« Aujourd’hui, on ne sait pas s’il faut lier la nouvelle loi sur la presse à ce qui arrivé à nos confères », a affirmé, dubitatif, Patrick Mitabaro, rédacteur en chef de la radio Isanganiro, en faisant allusion aux ennuis judiciaires des journalistes Evariste Nzikobanyanka et Janvier Harerimana (tous deux de radio Isanganiro) ainsi que de Lucien Rukevya (RTNB), victime d’un enlèvement.
Dans le cas d’Evariste Nzikobanyanka, interrogé à propos d’un reportage sur des cas présumés de corruption dans le règlement de litiges fonciers entre résidents et rapatriés par l’antenne locale de la Commission Nationale des Terres et Autres Biens (CNTB) à Makamba, Gabriel Nikundana, directeur du centre de formation des médias (CFM), précise: « J’ai écouté le reportage et il n’y avait rien de grave. C’est peut-être parce que qui veut noyer son chien l’accuse de rage. On dirait que la loi du 4 juin était attendue avec impatience par les ennemis de la presse. En dix jours, on a assisté à un enlèvement, à la convocation de deux journalistes par la police et la justice. Au rythme où vont les choses, quels sont les médias qui seront encore en activité sous peu? Cependant, je garde espoir car la presse a déjà franchi un grand pas. Et puis, tout le monde a eu à redire sur la nouvelle loi sur la presse, jusqu’à New York, au siège des Nations unies. Quoi qu’il arrive, il faut faire son travail professionnellement et rester prudent parce qu’on veut les pousser à la faute ».
Pour Alexandre Niyungeko, président de l’Union Burundaise des Journalistes (UBJ), la situation est « très préoccupante », mais « il ne faut pas céder à la panique ». Il a encore déploré le silence du Conseil National de la Communication (CNC) sur le reportage ayant valu des ennuis judiciaires au journaliste de Isanganiro.