Dimanche 24 novembre 2024

Editorial

Au pays où l’on se sucre bien

10/09/2021 14

Le cas de la société appartenant à cette haute personnalité du sénat burundais rayée de la liste des distributeurs du sucre reste emblématique. Mais c’est une (petite) partie de l’iceberg.

Les icebergs, il y en a plusieurs dans ce pays, voguant impunément, fendant et bravant tout comme la nageoire dorsale d’un requin.


La sénatrice n’est pas vraiment un gros poisson. Il y en a d’autres, plus gros. Des baleines. Pardon, des requins car malheur à celui qui se met en travers de leur route.

Ces requins investissent tous les produits stratégiques, ils font tout pour s’accaparer tous les marchés publics, amassent des milliards, construisent des demeures pharaoniques. Ils roulent dans des véhiculent qui « boivent » le carburant comme le champ de riz « boit » l’eau. Ils sont dans tout ce qui est juteux.

Rappelez-vous, quand il a fallu déclarer leurs biens avant d’entrer en fonction, nous avons vu tout ce monde reculer, nous avons assisté à des tergiversations, des voltefaces, des pirouettes et autres rétropédalages.

Nos braves dignitaires, pas tous, c’est vrai, n’étaient pas prêts pour cet exercice citoyen.
Ils ne peuvent pas et ils ne pourront pas, non pas qu’il faudrait y passer des jours à compter leur pactole mais parce qu’ils n’oseraient pas montrer la source de leurs richesses, le nombre de leurs villas, de leurs magasins de matériaux de construction, de leurs pharmacies, de leurs stations-services, de leurs bus, de leurs hôtels privés, etc. C’est tellement tentaculaire, de véritables pieuvres.

Difficile de croire que cette richesse insolente a été gagnée à la sueur de leur front. Un audit pour certains d’entre eux ne prendrait à peine que quelques heures. Tellement l’origine douteuse de ces immenses richesses est flagrante.

Cette opulence, ces signes de richesse  sont de véritables insultes à la pauvreté des milliers de citoyens que nous sommes, en passe d’être clochardisés

Il y a également ces milliers de fonctionnaires qui ne font que tirer le diable par la queue , vivant de découverts bancaires et de la petite corruption. Pas tous heureusement mais le mal est  très contagieux. « La chèvre ne peut brouter que là où elle est attachée. » Ces fonctionnaires luttent pour la survie

Et quid de simples hommes d’affaires, et autres commerçants « hors système » ? Eux sont  très amers, ils broient du noir. « Dans les marchés publics, il serait impensable de rivaliser avec tel dignitaire, tel général. Imaginez entrer en compétition ou se retrouver en concurrence avec un ’’Honorable’’, un ’’super ministre’’ ou un haut gradé avec ses galons. C’est une bataille perdue d’avance ».

« Lamentable ! Voilà un des vrais handicaps au développement du secteur privé : monopole, concurrence déloyale, spéculation. Éradiquer ce fléau devrait être la première priorité de la réforme économique », a tweeté le Pr. Léonce Ndikumana, doyen de la Faculté d’Economie à l’Université de Massachusetts après la ’’Sosumogate’’. Ce Professeur émérite était dernièrement en visite au Burundi.

« Des biens mal acquis », vont maugréer certains grincheux et jaloux, grinçant les dents, ruminant leur colère et leur mal-être dans ce pays de ’’lait’’ et de miel’’. Et de fiel.

Forum des lecteurs d'Iwacu

14 réactions
  1. Rukara

    1. Le president de la république sait tres bien ce qu’il fait.
    Tout ce qu’il dit c’est pour la consommation extérieure, pour aveugler les représentants légaux des pays européens afin de reprendre la cooperation directe avec le gouvernement burundais.
    Il sait comment il a été élu a des truchements de tous genres du système electoral et une falsification générale des elections. Falsifications difficiles a prouver puisque le gouvernement a refusé toute presence de témoins aux elections qu’elle soit étrangère ou locale soit a travers des declarations directes en ce qui concerne les étrangers et par les agissements des interahamwe pour la presence locale.
    2. Il sait tres bien comment on est arrive a la mort du guide suprême éternel et par qui c’est arrivé.
    3. Une clique de gens tres forts se sont accapares de toutes les reines du pouvoir et les biens du Burundi et comme dirait l’autre il nous faudrait 45 ans au minimum pour nous en libérer a moins qu’un changement brutal et sûrement sanguinaire survienne.
    4. On en vient a soutenir les coups d’etats militaires en Afrique car franchement les regimes soient disant civils font pire que les regimes militaires avec vision.
    Pauvre burundi, 45 ans dans une mort lente!!!!

