Mardi 05 novembre 2024

Politique

Interview exclusive de l’administrateur de Gihanga:« Au premier plan, c’est la population qui doit veiller à sa propre sécurité »

05/07/2021 1
Interview exclusive de l’administrateur de Gihanga:« Au premier plan, c’est la population qui doit veiller à sa propre sécurité »

Léopold Ndayisaba, administrateur de la commune Gihanga, brosse le tableau de la situation sécuritaire, la cohabitation des partis politiques, la situation socio-économique, la protection de l’environnement et la gestion du cimetière de Mpanda.

Comment se présente la cohabitation entre les partis politiques après les élections ?

Les partis politiques qui sont visibles sur terrain sont ceux qui ont participé aux dernières élections de 2020. Il s’agit du Cndd-Fdd, Cnl, Sahwanya Frodebu, Uprona, Fnl et Apdr.
La cohabitation est bonne et ceci grâce aux réunions de sensibilisation que nous tenons régulièrement à l’endroit des dirigeants de ces partis politiques.

Plus d’affrontements entre les jeunes affiliés à ces partis politiques ?

Nous avons observé ce genre d’affrontements dans le passé où quelques jeunes étaient manipulés. Pour le moment, ils s’attèlent aux travaux de développement. Quand des heurts surviennent, nous appelons les responsables des partis politiques pour leur prodiguer des conseils.

Quid de la situation sécuritaire ?

Il y a eu des moments où la commune était en proie à des attaques perpétrées par des bandits armés. Ces derniers menaient des incursions en provenance de la RDC et tendaient des embuscades à des véhicules sur la RN5 (route nationale). Ils pillaient et tuaient parfois des gens à bord de ces véhicules. D’autres volaient dans les ménages et du bétail. Après les forfaits, ils se volatilisaient dans la réserve naturelle de Rukoko.

Actuellement, nous avons renforcé la quadrilogie. Nous avons sensibilisé la population en lui montrant que rien ne peut se faire si la sécurité est constamment perturbée. Après tout, au premier plan, c’est la population qui doit veiller à sa propre sécurité. La situation sécuritaire est bonne à travers toute la commune.

Plus d’infiltration des bandits armés en provenance de la RDC ?

La frontière burundo-congolaise n’est pas poreuse. Les forces de défense et de sécurité la sécurisent. Nous dormons les cœurs tranquilles.

Où en est-on avec la stabulation permanente du bétail et de la volaille ?

Il est vrai que notre commune a beaucoup d’éleveurs, dont la plupart pratique un élevage de prestige. Dans la zone de Buringa, les éleveurs, dont la majorité vient de la ville de Bujumbura, ont déjà commencé à pratiquer la stabulation permanente de leurs bêtes. Pour le reste, nous sommes en train de mener des campagnes tous azimuts pour leur expliquer le bien- fondé de cette pratique. Celle-ci diminue en même temps les conflits entre agriculteurs et éleveurs, le vol du bétail, les maladies et les feux de brousse. Les gardiens de vaches ne diront plus qu’une bête est portée disparue dans la forêt. En plus, cette pratique accroît la fumure. Nous invitons tous les éleveurs à se préparer en conséquence et à être en ordre avant même le deadline fixé au mois d’octobre.

N’y a-t-il plus de conflit entre éleveurs et agriculteurs ?

Des conflits subsistent parce qu’il y a encore des éleveurs qui font brouter leurs troupeaux dans les pâturages qui ne leur appartiennent pas. Mais nous espérons qu’avec la stabulation permanente, les conflits iront decrescendo.

Quid de l’état des lieux de la Covid-19 dans la commune?

Des cas testés positifs ont été recensés lors de la campagne des tests de masse. Beaucoup de gens exercent leurs activités commerciales dans la ville de Bujumbura. Il peut arriver qu’ils côtoient des gens qui ont déjà la Covid-19. Nous continuons à les sensibiliser à observer les gestes-barrière et se faire dépister régulièrement.

Où en est-on avec le projet du gouvernement d’un hôpital pour chaque commune ?

