Des sources sur place, au cimetière de Mpanda ce 26 octobre, lors de l’enterrement des militaires burundais tombés sur le champ d’honneur en Somalie, parlent de plusieurs dizaines de morts. Ces militaires du contingent burundais de l’AMISOM (African Mission in Somalia) ont été tous tués au cours des combats qui font rage depuis jeudi dernier aux environs de Mogadiscio, dans la localité de Dayniile. <doc1785|left>«Cette localité de malheur est devenu un véritable mouroir. Ce mardi (25 octobre 2011) on a enterré 3 militaires et ce mercredi on a décompté 17 cercueils de militaires burundais. Ce jeudi on va encore enterrer nos morts et le lendemain aussi, peut-être jusqu’à dimanche», lance un militaire visiblement désemparé et dépassé par les événements, brisant ainsi la réserve et la retenue qui caractérisent les hommes en uniformes. Il venait de déposer, avec ses camarades, un cercueil tout près d’une fosse, serrant ses mâchoires, ruminant une colère indescriptible. La tentative de cacher son émotion était voué à l’échec, son visage renfrogné le trahissait comme la plupart de ses frères d’armes. Bon nombre d’entre eux sont candidats pour la Somalie, ils viennent de terminer une formation spéciale pour cela. La messe de requiem s’est déroulée au Camp dit ’’DCA’’ situé tout près de l’aéroport international de Bujumbura, loin des cameras et autres paparazzi. Et c’est ce clairon communément appelé ’’musique aux morts’’, avec son air lugubre, qui a sonné la fin de cette messe à huis clos ; seuls les membres les plus proches des familles des disparus y étaient conviés. La plupart n’ont été avertis du drame que la veille, tard dans la nuit. Le chef d’Etat major général adjoint, le général de brigade Diomède Ndegeya, a pris part à ces cérémonies. Les cœurs serrés Cimetière de Mpanda, mercredi 26 octobre 10h 25 minutes. Le cortège funèbre, avec à sa tête 4 camions de couleur blanche à l’effigie de l’Union Africaine et partis du Camp ’’DCA’’ arrivent à destination. La dernière demeure pour ces militaires tués en Somalie. Chaque camion avait à son bord au moins 4 cercueils entourés de militaires en treillis avec des gerbes de fleurs à déposer sur les tombes de ces militaires partis en mission de maintien de la paix. Ces camions ont fait 2 navettes et vers midi, le cimetière de Mpanda parsemé de cette variété de faux cocotiers qu’on ne trouve nulle part ailleurs au monde qu’à cet endroit, était noir de monde. Les membres de familles des disparus, les amis, les frères d’armes, tous étaient venus rendre un dernier hommage à ces soldats de la paix. Chaque cercueil soigneusement couvert du drapeau national était porté par des militaires en procession silencieuse avec à la tête un soldat portant une croix noire. La dépouille devait passer par une sorte de haie d’honneur avant l’inhumation. Sur chaque croix, il n’y avait juste que le nom du disparu, sa date de naissance et celle de son décès. Il n’y aura peut-être pas de pierre tombale encore moins d’épitaphe. Des prières et des chants religieux sont entonnés comme pour étouffer le soprano des sanglots qui fusaient de ces cœurs si lourds, si serrés. Trop d’émotion, trop de chagrin, beaucoup de pleurs et de larmes surtout de la part des veuves. Elles étaient invitées à se retenir. C’est un peu curieux, il n’y a pas eu de longues oraisons funèbres comme à l’accoutumé. Le chef d’Etat-major général adjoint a tenu à faire, devant chaque tombe, un salut militaire, très solennel comme pour dire : " Repose en paix cher soldat de la paix ".