  2. Balame

    Les memes qui pillent, volent ou se sucrent (Cherchez d autres verbes).
    Il y a un scandale à la PAFE. Sous cape, nous connaissons, les GIHANGAGE X et Y proprétaires de l’entreprise. Mais l’Assemblée, le Gouvernement et la Justice ne pipent mot.
    Pauvre pays

  3. Bellum

    Je continue à penser et à le répéter ad nauseam, seule la légitimité électorale peut sauver la nation. Autrement nous n’aurons que nos yeux pour pleurer la descente aux enfers économiques, sociaux et sanitaires. Un pays immensément riche comme la RDC a été ruiné par la kleptocratie mobutienne et est désormais classé auprès du Burundi parmi les pays les plus pauvres, les plus arriérés et les plus malheureux du monde. Comme les bénéficiaires de la kleptomanie ne lâcheront jamais, nous sommes partis pour 45 ans sans voir une lumière au fond du tunnel. Nous avons eu 15 ans avec le guide suprême éternel qui seront suivis de 15 ans du successeur et puis 15 ans du suivant.

    • Stan Siyomana

      @Bellum
      1. Vous écrivez: »… seule la légitimité électorale peut sauver la nation. »
      2. Mon commentaire
      En général les Burundais ne veulent jamais admettre la défaite.
      Avec toute cette pléthore d’une quarantaine de partis politiques, l’on pourrait avoir les élections les plus libres du monde, et l’on ne manquera jamais de mauvais perdants qui vont répandre partout que les élections ont été volées.

  4. Buba

    Kuber’iki « Abarundi » tutavuga ibintu uko biri?

    Je comprend bien Abasi kuko ari sur place, ntashobora kudoma urutoki kur’abo bagisibije! Abandi duhe liste yabo bifatiye igihugu, bariko barakiniga.

    Tangura muti, tel;

    1. Général X……. Ciments, sucre, matériels militaires,… ~richesse 30.000.000.000 Fbu

    2. Commissaire de Police Y…….

    3. Ministre N…….

    4. N…..

    • Stan Siyomana

      @Buba
      « Abandi duhe liste yabo bifatiye igihugu, bariko barakiniga. »
      Jewe simbona iyo wewe wokura ububasha (bwo gukemura ibibazo bihanze igihugu) burenze ubwa nyakubahwa umukuru w’igihugu, umushikiranganji w’ubutungane, hamwe n’umushikiranganji w’intwaro yo hagati, BOSE BIDOGA KO IBINTU BITAGENDA NEZA MU GIHUGU.
      None iyo liste uzoyishira kuri réseaux sociaux?
      Hari sentare iri hanze y’Uburundi uzokwitura?

  5. H

    Tout n est pas pourri dans cette dictature militaire
    Reste l armée
    Non pas les généraux avec leurs étoiles de pacotille
    Mais les officiers qui ne savent plus, où donner de la tête comme aussi la troupe
    Mal payés, solde raboté, sous, équipée, matériel défectueux
    Eux pourraient faire avancer les choses

  6. arsène

    D’abord, un grand merci pour cet article.
    J’aimerais commenter ce passage:

    « Rappelez-vous, quand il a fallu déclarer leurs biens avant d’entrer en fonction, nous avons vu tout ce monde reculer, nous avons assisté à des tergiversations, des voltefaces, des pirouettes et autres rétropédalages.

    Nos braves dignitaires, pas tous, c’est vrai, n’étaient pas prêts pour cet exercice citoyen. »

    Ce n’est pas seulement un exercice citoyen, c’est un acte constitutionnel, un socle de la bonne gouvernance: l’absence de transparence et de l’obligation de rendre des comptes rend cette notion vaine.
    Ce qui se passe au Burundi, bien décrit dans cet article, rappelle l’émergence et le développement des tristement célèbres organisations mafieuses.

