Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Vianney Nzigamasabo alias Vichou Love.
Votre qualité principale ?
Cette question n’est pas facile, mais je dirais que ma qualité principale est la paix et l’amour.
Votre principal défaut ?
Le mensonge me rend malade.
Pouvez-vous expliquer ?
Prenons l’exemple de mon cercle de musiciens. Nous pouvons nous fixer six mois de répétition pour un concert. Si un musicien prétend travailler avec nous pendant ces six mois, mais finit par nous quitter après deux mois alors que nous avions des preuves de son départ imminent, je ne tolère pas cela.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’amour du travail.
Exemple ?
Je ne suis ni menuisier ni charpentier, mais musicien. Quand je suis triste, je chante. Quand je ne chante pas dans mon studio, je chante à la chorale de la paroisse Saint-Michel.
J’apprécie énormément les personnes qui font très bien ce qu’elles aiment. Cette personne n’aura jamais à demander une augmentation de salaire ; son patron le fera de son propre chef.
Les défauts que vous ne supportez pas ?
La paresse.
Exemple ?
Il y a des personnes qui contribuent énormément à nos objectifs. Si j’avais été paresseux, je n’aurais pas atteint ma position actuelle, et les gens qui m’ont aidé auraient été déçus par moi.
Très motivé et appliqué dans ce que vous faites, où trouvez-vous l’émulation ?
Tout d’abord, en gardant la première place et en la maintenant.
Pouvez-vous expliquer ?
Maintenir la première place par le travail acharné, les répétitions fréquentes, et en créant un lien fort avec les autres musiciens. Je me donne entièrement à mon travail. Même quand je suis malade, les musiciens n’ont jamais remarqué ma souffrance parce que je fais tout pour satisfaire ce public fidèle.
Quel est votre point de vue par rapport aux autres artistes ?
Je les trouve bons, même s’il peut y avoir des imperfections. Je n’hésite pas à appeler mes amis pour leur faire des remarques constructives. Ici, on a tendance à sous-estimer les chanteurs, mais je crois que cette mentalité doit changer.
Votre plus beau souvenir ?
J’en ai beaucoup, mais je vais mentionner deux. Le premier est toutes les chansons que j’ai produites avec feu Bosco. Son image me revient chaque fois que je suis sur scène. Le deuxième est lorsque j’ai serré la main de feu président Pierre Nkurunziza et du président actuel pour la première fois.
Quelle est la femme que vous admirez ?
C’est difficile à dire car je suis célibataire et dédié à ma musique. Je n’ai pas encore considéré cette question sérieusement.
Le métier que vous auriez aimé exercer ?
(Rire) Je ne vois pas d’autre métier. Dieu m’a fait chanteur, musicien et ingénieur du son.
Votre passe-temps préféré ?
Chanter. Quand je ne chante pas dans mon studio, je chante à la paroisse Saint-Michel. J’aime aussi écouter les émissions sportives.
Votre lieu préféré ?
Les magnifiques paysages de l’intérieur du pays, comme Bugarama ou Ijenda. L’air frais et pur justifie pourquoi certains étrangers ne veulent plus repartir.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Je préfère rester dans mon pays et faire des tournées à l’intérieur. Je ne voudrais pas vivre dans un pays où sortir de la maison ressemble à entrer dans une fournaise.
Votre rêve de bonheur ?
Devenir un chanteur international et faire connaître les beautés de mon pays tout en amassant des devises pour le Burundi.
Votre plat préféré ?
Je ne pourrais jamais accepter un plat sans haricots.
Votre chanson préférée ?
« Ubuzima » connue sous le titre « Ico Imana yifatanirije ». Elle m’a ouvert beaucoup de portes.
Et votre chanteur préféré ?
Ils sont nombreux et tous bons. Il serait injuste de nommer un seul et d’en ignorer d’autres.
Votre devise ?
Garder la première place.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Très fort. Mon parcours est le résultat de la bonté de nombreuses personnes, notamment Marguerite Barankitse, qui a été une véritable architecte de ma carrière musicale.
Pensez-vous à la mort ?
Souvent. Mais je n’ai pas peur de la mort. J’espère simplement laisser un héritage pour que, quand je ne serai plus ici, les gens se souviennent de moi positivement.
Si vous comparaissiez devant Dieu, que lui demanderiez-vous ?
De faire grandir l’amour qui est en moi, car même sans argent, l’amour et la paix suffisent.
Propos recueillis par Stanislas Kaburungu