« Je vous le dis en vérité, cette pauvre veuve a donné plus qu’aucun de ceux qui ont mis dans le tronc; car tous ont mis de leur superflu, mais elle a mis de son nécessaire, tout ce qu’elle possédait, tout ce qu’elle avait pour vivre.» Ainsi enseigna le Fils de l’Homme à ses disciples. L’idée n’est pas de se comparer aux pays voisins ou d’imiter les ‘’colons’’ dans leurs plans de relance de leurs économies. Mais d’agir, de mobiliser les ressources internes et externes, autant que faire se peut, pour terrasser le Covid-19.
Un effort public de soutien économique dans une conjoncture de ralentissement général des activités, tous secteurs confondus, s’impose. Mise en place d’une cellule de crise interministérielle chargée d’établir un canal de discussion avec les entreprises clés en difficultés. Lister des mesures urgentes à mettre en œuvre pour amortir l’onde de choc économique qu’induit le nouveau coronavirus. Créer un fonds de solidarité pour aider les personnes à la situation précaire à ne pas être envoyées à la case prison. Entre autres initiatives qu’elle pourrait compter à son actif.
Aller encore plus loin, au regard des tensions de trésorerie de l’Etat qui s’observent déjà en temps normal. Réduire le train de vie des institutions pendant un trimestre à compter de ce mois d’avril. Députés, sénateurs, ministres et autres hauts fonctionnaires pourraient, dans un élan d’ ‘’effort de guerre’’, allouer une partie de leurs émoluments au budget du plan national de riposte.
Cette crise sanitaire planétaire, loin du coup de fouet attendu pour impulser le retour au vert des indicateurs macroéconomiques du Burundi, pourrait être ressentie par la majorité des Burundais – 70% vivent sous le seuil de pauvreté – tirant le diable par la queue comme la « crise de trop ». Un autre avatar de la Faucheuse venue amplifier les facteurs de crise de l’Etat burundais : la gestion néo-patrimoniale du pouvoir et une culture démocratique à l’état embryonnaire, réduisant considérablement l’espace pour des compromis significatifs.
Toute crise agit comme un révélateur… La politique du « Tuna songa mbele » (Nous allons de l’avant), relancée de plus belle à la faveur de l’éclatement de la crise d’avril 2015, sera mise à l’épreuve. Nimbée d’une dimension religieuse assumée par le nouveau » Moïse » : Si des cas de Covid-19 sont apparus, c’est pour que se manifeste l’action divine. » La mentalité d’assiégé, les stratégies mises en œuvre révèleront leurs faiblesses. Le citoyen burundais lambda discernera mieux ainsi le chemin emprunté.