Nous avons un centre de santé dans le village de Kagwema. Nous avons fait une extension de ce centre de santé. Les constructions sont presque finies. Ce centre de santé est maintenant doté d’un médecin qui consulte quotidiennement les patients.
Ledit village connaît une pénurie récurrente d’eau potable et par conséquent est constamment en proie aux maladies des mains sales…

Il y a eu une adduction d’eau dans cette localité. Mais comme cette localité est surpeuplée, l’eau reste insuffisante. Personne n’en a dans sa maison. Les gens continuent à faire la queue devant les robinets. Mais nous espérons que prochainement ce problème sera définitivement résolu car on est en train d’aménager une source d’eau dans les montagnes de la commune Mpanda. L’eau nous parviendra par gravitation.

Quid de la protection de l’environnement ?

Nous sommes en train d’exécuter le projet du gouvernement« Ewe Burundi urambaye ». Nous avons des pépinières de plants d’arbres et de fruits. Nous demandons à nos administrés de planter des bambous aux bords des rivières pour protéger leurs berges.

Nous sommes en train de protéger la réserve naturelle de Rukoko pour que les feux de brousses ne la dévastent pas.
La rivière Kajeke constitue une menace pour la commune….
Ce n’est pas la première fois que cette rivière sort de son lit. Même durant les années de l’indépendance et en 2006, elle a débordé et emporté des biens et des vies humaines.
Suite à l’action de l’homme, elle a dévié. Nous sommes en train de faire en sorte que cette rivière retrouve son lit.

Qu’en est-il de la cohabitation entre les rapatriés et les résidents ?

Beaucoup de rapatriés existent dans notre commune. La plupart s’étaient réfugiés en RDC. Ils mènent une bonne cohabitation avec les résidents. Leurs habitations sont restées en bon état.

Quelles sont les causes des abandons scolaires ?

Les causes sont essentiellement les grossesses non désirées et les mariages précoces. D’autres quittent le banc de l’école suite aux maladies.

Où en est-on avec la lutte contre les unions libres ?

Souvenez-vous qu’il y a eu des campagnes tous azimuts invitant tous les couples en situation d’union libre de légaliser leur mariage. Malheureusement, nous avons constaté qu’il y en a qui n’ont pas répondu à l’appel. Nous sommes en train de les traquer pour qu’ils viennent régulariser leur situation. Les chefs de colline sont à l’œuvre. Nous infligeons aussi des amendes à ceux qui se marient illégalement.

Comment se présente la perception des taxes et impôts ?

Les recettes communales ont augmenté, ce qui nous a permis d’exécuter des projets de développement.
Nous avons pris une mesure d’encourager nos percepteurs en leur accordant 10% des recettes versées dans la caisse communale à la fin de chaque mois. Nous essayons aussi de les permuter pour éviter qu’ils ne soient pas corrompus.
Des grognes de la population en rapport avec la gestion du cimetière de Mpanda…

Nous n’en sommes pas au courant. Ce cimetière est subdivisé en quatre parties. Une partie où sont enterrés les anciens dignitaires. Une partie réservée à la communauté musulmane. Une partie qui est exploitée par les associations de pompes funèbres. Il y a une autre partie où les ressortissants de la commune à faibles revenus enterrent les leurs.
Les services sont gratuits. Nous percevons uniquement des taxes chez les propriétaires des pompes funèbres.

Forum des lecteurs d'Iwacu

1 réaction
  1. arsène

    « Nous avons pris une mesure d’encourager nos percepteurs en leur accordant 10% des recettes versées dans la caisse communale à la fin de chaque mois. » Un non-sens à mon avis.

    À la fin du mois test (mars 2021), les recettes s’élevaient à 162’880’190 francs à Bubanza (cf. Iwacu du 12 avril 2021). Certainement que les recettes sont encore plus élevées à d’autres périodes de l’année, notamment au moment des récoltes (saison sèche). Si tous les administrateurs suivaient l’exemple de celui de Gihanga, ce serait par année un montant supérieur à 160 millions de Fbu offert à des employés déjà salariés.

     » Après tout, au premier plan, c’est la population qui doit veiller à sa propre sécurité. »
    Le contribuable paie les salaires de la police et c’est elle qui a payé pour former ceux qui sont allés assurer la sécurité dans divers pays africains. Ceci est une exception burundaise, comme souvent.

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