Les feux de brousse, l’occupation humaine illégale, le déboisement … La réserve forestière de Vyanda est menacée.
« Chaque année, la réserve forestière de Vyanda-Rumonge perd plusieurs hectares à cause des feux de brousse», affirme Mamert Sabushimike, président de l’association des amis de la nature (AAN).
Les causes sont les éleveurs à la recherche des pâturages ou des espaces cultivables mais aussi le braconnage : « Pour encercler les animaux sauvages, les braconniers font recours aux feux de brousse, d’autres le font juste pour s’amuser. »
Pire, plus de 260 ménages sont installés illégalement dans la réserve depuis 1993, selon Charles Nahimana, administrateur communal de Vyanda, province Bururi : « Certaines terres ont été octroyées par Samuel Manoti, administrateur de l’époque, à des familles originaires de Bujumbura, Kayanza et Gitega. » Sur les collines Gakere, Karirimvya, Karehe, on voit des champs de haricots et de manioc.
Enfin, il y a le déboisement : la destruction d’un boisement de la colline Gitwazo, zone Binyuro en est l’illustration. D’après un des menuisiers sur place, les travaux ont commencé depuis janvier 2014.
Les conséquences sont catastrophiques: alors que la réserve s’étendant sur les communes Vyanda et Rumonge avait 4500 ha en 1982, elle est réduite à 3900 ha avec le dernier décret présidentiel de 2011.
Conséquences sur la biodiversité
La biodiversité est menacée. Pour M. Sabushimike, avec les feux, les bactéries indispensables dans la fertilisation du sol sont détruites. Des arbres rares comme les brachystegia, le pycnanthus angolensis, albizia, grandibracteata dont l’écorce sert de nourriture pour les chimpanzés disparaissent. Certains arbres produisent de l’azote, utile pour la croissance des autres plantes et la fertilisation du sol. Sans cet élément chimique et des arbres, l’érosion s’intensifie. Les arbres comme le newtonia buchananii, des sterculias produisant des fruits pour les animaux sauvages ne sont pas épargnés par le feu. Et, suivant la chaîne alimentaire, des oiseaux, des reptiles disparaissent progressivement.
Charles Nahimana, administrateur communal de Vyanda signale qu’il est même difficile aujourd’hui de connaître les limites de cette réserve.
Au sujet des ménages installés dans cette réserve, il n’est pas facile de les chasser. L’administrateur Nahimana indique que s’il y avait un espace réservé à un village de paix, « on pourrait construire des maisons pour eux ». Il trouve que cette question nécessite l’implication de tous les concernés, « du sommet à la base et pas seulement l’administration locale.»
C’est scandaleux de voir comment on détruit même l’environnement dans un pays qui est doté d’un ministère chargé de la protection de l’environnement.