Mardi 05 novembre 2024

Environnement

A Gitega, une association qui se propose de gérer les déchets sur la défensive

Accusée par la population de Musinzira de construire des sites de transit des déchets sans se soucier de la santé des habitants, l’Association Villageoise d’Entraide et de Développement Communautaire contre-attaque.

Nestor Mburente montrant les briquettes combustibles transformées à partir des déchets par son association ©Iwacu
Nestor Mburente montrant les briquettes combustibles transformées à partir des déchets par son association ©Iwacu

Selon Nestor Mburente, représentant légal de l’AVEDEC, la construction des sites de transit des déchets de la ville de Gitega s’intègre dans le projet de l’Unité de Valorisation des Déchets dans la Ville de Gitega ( UNIVAG ).Cofinancé par l’ambassade de France au Burundi via des crédits déconcentrés du Fond Social pour le Développement et AVEDEC ,ce projet se réfère au Plan Communal de Développement communautaire 2ème génération de la commune de Gitega, objectif N°4, validé en février 2013.

Répondant à ses détracteurs qui accusent AVEDEC d’avoir reçu des financements auprès des bailleurs européens et soudoyé les autorités administratives ,il indique que loin d’empocher les fonds, l’association contribue à plus de 45% dans ce programme de valorisation des déchets : « AVEDEC n’a aucun intérêt particulier à tirer dans ce projet si ce n’est qu’appuyer l’administration locale dans l’exécution de son plan de développement. C’est pourquoi dans l’exécution de ce projet la contribution de la commune a été l’identification et la localisation des sites de transit après consultation des services habilités notamment l’urbanisme », explique-t-il.

Il s’étonne par ailleurs de ces contestations par la population du quartier Musinzira qui jurent par tous les saints de combattre l’implantation des sites de transit des déchets dans ces deux localités. « Si ces personnes ne veulent pas de nos services, nous ne pourrons jamais leur en imposer, nous les offrirons à ceux qui en voient l’intérêt. Ceux de Muyinga , Kayanza, Ngozi et Rumonge qui sont au courant de notre expérience nous les réclament »,a-t-il fait savoir. Il continue de justifier que les déchets constituent une nuisance visuelle presque omniprésente et posent de graves problèmes pour l’environnement et la santé humaine  entre autre la pollution de l’air et problèmes respiratoire lorsqu’ils sont brûlés, imperméabilisation des sols, pollution des nappes phréatiques lorsqu’ils forment de grands dépôts sauvages dans les quartiers.

« Ils devaient nous encourager au lieu de nous combattre »

Pour ce responsable, ce projet correspond à la collecte des déchets dans les quartiers de la ville par des associations locales. En échange , chaque ménage devait payer 1500 FBU par mois à des associations qui collectent, font le tri et transportent les restes des déchets non valorisables vers un site de décharge à l’extérieur de la ville . Ces dernières sont formées et encadrées par AVEDEC. A la question de savoir pourquoi ces sites sont érigés au cœur des quartiers, Nestor Mburente indique que c’était pour limiter les frais de déplacements et de réduire la quantité des déchets finaux qui seront transportés vers l’extérieur de la ville. Il ajoute aussi que ce système est organisé pour réduire les coûts au maximum pour les ménages. « C‘est plus cher que de transporter ces immondices à l’extérieur de l’enclos de la maison, mais avec le projet, elles sont mieux gérées et ne mettent pas en danger la santé des habitants ».  Il appelle, en outre, la population de la ville de Gitega en général et celle du quartier Musinzira en particulier à soutenir ce projet au lieu de le combattre « Au lieu d’être source de maladie et d’insalubrité, ces immondices seront transformés en compost et en briquettes combustibles, ce qui contribuera à réduire la déforestation encouragée par la recherche du bois de chauffe»,a assuré ce même représentant de l’AVEDEC.
Malheureusement cet appel de soutien reste sans effet. Dans ce climat de contestation, un autre quartier vient d’entrer dans la danse, le site situé dans le quartier Shatanya a été partiellement brulé par des personnes jusque là inconnues.

Forum des lecteurs d'Iwacu

3 réactions
  1. Gakanya

    Cher BURIHABWA?, le site de valorisation de déchets ne doit en aucun cas se trouver un milieu du quartier. De plus je ne sais pas si tu connait la ville de Gitega, la raison évoquée de coût de transport est difficilement soutenable vu la petitesse de ladite ville.

    • Pour répondre à la question de « Burihabwa » : les analyses et discussions qui ont précédé le projet ont proposé de travailler avec 5 quartiers pilotes dans Gitega. Ces discussions ont été menées courant 2012 et début 2013 avec l’ensemble des acteurs qui ont accepté de participer au projet. La pression foncière importante n’a permis pour le moment d’équiper que 2 quartiers, qui sont ceux cités (même si de nombreux sites semblent inoccupés, rares sont ceux qui sont effectivement disponibles pour le projet).
      En ce qui concerne le positionnement des sites, cela va effectivement dans le sens de la diminution des coûts pour les habitants. En effet, même si la ville de Gitega est relativement peu étendue, il n’est pas pensable de récolter tous les déchets chez les habitants et restaurants et de les transférer directement à l’extérieur de la ville sans bénéficier d’un véhicule motorisé pour le transport (cela représenterait environ 5 allers-retours par jour avec un camion benne pour un seul quartier). Or, pour rentabiliser un camion et le carburant, il faudrait que les habitants payent des redevances énormes, qu’ils ne sont pas prêts à payer aujourd’hui. La solution retenue est donc de centraliser les déchets (avec des charrettes), de les trier et d’en réduire la quantité avant de les envoyer à l’extérieur de la ville.

  2. Burihabwa

    Qui peut me répondre? Pourquoi les quartiers de Musinzira et Shatanya reffusent cette activité alors que les autres ne s’en pleignent pas? Peut-être que la question se trouve ailleurs.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Enrôlement des électeurs. Entre fatalisme et pessimisme

Alea jacta, les dés sont jetés. La période d’enrôlement qui avait officiellement commencé le 22 octobre a pris fin ce 31 octobre. Se faire enrôler est un devoir hautement civique et citoyen en vue de reconduire ou renouveler la classe (…)

Online Users

Total 2 970 users online