    Pour prendre d’exemple de l’Italie, on y trouve notamment :
    La ‘Ndrangheta (ou mafia calabraise) en Calabre ; la Camorra (ou mafia napolitaine) en Campanie ; la Sacra corona unita dans la région des Pouilles ; la Stidda (autre mafia sicilienne) dans le sud de la Sicile.
    Ces organisations mafieuses « lèvent l’impôt » par la pratique systématique du racket des activités économiques. À Palerme et à Reggio en Calabre, 80 % des commerçants payent le pizzo, l’impôt mafieux. Ce racket est une démonstration du pouvoir mafieux ainsi qu’une opportunité d’accumulation primitive du capital.

    J’ai l’impression que nous nous acheminons vers une situation similaire mais les dégâts en sont déjà pires pour la simple raison que l’Italie est une démocratie, ce que le Burundi, n’est malheureusement encore pas (totalement).

  7. Gigou matore

    Merci Abbas,

    Ce que je voudrais ajouter , c’est que cet iceberg  » d’un gigantesque système mafieux » fait la principale source de financement du CNDD-FDD et sa puissance financière.
    Juste deux exemples connus de tous:
    1. Faites-moi le monopole commercial sur la bière Heineken, sur les produits pétroliers, …et je vais contribuer à hauteur de tel %age pour le parti. Pourtant le principe en droit c’est la libre concurrence!
    2. La presque totalité des recrutements des fonctionnsires et des nominations à certains postes de responsabilités de l’Etat, on ne consodère ni la compétence, ni le back ground d’intégrité, …il suffit d’etre membre du système DD ou d’accepter d’etre membre du système. En déhors du système, point de salut. Et ces milliers de fonctionnaires paient leurs impots à l’Etat et au Cndd-Fdd. Cela constitue une « source illicite de financement du parti » et une concurrence ďéloyale pour les autres parties politiques.

    Réformer le système, c’est aussi affaiblir le CNDD-FDD. Quand le Président » Never » prétend vouloir lutter contre la corruption, est-il conscient de cette ambivalence! Entre les interets du CNDD=FDD – qui font le malheur du peuple- et l’Interet Général – auquel tout le peuple aspire- que faut-il choisir?

    Notre cher Président, le choix n’est pas facile mais on vous souhaite bon courage et bonne chance.

    • Balame

      Mr Matore

      Tout le monde sait ici que toute personne qui recoit un marché du gouvernement doit payer un lump sum au siege du parti de l’aigle.
      Cela n étonne plus personne au Burundi.
      Cela n a pas toujours été le cas dans les régimes passés et si vilipendés (Du moins à une échelle aussi terrible. Comparez le classement Transparency International du Burundi depuis l Independance).
      Nous sommes étalonnés alors à l’aune du Zaire de Mobutu et de Haiti de Papa Doc.
      La tragédie est que cela a commencé avec Rajabu.
      Pour avoir un poste, les personnes qui ne faisaient pas partie du system payaient cash et étaient nommés aux postes de responsabilité.
      J’ose croire que notre auguste président le savait d’une certaine maniere. Surtout qu’il était dans les hautes spheres depuis 2005

  8. Edouard Madirisha

    Bravo Abbas, chapeau👍👏

  9. ndambi

    Merci Abbas, bien dit et bien écrit.
    Mais une question:
    Si il est écrit dans la Constitution que les dignitaires doivent déclarer leurs biens à l’entrée et à la sortie de fonction et que depuis 2005, cette obligation légale n’est pas appliquée.
    Question: A qui peut on amener nos pleurs? Qui implorer? (Pour les Hébreux , il y avait le mur des lamentations. Et nous?
    Que fait alors, le Sénat, le parlement et la Justice?

    C’est peut etre un Fake news: Mais cela a circulé sur les réseaux sociaux. Un ancien ministre qui dans sa magnanité aurait donné en cadeaux un building au Gouvernement

    Pauvre pays le plus pauvre et le plus corrompu au monde

    • Claypton

      Ewe Burundi uragowe…harya ngo cyarabavurnye…le pouvoir ce n est pas de la jouissance chers DD. Sans vision celà ne sert à rien de se battre pour le pouvoir.

    • Yan

      « A qui peut on amener nos pleurs? »
      Il semble que les murs du parlements sont suffisamment grands qu’ils peuvent recevoir les lamentations de tous les damnés du pays.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.