Mardi 05 novembre 2024

Editorial

Au-delà de Nyarugusu…

18/09/2020 Commentaires fermés sur Au-delà de Nyarugusu…

Lorsque l’on évoque les pays limitrophes qui hébergent les réfugiés burundais, la tendance est  de ne citer que la  Tanzanie  et  le Rwanda. Les camps de Nduta, Nyarugusu, Mtendeli et Mahama viennent directement à l’esprit. Rares sont ceux qui mentionnent Kavimvira, Sange, Mulongwe et Lusenda. Et pourtant ces camps et sites de transit chez notre grand voisin, la R.D. Congo au Sud-Kivu, comptent des milliers de compatriotes réfugiés et demandeurs d’asile. Le reporter d’Iwacu dans cette circonscription brosse un tableau peu enviable de leurs conditions de vie.

Leur vécu fait froid dans le dos. Plus de sept mois sans assistance, une dizaine d’entre eux sont déjà morts en moins de deux mois, ils sont battus quand ils vont à la recherche de quoi mettre sous la dent, etc. « Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Nous manquons de nourriture et de médicaments », se lamente une maman qui a six enfants à sa charge. Le calvaire qu’ils endurent entraîne frustrations, désespoir et colère. Il y a deux semaines, ceux de Kavimvira et Sange ont manifesté pour dénoncer les mauvaises conditions, malgré les répressions qu’ils subissent. Ne supportant plus la souffrance et la misère, près de 290 réfugiés et demandeurs d’asile ont tenté de franchir de force la frontière entre les deux pays. Mais en vain, les frontières restent fermées en raison du coronavirus.

Cela rappelle le carnage du 15 septembre 2017 où certains agents des forces de sécurité congolaises ont tiré à plusieurs reprises sur les demandeurs burundais d’asile qui manifestaient à Kamanyola, dans la province du Sud-Kivu, en vue de dénoncer les conditions précaires qu’ils vivaient au quotidien. On a dénombré 38 personnes tuées dont 15 femmes, 22 hommes et une jeune fille de 12 ans.

Les réfugiés et les demandeurs d’asile sont des êtres humains. Ils doivent bénéficier des mêmes droits et de la protection comme n’importe quel  citoyen . Et tout cela, dans la dignité.

Les autorités burundaises, congolaises et le HCR sont appelées à s’asseoir ensemble en vue de remédier à cette situation. On n’a pas à attendre, c’est urgent. Surtout qu’il y a déjà mort d’hommes à cause  de la faim.

Par ailleurs, le rapatriement des réfugiés est une des priorités du gouvernement burundais. “Un État responsable et laborieux ne peut jamais être tranquille si ses fils et filles vivent dans des camps de réfugiés dans des conditions misérables”, a lancé le Président Ndayishimiye au cours des cérémonies de présentation du nouveau gouverneur de la province Kirundo.

Des mécanismes devraient être mis en place à la frontière pour détecter ceux qui seraient atteints de la covid-19, les mettre en quarantaine et laisser les autres regagner volontairement leur patrie   Avec ce qu’ils endurent dans ces camps, ils savent que rien ne vaut son chez soi.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Online Users

Total 3 293 users online