Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Mais au coin du feu, l’étranger de passage était aussi accueilli. Cette semaine, au coin du feu, Spès Nihangaza.
Votre qualité principale
Je pense que je suis une femme tournée vers l’action, qui aime les réalisations concrètes.
Votre défaut principal ?
Je suis parfois impatiente, j’aime le travail rapide. J’impose aux autres un rythme trop élevé par rapport à leurs capacités.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
Etre méticuleux, soigneux et profond.
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
Je ne supporte pas une personne superficielle. Qui commence une chose et ne le finit jamais.
La femme que vous admirez ?
Angela Merkel, la chancelière allemande. C’est une femme forte, très active, constante dans ses décisions. Elle dirige une grande puissance. C’est comme si elle dirigeait toute l’Europe.
L’homme que vous admirez le plus ?
Nelson Mandela. Il militait pour une cause : l’égalité. Et quand il a gagné sa bataille, il n’a pas effacé les adversaires. Cela m’a fort touchée.
Votre plus beau souvenir ?
Le jour où j’ai eu mon premier bébé.
Votre plus triste souvenir ?
Le choix est difficile. Mais j’opte pour le jour où j’ai perdu mon père, en 1986.
Quel serait votre plus grand malheur ?
C’est dur de parler de malheurs. Je suis très attachée à ma famille et à ce que j’ai réalisé au cours de ma vocation professionnelle. Donc le jour où je perdrais une de ces deux choses, ça me ferait très mal.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
L’indépendance du Burundi.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Le 1er juillet 1962.
La plus terrible ?
Je vois les 29 avril 1972, 13 octobre 1961 et le 21 octobre 1993.
Le métier que vous auriez aimé faire ?
J’aurais aimé être psychologue. Je suis tout le temps confrontée à des cas psychologiques à résoudre.
Votre passe-temps préféré ?
Le jogging et la marche.
Votre lieu préféré au Burundi ?
Le jardin public. C’est là où je passe mon temps favori.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Je suis contente de vivre au Burundi. Mais j’aime aussi la Suisse, je trouve que c’est un pays calme, paisible.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Aller sur les îles, être tout près de la mer ou l’océan.
Votre rêve de bonheur ?
J’ai beaucoup de rêves… Je rêve par exemple de voir le dernier de mes fils fonder son foyer.
Votre plat préféré ?
Les légumes. Une salade précisément. Je suis presque végétarienne.
Votre chanson préférée ?
« Nama ntangara… », Une chanson gospel pleine de sagesse et d’amour.
Quelle radio écoutez-vous ?
En général, j’écoute la radio Isanganiro. Mais aussi la radio nationale.
Avez-vous une devise ?
« Croire en ce que l’on fait. » Là on est inspiré, on a de l’énergie pour travailler et affronter les obstacles.
Votre souvenir du 1er juin 1993 ?
Rien de spécial. J’étais indifférente. Mais un souvenir vague : je me rappelle d’une ville troublée par des manifestations. Je paniquais pour mon fils qui était à l’école jusqu’à monter sur une benne pour aller le récupérer.
Votre définition de l’indépendance ?
La liberté des nationaux de pouvoir gérer, développer eux-mêmes leur pays.
Votre définition de la démocratie ?
Un pouvoir qui émane de la volonté du peuple. La liberté de la population de dire oui ou non, sans pression.
Votre définition de la justice ?
Pour moi, la justice est un traitement équitable pour tous.
Si vous étiez ministre de l’Education, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Tout d’abord, doter des manuels scolaires à tous les enseignants, les affecter dans les filières selon leur niveau et orienter l’enseignement de façon que chaque jeune qui termine le secondaire soit capable de se créer un métier s’il n’a pas les moyens de faire l’université.
Ensuite, récompenser les jeunes talents pour les encourager à aller le plus loin possible et réaliser leur potentiel.
Si vous étiez ministre de la Santé, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Former assez de médecins et d’infirmiers pour une bonne couverture de tout le pays.
Renforcer la prévention en mobilisant beaucoup de ressources dans la prévention des maladies les plus courantes : malaria, maladies respiratoires, la malnutrition des enfants, etc.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Bien sûr. Je pense directement aux personnes charitables comme mère Teresa de Calcutta.
Pensez-vous à la mort ?
Bien sûr, j’y pense quand je perds un proche ou tombe malade. Mais pour moi, la mort n’est pas si terrible. C’est une évolution naturelle de la vie. On doit s’y préparer.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
Merci d’avoir soutenu mes petits efforts en faisant grandir des orphelins.
Propos recueillis par Clarisse Shaka