Mardi 24 décembre 2024

Politique

Aveu de faiblesse

28/04/2015 11

Lundi dans la matinée, lorsque je dénonçais la descente de la police à la Maison de la Presse pour arrêter une émission animée par quatre radios indépendantes, j’étais loin de m’imaginer que quelques heures plus tard, le pouvoir allait carrément fermer une station : la RPA.

La radio RPA assiégée. Des policiers escaladent les mur du bâtiment abritant la radio ©Iwacu
La radio RPA assiégée. Des policiers escaladent les mur du bâtiment abritant la radio ©Iwacu

En fermant la radio la plus populaire du Burundi, le pouvoir en place veut montrer sa force, sa détermination, faire peur, faire taire, nous pousser à l’autocensure. C’est classique, de Pyongyang à Asmara…

Mais, paradoxalement, cette décision est un aveu de faiblesse. On montre la force lorsque l’on a peu d’argument. Si la RPA a des manquements, le Burundi dispose en effet d’un Conseil National de la Communication qui pouvait la ramener à l’ordre et, le cas échéant, la punir. Au lieu de saisir le CNC, on envoie une escouade de policiers surarmés fermer la station.

Les paroles du président Obama qui plaidait pour des « institutions fortes en Afrique » ont tout leur sens. Au Burundi, nous avons toutes les institutions dignes d’un Etat de droit.

Mais, en réalité, c’est de la cosmétique démocratique. Pour la consommation externe, on se donne toutes les apparences d’une démocratie. En effet, que valent toutes ces institutions, ignorées, méprisées par ceux-là même qui devraient les faire respecter ?

Or, les Burundais ont peur. Avec raison. Les tueries ne sont pas des rumeurs. Il y a eu déjà passage à l’acte. Ainsi, dans la nuit de dimanche à lundi, dans le quartier Mutakura (nord) des escadrons non identifiés ont tué des gens chez eux. C’était la nuit, les victimes n’étaient pas en train de manifester…

Enfin, selon des informations crédibles, d’autres médias indépendants, dont Iwacu, seraient dans le collimateur.

Tout ceci engendre un climat lourd, peu propice à des élections sereines. Pourtant, « Amatora azogenda neza » (les élections vont bien se dérouler), c’est le crédo du président Pierre Nkurunziza. Aujourd’hui, je m’interroge…

Forum des lecteurs d'Iwacu

11 réactions
  1. Rutebuka

    Tels des singes dans la jungle, ces « garçons » n’ont rien perdu de leurs agitations animales. Nous sommes la risée de la sous-région. L’exercice de la forêt a vraiment pris…!

  2. haha

    Abaharanira agateka km abana murih? A bari mwibarabara nkabose nabana.jewe ngira nitwarire amashirahamwe aharanira agateka km abana! @@

  3. haha

    Mbe ko harabantu nama baririmba musiheze ko bari prêt à mourir. Mwomenya barih ubu ko batanavuga. 80% des manifestants n abana. Qui est fier de ça? Please va mugacere

  4. Gima

    En 1993 il y avait seuls les sans échecs qui faisaient la loi et le carnage. En 2015, il y a les sans échecs (msd &cie) d’un coté, toujours armés, et les jeunes du cddfdd de l’autre, communément appelés imbonerakure, sans armes. Jugez vous-mêmes: qui veut la paix, qui veut la guerre ?

  5. Ismael Bangoura

    Eeeh chers amis du Bouroundi, votre pays traverse sa crise la plus profonde. Cela me rappelle mon pays la Guinée Conakry quand le capitaine Moussa Dadis Kamara au pouvoir transitionnel voulait à tout prix se faire élire. Des manifestations anti sa candidatures se sont produites dans Conakry et partout dans le pays. Voilà que l’homme a ordonnée à son armée de mitrailler et violer les Guinéens qui manifestaient au stade de Guinée dénommé aujourd’hui stade des martyrs. Quelques jours plus tard, l’O.N.U a organisé une mission internationale qui devrait venir enqueter sur les crimes perpétrés par ces manifestants. Cette mission des droits de l’homme était conduite par une femme du Bouroundi qui se prénomme Mme Françoise ngedahayo. Et vous aussi Bouroundais, la milice proche du pouvoir bénéficie des armes et la police mitraille les manifestations. Demandez à ce qu’il y’ait enquete de cela et vous verrez que votre président sera dans les mauvais draps jusqu’à sa destitution!

    • Baobab

      @Ismael Bangoura
      « Cette mission des droits de l’homme était conduite par une femme du Bouroundi qui se prénomme Mme Françoise ngedahayo »
      Merci pour le soutien cher ami!
      Mais je crois que notre compatriote Françoise Ngedahayo a perdu sa langue, entre temps!
      En attendant, nous espérons que ce mauvais moment ne va pas trop durer, comme ce fût le cas dans votre beau pays!

    • Gatwe

      Que tu sois guineen ou pas, il ne faut pas t’improviser pour parler de ce que tu n’as pas bie suivi. Seuls les manifestants sont armés de grenades et de couteaux (confer bilan de la police et de l’armée). personnes n,a mitraillé les manifestants comme tu le dis. Plus de 200 manifestants ont ete deja apprehendes, armés!.Ndazi ko uri umurundi, ariko guhengama sico kizana amahoro twese tunyotewe, na ww nyene ukokeza urimwo. Gatwe E.

      • Nzobandora

        200 manifestants armés???Hama mukwivuna amasase na lacryomogène bagatera amabuye??
        Personne n’a mitrallé les manifestants???Complètement taré le mec!!!

  6. Bwiza Claude

    Cher Nkurunziza Pierre, je te récite un poème que tu connais déjà.
    « On peut tromper une partie du peuple tout le temps, ou tout le peuple une partie du temps. Mais on ne peut pas tromper tout le peuple pendant tout le temps »!

  7. burka

    oui on s’interroge aussi. On a affaire à des cons enragés.

  8. mutama

    Pourquoi vous verouillez la 3È Journée de manifestation, est-ce une erreur?

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Que la compétition politique soit ouverte

Il y a deux mois, Iwacu a réalisé une analyse de l’ambiance politique avant les élections de 2020 et celles à venir en 2025. Il apparaît que la voix de l’opposition est presque éteinte. Il n’y a vraiment pas de (…)

Online Users

Total 2 047 users online