Vendredi 22 novembre 2024

Culture

Au coin du feu avec Teddy Mazina

12/10/2019 Commentaires fermés sur Au coin du feu avec Teddy Mazina
Au coin du feu avec Teddy Mazina

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Teddy Mazina.

Votre qualité principale ?

Peut-être, mon engagement sans concessions, mais ce n’est pas à moi d’en juger.

Votre défaut principal ?

Mon besoin permanent de liberté et de découvrir.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

La culture, le savoir et les valeurs morales et la tolérance.

Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?

L’obscurantisme et l’idéologie du génocide et les incitations a la haine dans notre région.

La femme que vous admirez le plus ?

Maman, ma fille, Winnie Mandela, Angela Davis, Maggy Barankitse… et aujourd’hui pour parler d’actualité des filles comme Carola Rackete, la « capitana » du SeaWatch3 qui défie la haine et le racisme …et les amours de ma vie… Elles se reconnaîtront.

L’homme que vous admirez le plus ?

Mon Père, le Prince Rwagasore, Paul Kagame, Nelson Mandela, Malcolm X,… La liste est longue heureusement.

Qui aimeriez-vous être ?

Moi, je n’ai pas le choix.

Votre plus beau souvenir ?

Les naissances de mes enfants.

Votre plus triste souvenir ?

La maladie d’êtres chers et le départ de Papa.

Quel serait votre plus grand malheur ?

Joker

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?

Le traité de Kiganda. Après une dizaine d’années de résistance et de guérilla contre  l’Allemagne de Bismarck,  Bijoga Mwezi Gisabo signe un traité  qui va éviter à jamais au Burundi d’être une colonie.

Les dirigeants actuels qui parlent de colons (à tout va) aujourd’hui trahissent le sens de la lutte des Barundi et de Bijoga. Lutte qui nous a évités par la résistance, d’être une colonie, mais un territoire (libre), sous tutelle des Nations Unies.

La plus belle date de l’histoire burundaise ?

Quand une personnalité dont je tais le nom sera jugée. 

La plus terrible ?

Je ne veux pas la dire pour ne pas vous attirer des ennuis.

Le métier que vous auriez aimé faire ?

Ecrivain, musicien, mais je suis auteur photographe et joue un peu de la guitare … tout va bien. 

Votre passe-temps préféré ?

Faire des photos, même si c’est un travail pour moi.

Votre lieu préféré au Burundi ?

Le cercle Nautique de Bujumbura avant …

Le pays où vous aimeriez vivre ?

Tous les bords de lacs mais …  préférence pour le Tanganyika ou le Kivu

Le voyage que vous aimeriez faire ?

New York, c’est urgent. Harlem, Soho, Cuba…

Votre rêve de bonheur ?

La famille

Votre plat préféré ?

Soit un gros Bugali accompagné d’un Mukeke en sauce, ou d’un gros poulet Moambe partagé à  plusieurs bien entendu, ou alors un filet de boeuf en croûte de sel du pays Basque (Biarritz). Terrible!

Votre chanson préférée ?  

Une ou des Albums ? tout l’album Songs in the Key of life de Stevie Wonder 1976, à mettre d’urgence dans les programmes d’éducation national, Free, Pastime Paradise, As…,We and Them, Bad Card, crazy Balheads, War, de Bob Marley, « Dust in the Wind »de Kansas…

Quelle radio écoutez-vous ?

Elles ont été brûlées.

Avez-vous une devise ?

“Même sans espoir, la lutte est encore un espoir.”

Votre souvenir du 1er juin 1993 ?

Des gens qui déchiraient leurs cartes d’électeurs, ça ne présageait rien de bon.

Votre définition de l’indépendance ?

Le monde est interdépendant … on vit à l’époque des intégrations, mais soyons LIBRES seul ou avec les nôtres.

Votre définition de la démocratie ?

Grosse confusion et parfois mensonges et illusions en Afrique. Une énorme « Gueule de bois » après le discours de Mitterrand au sommet de La Baule en 1990.

Votre définition de la justice ?

« Ne pas tuer les criminels, mais les juger ».

Si vous étiez ministre de l’Information, quelles seraient vos deux premières mesures ?

Rétablir la liberté de la presse, indemniser et rouvrir les medias fermés et brûlés. 

Si vous étiez ministre des Affaires Etrangères, quelles seraient vos deux premières mesures ?

Si c’est du Burundi actuel, je démissionnerais immédiatement.

Croyez-vous à la bonté humaine ?

OUI. Je l’ai déjà vu.

Pensez-vous à la mort ?

Elle est partout.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?

#MBO, Enfin je sais… et où sont mes copains ? Pour que je puisse les rejoindre pour l’éternité hehehe.

Propos recueillis par Antoine Kaburahe

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Bio-express

Naissance 1972 au Burundi .Teddy Mazina photojournaliste Burundais, est aujourd'hui exilé d'Opinion entre la Belgique et le Rwanda .Il se définit comme  "Activiste photographe".

En 1993, année de l’assassinat de Melchior Ndadaye, il fonde avec d’autres camarades de l’université une association nommée Organisation. Jeunesse. Futur. Ce groupe “s’inscrivait en porte-à-faux face aux extrémistes et aux manipulations de tous bords” en prônant la non-violence, mais le poussera à l’exil politique.

En 2007, il revient au Burundi. “Malheureusement, je me suis rendu compte que nous étions en face des mêmes problèmes que par le passé”. Il se lance dans la photographie et crée également MD communication qui produit des reportages et des documentaires sur la société burundaise.

Pendant les élections de 2010, il décide de fonder avec une collègue PIGA PICHA (mouvement pour l’image indépendante au Burundi) afin de créer une banque d’images électorales et une démarche de construction d’une société plus juste et plus libre, qu’il poursuit aujourd’hui à travers le Studio Clan-Destin.

En février 2012, il expose pour la première fois ses photographies au Burundi à l’Institut Français de Bujumbura avec Objectifs Amnésie / Devoir de mémoire 2007-2011.

Il dit lutter à travers ses photos contre l’oubli et contre les violences que subit l’homme au quotidien. Pour la Mémoire. “Photographier les événements de l’actualité sociale et politique burundaise est un choix presque vital pour moi et pour l’histoire du Burundi.”

En 2015, les éditions  Africalia publient un premier ouvrage qui lui est Consacré « Des Tambours sur l’oreille d’un sourd ».

A travers le "Studio Clan-destin" il photographie les manifestations de l'année 2015 contre le 3eme Mandat du président Pierre Nkurunziza, avant d'être obligé de rentrer en clandestinité pendant 15 mois.

En 2017 il reçoit le prix Martine Anstett pour son engagement pour les droits Humains au Burundi, en marge du festival  du film des droits Humains à Genève.

Editorial de la semaine

Question à un million

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