Les grands tournages qui se sont essentiellement déroulés à Bubanza se sont terminés le weekend dernier. Même si ce film produit par l’ONG La Benevolencija en collaboration avec Netty Production, est basé sur les « 5 étapes menant vers la tyrannie » définies par l’auteur Erwin Staub*, c’est plus un long métrage de divertissement que de sensibilisation.
Toute une pléiade d’artistes et de jeunes réalisateurs dont la plupart sont des lauréats des différents prix du Festicab (Festival international du cinéma et de l’audiovisuel du Burundi) apportent leur savoir-faire et leur touche à ce film. Sur le plateau se côtoient Jean-Marie Ndihokubwayo, le réalisateur de ce film qui est directeur de Netty Production, Evrard Ngendakumana, un jeune réalisateur, Pacy Nzitonda, musicien, arrangeur, caméraman et producteur et Evrard Niyomwungere qui vient de monter sa propre maison de production.
Il y a également Eddy Munyaneza, détenteurs de plusieurs prix pour ses réalisations, il est dans ce film éclairagiste au moment où Olivier Ndayishimiye, musicien et arrangeur devient preneur de son. Francis Muhire, qui est chanteur, réalisateur, comédien et directeur du Festicab, est acteur dans ce film.
Selon Pascal Capitolin, Franco-allemand, réalisateur et coordinateur de ce projet pour le compte de l’ONG La Benevolencija, « le mérité ou l’aventure avec ce film, c’est d’avoir pu réunir tous les professionnels burundais de l’audiovisuel autour d’un plateau de tournage pour la réussite de ce projet ».
Bref, une réédition de l’expérience avec le tournage d’Amaguru n’Amaboko en 2011, le second long-métrage burundais après Gito l’Ingrat (1990), que l’on devrait retrouver sur les écrans en 2014.
D’après ce réalisateur, ce film met en lumière le mécanisme universel déclencheur de la violence : il s’agit de deux communautés qui se retrouvent par la force des choses poussés à la discrimination et même à la violence totale.
« Mais ce film qui nous transporte en 2020 est tout d’abord une histoire d’amour impossible entre deux personnes, l’une est de la Communauté des ’’Banyamazi’’, qui traite l’eau contaminée et l’autre appartient à la caste des ’’Bagabuzi’’, qui distribue l’eau », tient à préciser Jean-Marie Ndihokubwayo, chargé de la réalisation de ce film.
« Cette histoire se passe dans le futur et relate l’aventure de trois jeunes gens dont deux issus de ces deux groupes qui s’entendent bien au départ mais dont les relations finissent par se dégrader, ce qui influent même sur l’amitié liant ces trois jeunes gens », souligne Pascal Capitolin, coordinateur de ce projet.
S’exprimant sur les 5 étapes menant vers la tyrannie identifiées par Erwin Staub, l’auteur du livre Les racine du mal, Aloys Batungwanayo de l’ONG La Benevolencija précise que tout commence par les mauvaises conditions de vie : dans ce film l’eau qui est devenue une denrée rare est contaminée. « Il y a par après formation de groupes rivaux, les deux communautés commencent à s’accuser mutuellement, la première accuse l’autre d’être à l’origine de tous les malheurs. Des boucs émissaires sont vite désignés et cela s’accompagne de la déshumanisation, de la diabolisation, il ne reste que l’étape ultime de passage à l’action. Des frustrations longtemps retenues peuvent conduire à la violence extrême », fait-il remarquer. « Le message essentiel du film est une sorte d’appel à la résistance face à tous ceux qui prônent la division et la violence », précise Pascal Capitolin.
Ce film dont le coût s’élève à plus de 30.000 Euros, un budget de loin inférieur aux 100.000 Euros utilisés pour le documentaire sur le Prince Louis Rwagasore réalisé par la même ONG, est une fiction en 5 épisodes. Il est en kirundi mais aura un sous-titrage en français. Chaque épisode débutera par un dessin animé. Il a fallu tout un casting avec la maison « Itulive » pour trouver de bons comédiens et une équipe de décorateurs pour des scènes futuristes.
* The roots of evil: The origins of genocide and other group violence. 1989. New York: Cambridge University Press