention préconisait la démocratisation et la modernisation de l’Etat. Est-ce le conflit entre l’Eglise et l’Etat du Burundi était résolu pour autant ? Cette question a été résolue par le renversement du régime hostile à l’Eglise le 3 septembre 1987. Mais les bases démocratiques qui permettent à la société civile en général et aux Eglises en particulier de fonctionner dans la liberté et la légalité ont été posées par l’Accord d’Arusha du 28 août 2000 d’abord et la Constitution du 18 mars 2005 ensuite. En plus le régime issu des élections de 2005 s’appuie beaucoup sur la religion pour asseoir son pouvoir. Une loi propre aux confessions religieuses est en élaboration pour les dissocier des autres ASBL qui sont régis par le Décret-loi n° 1/11 du 12 avril 1992.
Mais les Eglises ne doivent pas se compromettre avec les régimes au pouvoir. Leur Maître ne s’est compromis ni avec l’occupant romain ni avec les groupes juifs de son temps. Par conséquent, il a été tant condamné par les chefs juifs que par les représentants de l’Empire romain . En plus la pratique de Jésus situe le processus libérateur devant la triple espérance de libération de tous les hommes, de chaque homme dans son intégralité, et de la victoire définitive sur la menace de la mort . L’option préférentielle des Eglises pour les pauvres renferme en elle-même un conflit éternel avec les pouvoirs politiques.
@ntsimbiyabandi
1. Je trouve que tu es un bon intellectuel.
2. Certianes analyses semblemt être correctes (i.e « Le conflit Eglise-Etat est un conflit de pouvoir ou de souveraineté ».
3.D’autre analyses sont néanmoins des opinions très discutables.
4.Quel est le point de vue de Bagaza sur la question? Cela nous éclairerait mieux sur les vrais enjeux.
5. Que le Frodebu aie emprunté le code « Sahwanya » ne signifie pas que le « sahwanya » original avait les mêmes objectifs, ni les mêmes concepteurs.
Maigre scientifiquement et intellectuellement nul!
Se base sur trop peu de recherches et très classiques, n’a rien de nouveau, d’originalité, et votre conclusion ( qui n’en est pas une d’ailleurs, car vous semblez expliquer et développer d’autres faits, alors qu’elle devrait être une brève synthèse des idées traitées!),
n’a rien à voir avec le thème de votre sujet, et moins avec cet article!
En plus, ne fut ce que pour le respect de vos lecteurs, vous auriez dû au moins résumer votre contribution avant de publier vos écrits de dix kilomètres dans cette rubrique.
Pour terminer, Ce conflit, comme la plus part des conflits que nous avons connus, leurs causes dépassent de loin nos frontières!! Ca serait plus utile si vous en êtes capable bien sûr, de traiter ce sujet dans cet angle plutôt!
Ahubwo uwo mumenyeshamakuru hari ico atatubwiye. Ubwo ntaco atinye! Pourquoi il ressuscite les faits des années 80! S’il pouvait mieux développer son texte et autrement expliciter les faits en tenant compte du contexte actuel.
Il faudrait rappeler à ces prélats le rôle qui ont joué dans le génocide du Rwanda et dans la pédophilie qu’il continuent d’entretenir. Sont-ils vraiment hommes de Dieu comme vous le dites souvent?
mbega clement, kimenyi uvuga, wibaza ko umuntu yotegura jenoside hanyuma akaba ari we wenyene mu batwaye uburundi ata na »massacres » yabaye imyaka yose yatwaye…?
genda muri bibliotheque usome abatutsi ibihumbi ijana bishwe mu 72 hama usigure ko abo ba « intellectuels hutus » bari babiteguye boba bangana ibihumbi ijana!
turetse n’abahutu nubwo woteranya aba intelectuels afrique noire yose yarifise muri 72 nta bihumbi ijana wotora!
Urabaza ivya ntega na marangara hanyuma usome ivyo mu 93 na gatatu hama wumve nde yishe nde cnk nde yateguye jenoside ya nde…
abeli yari umworozi gahini yari umurimyi clement ntushobora guhindura kahise!
Monsieur le journaliste, merci pour votre article. Pourriez vous nous livrer la source? Vous mettez entre les guillemets des citations sans référence! Et si on vous appropriait ces citations? Vous ne motivez pas votre article, il tombe du haut d’un arbre non?
Merci Mugamba, nariko ndondera Partie I de cet article, ivuye mw’ijuru umugani wawe !
Dommage que ce monsieur Bagaza, en oubliant que il est devenu intellectuel et de conséquence président de la République, aie réagi en vers l’église Catho avec ingratitude. Oui à la laicité de l’état. Mais socialement que serait ce Burundi sans la main forte et agissant des catho? Allons voir aujourd’hui la contribution du catholicisme au Burundi: meme à Bururi chez Bagaza en dehors des structures ecclésiales rien ne va. La fonction de l’église Catho est d’aider les gens à leur croissance intégrale( humano-materielle et spirituelle).
La campagne n’était pas menée par la presse étrangère seulement. C’est celle locale qui a allumé. Bagaza avait un plan de génocider les Hutus le seul obstacle était l’Eglise. Tout le dispositif avait été mis en place. Les sytructures et discours idéologiques pour tuer avaeint été minitieusement mises sen place. ce n’était dnc pas un conflit de pouvoir, maisla volonté tenace de lapart de Bagaza de détruire les témoins gênants qui ne sont pas dans sa cmbine