Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Rivardo Niyonizigiye.
Votre qualité principale ?
Le courage
Votre défaut principal ?
La bonté. C’est un défaut pour moi parce que, à cause d’elle, il m’est difficile de dire non à quelques demandes de services de la part de mes amis et mes collègues
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’humilité et l’humanisme.
Le défaut que vous ne supportez pas chez les autres ?
Il y en a beaucoup. Mais le plus insupportable est la malhonnêteté. Cette dernière est la mère de tous les vices.
La femme que vous admirez le plus ?
La femme que j’admire le plus, c’est ma mère pour des raisons que tout le monde peut s’imaginer. Une autre femme que j’admire c’est Rosa Parks. Alors qu’aux Etats-Unis, il y avait une ségrégation raciale, le 1er décembre 1955, à Montgomery, Alabama, Rosa Parks a refusé de donner sa place à un blanc alors que le chauffeur, James F. Blake, lui avait donné cet ordre comme la partie « réservée aux blancs » était pleine. Un acte qui n’était pas vraiment facile à poser surtout pour une femme. C’est vrai qu’elle a dû être emprisonnée par après mais le mouvement de protestation qui a suivi a été le début de la marche
vers la liberté des noirs aux Etats-Unis. C’est une femme courageuse. Elle a pu dire non quand ce n’était pas facile.
L’homme que vous admirez le plus ?
Lui, c’est Nelson Mandela. Il a pu surpasser la haine et ses composantes. C’est un modèle ; un bon exemple pour la résilience.
Votre plus beau souvenir ?
J’ai beaucoup de beaux souvenirs. Je me souviens toujours de Noël 1998 quand j’ai fait deux messes pour voir Jésus. Je suis allé à la succursale de chez nous dans la première messe et je n’ai pas vu le petit Jésus. Ensuite, j’ai pris part à la deuxième messe pour enfin le voir.
L’autre beau souvenir, ce sont les élections en 2005. C’était une réussite de la démocratie au Burundi. Je me souviens, moi et mon grand frère avons vraiment célébré. Je pensais que c’est le début de la stabilité et du développement du Burundi.
Votre plus triste souvenir ?
Le 17 Juin 2006. Au Lycée Notre Dame de la Sagesse de Gitega (LNDS), nous étions en pleine période d’examens. Il y a eu des malentendus entre Hutu et Tutsi. On nous avait dit que les hutu allaient nous tuer. On nous a réveillés pendant la nuit. Les hutu étaient aussi réveillés. Anecdote. Sur le lit voisin dormait un élève hutu et je l’ai réveillé. Nous avons détruit les lits pour nous défendre. Nous avons passé toute la nuit debout, Hutu mélangés aux Tutsi. Heureusement, rien ne s’est passé. Mais mon cœur a été très attristé.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Si mon rêve de donner une notoriété à la culture burundaise tombe à l’eau.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
C’est le 1er juillet 1962, jour de l’Indépendance du Burundi
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
C’est quand le Mutabazi Bihome a sauvé le roi Mwezi Gisabo. C’est un fait qui nous montre que le Burundi est un pays où l’héroïsme est une valeur.
La plus terrible ?
Je ne la connais pas avec exactitude. C’est la date où il y a eu la publication des résultats du recensement ethnique au Burundi. Certains disent que c’était le 21/8/1925.
Le métier que vous auriez aimé faire ?
Je pense toujours que je le ferai. Il n’est pas encore tard. Et surtout avec la technologie actuelle. C’est le journalisme. Quand j’entendais les journalistes comme Elikia M’bokolo, j’adore ce métier pour sa force et son utilité dans l’harmonisation de la société (s’il est fait dans les normes bien sûr).
Votre passe-temps préféré ?
Le sport (occasionnellement le jogging) et l’écriture. Soit, des chansons ou d’autres textes (poésie, théâtre, etc.)
Votre lieu préféré au Burundi ?
Presque tous les lieux. Mais surtout les montagnes.
Le pays où vous aimeriez vivre ?
Le Burundi. C’est un beau pays.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
Le voyage sur Mars.
Votre rêve de bonheur ?
D’abord, c’est voir le Burundi stable, sans crise et développé. Ensuite, c’est voir l’émergence d’une littérature burundaise en kirundi.
Votre plat préféré ?
Un plat complet à la burundaise : Isombe mélangé au riz avec de pomme de terre. J’aime aussi la pâte de maïs.
Votre chanson préférée ?
La chanson de Bahaga « Ikinjana ca mirongo ibiri ». C’est une chanson qui appelle à une prise de conscience. Quand je l’écoute, je la réécoute toujours.
Quelle radio écoutez-vous ?
La RFI et la BBC ; mais je commence à n’avoir plus du temps pour la radio, je migre vers le web.
Avez-vous une devise ?
Oui. La persévérance et l’espoir.
Votre souvenir du 1er juin 1993 ?
Je ne dirais rien à propos. J’étais encore petit. Sauf ce que l’histoire m’apprendra plus tard qu’il y a eu les premières élections démocratiques dans l’histoire du Burundi.
Votre définition de l’indépendance ?
Je me dis que c’est être capable de déterminer son avenir avec ses propres moyens et ses propres forces tout en restant en bonnes relations avec les autres.
Votre définition de la démocratie ?
La liberté de penser et de dire ce qu’on pense. Faire ce qu’on veut dans le respect de l’autre et de l’humanité.
Votre définition de la justice ?
Je dirais simplement que c’est le respect de la vérité.
Si vous étiez ministre de la jeunesse, de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ?
La première serait une création d’un cadre d’échanges, de discussion entre les jeunes et les plus âgés. Là ; différents thèmes de la vie seraient abordés. Un cadre similaire aux soirées en famille dans le Burundi traditionnel. La deuxième serait de donner un statut qui régit les artistes burundais comme d’autres fonctionnaires.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
Oui. Mais je ne peux pas dire pourquoi ou comment.
Pensez-vous à la mort ?
Oui. J’y pense. Et quand j’y pense, ça me donne le courage de travailler pour que cet inévitable ne me prenne sans que j’aie réalisé mon rêve.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?
En tant que croyant, je pense que je comparais toujours devant Dieu. Et je lui dirais ce que je lui dis tous les jours : merci.