Lorsque l’on évoque les pays limitrophes qui hébergent les réfugiés burundais, la tendance est de ne citer que la Tanzanie et le Rwanda. Les camps de Nduta, Nyarugusu, Mtendeli et Mahama viennent directement à l’esprit. Rares sont ceux qui mentionnent Kavimvira, Sange, Mulongwe et Lusenda. Et pourtant ces camps et sites de transit chez notre grand voisin, la R.D. Congo au Sud-Kivu, comptent des milliers de compatriotes réfugiés et demandeurs d’asile. Le reporter d’Iwacu dans cette circonscription brosse un tableau peu enviable de leurs conditions de vie.
Leur vécu fait froid dans le dos. Plus de sept mois sans assistance, une dizaine d’entre eux sont déjà morts en moins de deux mois, ils sont battus quand ils vont à la recherche de quoi mettre sous la dent, etc. « Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Nous manquons de nourriture et de médicaments », se lamente une maman qui a six enfants à sa charge. Le calvaire qu’ils endurent entraîne frustrations, désespoir et colère. Il y a deux semaines, ceux de Kavimvira et Sange ont manifesté pour dénoncer les mauvaises conditions, malgré les répressions qu’ils subissent. Ne supportant plus la souffrance et la misère, près de 290 réfugiés et demandeurs d’asile ont tenté de franchir de force la frontière entre les deux pays. Mais en vain, les frontières restent fermées en raison du coronavirus.
Cela rappelle le carnage du 15 septembre 2017 où certains agents des forces de sécurité congolaises ont tiré à plusieurs reprises sur les demandeurs burundais d’asile qui manifestaient à Kamanyola, dans la province du Sud-Kivu, en vue de dénoncer les conditions précaires qu’ils vivaient au quotidien. On a dénombré 38 personnes tuées dont 15 femmes, 22 hommes et une jeune fille de 12 ans.
Les réfugiés et les demandeurs d’asile sont des êtres humains. Ils doivent bénéficier des mêmes droits et de la protection comme n’importe quel citoyen . Et tout cela, dans la dignité.
Les autorités burundaises, congolaises et le HCR sont appelées à s’asseoir ensemble en vue de remédier à cette situation. On n’a pas à attendre, c’est urgent. Surtout qu’il y a déjà mort d’hommes à cause de la faim.
Par ailleurs, le rapatriement des réfugiés est une des priorités du gouvernement burundais. “Un État responsable et laborieux ne peut jamais être tranquille si ses fils et filles vivent dans des camps de réfugiés dans des conditions misérables”, a lancé le Président Ndayishimiye au cours des cérémonies de présentation du nouveau gouverneur de la province Kirundo.
Des mécanismes devraient être mis en place à la frontière pour détecter ceux qui seraient atteints de la covid-19, les mettre en quarantaine et laisser les autres regagner volontairement leur patrie Avec ce qu’ils endurent dans ces camps, ils savent que rien ne vaut son chez soi.