Des larmes, des sanglots, des veuves, et des orphelins. Les proches des victimes d’Al Shabaab pleurent encore. Les djihadistes ont encore une fois endeuillé le Burundi, fauchant les vies de nos militaires envoyés en mission de maintien de la paix.
Selon nos sources, mardi 3 mai à l’aube, deux véhicules kamikazes bourrés de bombes lancés à toute allure ont forcé l’entrée de la base de l’ATMIS, la Mission de Transition de l’Union africaine en Somalie à El-Baref. C’est au carrefour des axes reliant le nord et le sud de la Somalie. Cette attaque suicide a été suivie d’un assaut des combattants d’Al Shabaab contre le camp.
Plusieurs militaires burundais ne reverront plus leur mère patrie. Comme toujours, fidèle à sa tradition de discrétion, l’armée burundaise a peu communiqué sur ces événements sanglants, « pour ne pas démoraliser les troupes au front », dit-on du côté de la ’’grande « muette’’.
On apprendra, sans plus de précision, que « le contingent burundais déplore 10 militaires tués, 5 portés disparus et 25 blessés. 20 terroristes du groupe Al-Shabaab tués ». Voilà pour le bilan officiel donné par l’armée burundaise. Un décompte loin des chiffres annoncés par d’autres sources pourtant fiables. Ces dernières évoquent plusieurs dizaines de morts et de disparus.
Une frappe qui rappelle cette autre attaque, encore plus meurtrière, perpétrée le 20 octobre 2011 à Daynille à une dizaine de kilomètres au nord-ouest de la capitale somalienne Mogadiscio. Des dizaines de militaires burundais ont péri dans des combats d’une violence inouïe.
L’UA et le gouvernement somalien ont condamné cette attaque des Shabaab et, en bon père de la Nation, le chef de l’Etat burundais, Evariste Ndayishimiye, a également condamné, énergiquement, cette attaque. « Je me joins à toute l’Afrique qui vient de perdre des fils et filles tombés sur le champ d’honneur pour consoler les familles durement éprouvées », a-t-il écrit sur son compte twitter.
Chacun portera sa croix
C’est connu, chez les militaires, il y a très peu de place aux sentiments, il ne faut pas pleurer, c’est signe de faiblesse, il faut rester fort même quand une larme rebelle s’échappe des yeux rougis par la douleur, il faut vite l’écraser.
Et c’est alors comme pour dire aux familles : « la page est tournée ! ». Dans la plupart des casernes, les effets personnels des disparus dans cette tragédie ont été rassemblés pour être envoyés à leurs familles en attendant les corps et les pénibles cérémonies d’inhumation.
Il n’y aura pas de deuil national. Mais comme en octobre 2011, après la tragédie similaire à Daynille, quelques membres et proches des familles des disparus seront appelés pour un enterrement digne des leurs.
Il y aura ces sinistres processions de cercueils couverts du drapeau national, portés par les frères d’armes avec en tête de peloton deux militaires en treillis, l’un portant une gerbe de fleurs et l’autre une croix noire avec au patibulum, la partie transversale, le nom et le prénom du disparu, et ces lettres DCD suivies de la date du décès sur la partie verticale.
Il y aura une messe de requiem, quelques honneurs militaires, un clairon lugubre, pudiquement appelé sonnerie aux morts avant la mise en terre, sous des sanglots étouffés par de tristes chants religieux.
Pas de drapeaux en berne en l’honneur de ces militaires burundais tombés sur le champ d’honneur, mais des flots de larmes des veuves au bord de la tombe de leurs maris.
Il y aura juste une croix comme pour dire : ’’chacun portera sa croix’’. Pour la plupart de ces hommes envoyés en Somalie, Mpanda sera leur dernière demeure. Il n’y a pas de cimetière militaire.
Il y aura dans un coin des maisons désormais privées du chef de famille, une petite photo du père que des enfants esseulés contempleront avec beaucoup de questions.
Malheureusement, un militaire qui part en mission dans un pays en guerre risque sa vie.
Que Dieu les accueille dans son royaume. Bon courage pour les familles.
Sauf que je ne vois pas ce que le Burundi gagne à maintenir un continent en Somalie (Pourquoi devons-nous nous sacrifier pour ce pays?)
À un certain moment, il faut acter le fait que cette guerre n’est plus notre affaire dans la mesure où les somaliens eux-mêmes ne veulent pas (ou ne savent pas maintenir) la paix chez eux.
L’absence de stratégie de sortie de ce bourbier montre à preuve du contraire que nous ne respectons pas la vie: Un militaire ne doit pas mourir pour rien!
« Un militaire ne doit pas mourir pour rien! »
Ils ne sont pas morts pour rien. Ils étaient en mission.