Jeudi 09 janvier 2025

Culture

Au coin du feu avec Perpétue Miganda

09/01/2025 0
Au coin du feu avec Perpétue Miganda

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Perpétue Miganda.

Votre qualité principale ?

L’honnêteté et l’empathie.

Votre principal défaut ?

Je suis colérique. L’injustice me rend souvent colérique.

La qualité que vous préférez chez les autres ?

L’intégrité.

Les défauts que vous ne supportez pas ?

Le mensonge.

Quelle est votre source de motivation ?

J’ai grandi dans le contexte qui nous apprend à aimer le travail.

Si vous étiez Première dame, quelle serait votre première priorité ?

Le renforcement du noyau familial parce que toute la société repose sur la famille. La bonne éducation est la meilleure stratégie pour y arriver.

Et si vous étiez avec le président, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?

Appliquer la politique de méritocratie et aussi donner une place importante aux savoirs ancestraux en mettant en place un centre de civilisation burundaise.

Votre plus beau souvenir dans la vie ?

Le 11 septembre 1982, le jour de mon mariage.

Sur quoi portez-vous votre plus grande admiration ?

Ce sont mes deux parents, mon père Aloys Miganda, et ma mère Elisa Baricako. Mes parents étaient des visionnaires. Pourtant, ils étaient nés lors des années coloniales, ma mère en 1918 et mon père en 1920. Ils m’ont appris l’amour de la patrie à travers leurs conversations quotidiennes. Ils m’ont également appris l’amour du travail bien fait, le sens de responsabilité, l’empathie ainsi que le sens de la famille. Ils m’ont inspiré à tel point que je leur ai dédié une place, l’Héritage Eco-Culturel de Karambi, Kwa Miganda pour leur rendre hommage.

Le métier que vous auriez aimé exercer ?

Docteur.

Votre passe-temps préféré ?

La lecture et l’écriture.

Votre lieu préféré ?

Là où se trouve mon site à Karambi dans la province de Mwaro.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

J’aime tellement mon pays si bien que voyager ne me tente pas.

Votre rêve de bonheur ?

Faire redécouvrir les trésors ancestraux !

Pourquoi ?

J’ai constaté à quel point les savoirs ancestraux burundais sont riches et sophistiqués. Il serait complètement aberrant de continuer à penser qu’ils ne datent que de quelques siècles seulement. A mon avis, il faudrait compter des millénaires pour atteindre un tel stade de perfection de toutes les coutumes et de tous les rites du Burundi ancestral.

Votre rêve aurait-il un lien avec votre site ?

J’ai voulu que le site Héritage Eco-Culturel de Karambi-Kwa Miganda soit une matérialisation de mon livre Trésors du Burundi ancestral. Ce livre reflète un Burundi ancestral qui avait bâti des piliers solides du développement social qui sont une spiritualité au quotidien ; des plantes médicinales à portée de main ; une vie laborieuse et une éducation qui était loin d’être permissive ; des célébrations de la vie qui mettent en exergue des solidarités communautaires ainsi qu’une gouvernance bâtie sur la complémentarité sociale.

La protection de l’environnement et de la biodiversité est telle que les historiens ont appelé le Burundi une « Civilisation du Végétal. »

Comme tous ces savoirs ancestraux sont principalement détenus par les habitants de la contrée où se trouve le site, leur participation aux activités est quasi permanente. Ce qui a un impact très important sur le développement social de la communauté

Votre plat préféré ?

Le haricot. Pour moi, un plat sans haricot est toujours vide.

Votre devise ?

Avoir une limite. Ne jamais dépasser la ligne rouge.

Comment ?

Chaque personne a des attentes, des aspirations et des revendications. Mais, connaître ses limites est une meilleure option.

Croyez-vous à la bonté humaine ?

« Tout homme naît bon mais, c’est la société qui le corrompt ». La bonté humaine, c’est quand on essaie de vaincre le mal. Comme nous avons été créés à l’image de Dieu, il y a toujours cette faiblesse qui fait que le mauvais côté qui est en nous domine. Mais, le développement du côté humain est toujours possible.

Pensez-vous à la mort ?

Bien sûr. Au moment où le Covid-19 sévissait, mon époux a été aux soins intensifs pendant douze jours. Franchement, j’ai eu peur. J’ai vraiment pensé à la mort. Mais, après tout, elle reste inévitable.

Et si vous comparaissiez devant Dieu, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?

Aider mon pays. Qu’il y ait dans mon pays plus de cohésion, plus de stabilité et qu’il soit réellement le pays de lait et de miel.

Propos recueillis par Stanislas Kaburungu

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Bio-express

Née en 1958 sur la colline Rutyazo qui est aussi appelée Kivyibusha en province de Mwaro, la pionnière en éco-tourisme, Perpétue Miganda, œuvre dans la concrétisation de ce qu’elle a écrit dans son livre Trésor du Burundi ancestral. Elle fait ses études primaires à une ancienne école, l’école primaire de Rutyazo de sa colline natale avant de rejoindre l’école pédagogique de Mugera qu’on appelait pensionnat Sainte-Marie. Par après, elle a fait l’école normale de Bukeye. Après l’école normale, elle travaille une année avant d’entrer à l’université dans la faculté de Psychologie et Sciences de l’éducation. Elle fonde sa famille en 1982, une année avant qu’elle ne termine ses études universitaires. Elle commencera sa vie professionnelle comme enseignante sans le vouloir parce que ses désirs portaient sur le travail de développement communautaire. Après une année de travail, elle sera appelée à la tête du mouvement « Union des femmes burundaises » en commune Gihanga puis au niveau de la province de Bubanza de 1985 jusqu’en 1993. Avec la crise de 1993, elle quitte la province de Bubanza pour Bujumbura. Elle travaillera alors au ministère des Affaires sociales comme conseillère au cabinet du ministre et en même temps coordinatrice d’un projet humanitaire d’appui aux femmes veuves déplacées. En 1995, elle est nommée conseillère politique au ministère des Réformes institutionnelles et des relations avec l’Assemblée nationale. Elle est en même temps membre de la Commission nationale chargée d’étudier les questions fondamentales du pays. Avec le nouveau ministère chargé du processus de paix, elle est nommée comme cadre d’appui jusqu’aux négociations d’Arusha. Elle est parmi les six femmes qui participent dans ces négociations comme observatrices. Après l’Accord d’Arusha pour la Paix et la Réconciliation au Burundi, son mari est nommé pour aller occuper un poste à l’étranger. Ce qui marque le début de son travail à l’extérieur du pays comme au Togo, en Tanzanie, etc. Après l’écriture de son livre Trésor du Burundi ancestral, elle décide de revenir au pays pour réaliser ses rêves de créer un Centre culturel afin de servir de vitrine des savoirs ancestraux non seulement de la région de Mwaro mais aussi de la sous-région. Son projet est maintenant un projet pour la restauration et la promotion des cultures ancestrales. Le site éco-culturel de Karambi kwa Miganda devient alors une référence dans la promotion de la culture burundaise et du tourisme.

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