Mardi 05 novembre 2024

Société

Aveugles et sourds, les oubliés du système éducatif

18/06/2020 Commentaires fermés sur Aveugles et sourds, les oubliés du système éducatif
Aveugles et sourds, les oubliés du système éducatif
Daniel Ntiranyibagira, le premier étudiant aveugle.

Les personnes handicapées représentent 4,5% de la population burundaise. Le pays compte quatre établissements scolaires spécialisés, tous privés. Les aveugles et sourds-muets dénoncent une éducation qui laisse à désirer.

Sur près de 100 mille enfants de moins de 19 ans vivant avec handicap, près de 20 mille sont aveugles, selon un recensement de 2008. Quatre aveugles sont à l’université, jusque-là.

Le président de l’Association pour la réintégration sociale des aveugles au Burundi (Arsab), Daniel Ntiranyibagira, relève, au niveau national, quatre établissements scolaires qui accueillent les personnes handicapées surtout les aveugles et sourds-muets. Ils sont répartis à Bujumbura, Gitega et Gihanga dans la province Bubanza.

Ce premier étudiant aveugle affirme que le manque de matériel scolaire spécialisé pour les aveugles est un grand défi. Pour lui, le plus important n’est pas qu’il y ait de nombreux établissements. Ces écoles devraient être renforcées en matériel et enseignants qualifiés. « Il faut une formation des enseignants dans l’écriture braille, une écriture fondamentale pour les aveugles».

M. Ntiranyibagira déplore aussi qu’aucun manuel ne soit traduit en écriture braille. « Quand j’étais à l’école secondaire, je ne pouvais utiliser aucun manuel comme les autres. Les enseignants me donnaient les notes sur une clé USB pour les lire avec ma machine vocale. » Mais il assure que la plupart des personnes handicapées n’ont pas les moyens de s’offrir un ordinateur portable.

Une avancée mais encore du pain sur la planche

« Au Burundi, en général, les personnes handicapées n’ont pas de chance d’être scolarisées comme les autres », affirme Vianney Kirajagaraye, responsable de l’insertion socioéconomique au sein de l’Union des personnes handicapées du Burundi (UPHB).

Il estime, toutefois, qu’il y a eu une légère amélioration, depuis l’instauration du projet de l’éducation inclusive en 2010. C’est depuis 2012 que les enfants aveugles et sourds-muets ont commencé à faire le concours national. La première promotion est sortie l’année dernière. Certains ont commencé l’université.

Cependant, il reste du pain sur la planche. Les défis sont toujours nombreux dans l’éducation des personnes handicapées, d’après ce responsable qui présente un handicap physique.

M. Kirajagaraye déplore que l’Etat n’ait pas encore intégré les moyens de communication des aveugles et sourds-muets dans l’enseignement. « Les manuels scolaires ne sont pas traduits en écriture braille. Les enseignants ne savent pas communiquer en langage des signes pour les sourds».

Les établissements scolaires spécialisés sont très insuffisants, observe Vianney Kirajagaraye. Les sourds comptent deux écoles au niveau national : celle de Gitega et de Bujumbura mairie. Trois centres pour les aveugles de Gihanga, Gitega et Bujumbura. Tous ces établissements sont privés. Aucun établissement public. « Or, les privés ont des moyens limités. D’autant plus que le matériel est importé et par conséquent coûte cher».

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 2 943 users online