Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. Une occasion pour les anciens d’enseigner, avec l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais, au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient et contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Perpétue Miganda.
Votre qualité principale ?
L’honnêteté et l’empathie.
Votre principal défaut ?
Je suis colérique. L’injustice me rend souvent colérique.
La qualité que vous préférez chez les autres ?
L’intégrité.
Les défauts que vous ne supportez pas ?
Le mensonge.
Quelle est votre source de motivation ?
J’ai grandi dans le contexte qui nous apprend à aimer le travail.
Si vous étiez Première dame, quelle serait votre première priorité ?
Le renforcement du noyau familial parce que toute la société repose sur la famille. La bonne éducation est la meilleure stratégie pour y arriver.
Et si vous étiez avec le président, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?
Appliquer la politique de méritocratie et aussi donner une place importante aux savoirs ancestraux en mettant en place un centre de civilisation burundaise.
Votre plus beau souvenir dans la vie ?
Le 11 septembre 1982, le jour de mon mariage.
Sur quoi portez-vous votre plus grande admiration ?
Ce sont mes deux parents, mon père Aloys Miganda, et ma mère Elisa Baricako. Mes parents étaient des visionnaires. Pourtant, ils étaient nés lors des années coloniales, ma mère en 1918 et mon père en 1920. Ils m’ont appris l’amour de la patrie à travers leurs conversations quotidiennes. Ils m’ont également appris l’amour du travail bien fait, le sens de responsabilité, l’empathie ainsi que le sens de la famille. Ils m’ont inspiré à tel point que je leur ai dédié une place, l’Héritage Eco-Culturel de Karambi, Kwa Miganda pour leur rendre hommage.
Le métier que vous auriez aimé exercer ?
Docteur.
Votre passe-temps préféré ?
La lecture et l’écriture.
Votre lieu préféré ?
Là où se trouve mon site à Karambi dans la province de Mwaro.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
J’aime tellement mon pays si bien que voyager ne me tente pas.
Votre rêve de bonheur ?
Faire redécouvrir les trésors ancestraux !
Pourquoi ?
J’ai constaté à quel point les savoirs ancestraux burundais sont riches et sophistiqués. Il serait complètement aberrant de continuer à penser qu’ils ne datent que de quelques siècles seulement. A mon avis, il faudrait compter des millénaires pour atteindre un tel stade de perfection de toutes les coutumes et de tous les rites du Burundi ancestral.
Votre rêve aurait-il un lien avec votre site ?
J’ai voulu que le site Héritage Eco-Culturel de Karambi-Kwa Miganda soit une matérialisation de mon livre Trésors du Burundi ancestral. Ce livre reflète un Burundi ancestral qui avait bâti des piliers solides du développement social qui sont une spiritualité au quotidien ; des plantes médicinales à portée de main ; une vie laborieuse et une éducation qui était loin d’être permissive ; des célébrations de la vie qui mettent en exergue des solidarités communautaires ainsi qu’une gouvernance bâtie sur la complémentarité sociale.
La protection de l’environnement et de la biodiversité est telle que les historiens ont appelé le Burundi une « Civilisation du Végétal. »
Comme tous ces savoirs ancestraux sont principalement détenus par les habitants de la contrée où se trouve le site, leur participation aux activités est quasi permanente. Ce qui a un impact très important sur le développement social de la communauté
Votre plat préféré ?
Le haricot. Pour moi, un plat sans haricot est toujours vide.
Votre devise ?
Avoir une limite. Ne jamais dépasser la ligne rouge.
Comment ?
Chaque personne a des attentes, des aspirations et des revendications. Mais, connaître ses limites est une meilleure option.
Croyez-vous à la bonté humaine ?
« Tout homme naît bon mais, c’est la société qui le corrompt ». La bonté humaine, c’est quand on essaie de vaincre le mal. Comme nous avons été créés à l’image de Dieu, il y a toujours cette faiblesse qui fait que le mauvais côté qui est en nous domine. Mais, le développement du côté humain est toujours possible.
Pensez-vous à la mort ?
Bien sûr. Au moment où le Covid-19 sévissait, mon époux a été aux soins intensifs pendant douze jours. Franchement, j’ai eu peur. J’ai vraiment pensé à la mort. Mais, après tout, elle reste inévitable.
Et si vous comparaissiez devant Dieu, qu’est-ce que vous lui demanderiez ?
Aider mon pays. Qu’il y ait dans mon pays plus de cohésion, plus de stabilité et qu’il soit réellement le pays de lait et de miel.
Propos recueillis par Stanislas Kaburungu
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