Dimanche 24 novembre 2024

Ils sont venus au coin du feu

Au coin du feu avec Paul Ngarambe

Au coin du feu avec Paul Ngarambe
Au tour du feu
23/05/2018 Commentaires fermés sur Au coin du feu avec Paul Ngarambe

Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Paul Ngarambe.

Votre plus beau souvenir ?

Des souvenirs, j’en ai plusieurs ; j’ai donc l’embarras de choix. Mais le plus beau de tous est le jour, dimanche le 29 août 1977, où j’ai rencontré celle avec qui, plus tard, nous avons fondé un foyer.

Votre plus triste souvenir ?

Le jour, mardi le 16 août 2016, où des gens m’ont kidnappé pour aller me mettre à mort !

Quel serait votre plus grand malheur ?

De faire du mal à quelqu’un et ne pas pouvoir réparer !

Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?

Le passage du monopartisme au multipartisme. Ce processus commencé vers les années 1990 se poursuit toujours …

La plus belle date de l’histoire burundaise ?

L’indépendance du Burundi. Ce processus commencé vers les années 1960 se poursuit toujours …

La plus terrible ?

Les multiples et stupides guerres menées sur le sol burundais par les Burundais eux-mêmes contre d’autres Burundais ! Malheureusement les leçons de l’histoire ne semblent pas avoir été comprises.

Le métier que vous auriez aimé faire ? Pourquoi ?

Etre éducateur et enseignant, cela me plaît beaucoup et c’est ce que je fais.

Votre passe-temps préféré ?

Lire, marcher, faire la cuisine.

Votre lieu préféré au Burundi ?

Ku gatumba, là où je suis né.

Le pays où vous aimeriez vivre ? Pourquoi ?

Au Burundi, mon pays natal. C’est un pays d’avenir.

Le voyage que vous aimeriez faire ?

Israël et environs ; Chine et environs ; Brésil et environs ; Afrique du Sud et environs ; pays de l’Afrique de l’ouest ; pays d’Europe. Mais j’ai déjà fait ce voyage et j’aimerais le refaire. C’est pour rafraîchir mon expérience en vue de la contribution pour le développement du Burundi.

Votre rêve de bonheur ?

Voir les autres heureux et contribuer à leur bonheur. Mais j’ai une joie dont je voudrais vous faire part : avoir contribué à la solution au problème des mémorands de l’ancien système à l’Université du Burundi qui ne trouvaient pas facilement un Directeur pour les accompagner dans leur recherche après avoir terminé la deuxième licence il y a 10 ou 20 ans. Le cas le plus heureux pour moi est celui d’un mémorand sous ma direction qui va bientôt présenter son mémoire de licence alors qu’il était en deuxième licence pendant l’année académique 1987-1988, il y a 30 ans !

Votre plat préféré ?

Umutsima w’imyumbati nkawukoza isombe n’utudagara tukiri dutoto, hanyuma nkanywa agakawa koroshe n’amazi menshi.

Votre chanson préférée ?

L’Hymne à la Création : « Par les cieux devant toi, splendeur et majesté, par l’infiniment grand, l’infiniment petit, et par le firmament, ton manteau étoilé, et par frère soleil, je veux crier ; Mon Dieu, tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu très haut, tu es le Dieu d’Amour, Mon Dieu, tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu très haut, Dieu présent, en toute création ».

Quelle radio écoutez-vous ?

Radio Maria. RFI. VOA. ISANGANIRO. Radio nationale.

Avez-vous une devise ?

Faire le bien partout et toujours.

Votre souvenir du 1er juin 1993 ?

Victoire de la démocratie au Burundi.

Votre définition de l’indépendance ?

Avoir la gestion de notre pays pour le bien du Burundi et des Burundais aujourd’hui, demain et après-demain …

Votre définition de la démocratie ?

Avoir la présentation de diverses options de gouvernance, avoir la possibilité d’en débattre afin de choisir ce qui est le meilleur pour nous présentement.

Votre définition de la justice ?

Equité pour tous dans le respect de la loi, à commencer par la loi fondamentale.

Si vous étiez ministre de l’éducation, quelles seraient vos deux premières mesures ?

1) Préparer les conditions les meilleures pour les enseignants de la maternelle à l’université pour qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes dans les formations à dispenser.

2) Mettre en place les meilleurs programmes de formation de la maternelle à l’université eu égard aux besoins et ressources du pays, dans la perspective de rendre les lauréats compétitifs au sein de l’East African Community, en Afrique et dans le monde.

Si vous étiez ministre de l’environnement, quelles seraient vos deux premières mesures ?

1) Préparer et diffuser des programmes d’information et de sensibilisation sur l’importance de l’environnement
2) Mettre en place des programmes de protection du Lac Tanganyika, de la Kibira et des marais.

Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme ?

Non. L’homme penche naturellement vers le mal : il a constamment besoin d’être redressé.

Pensez-vous à la mort ?

Oui. C’est le passage vers notre destinée ultime, et ce passage est personnel pour chacun. La vie devrait être une préparation à réussir ce passage.

Si vous comparaissez devant Dieu, que lui direz-vous ?

Me voici mon Dieu, je viens parce que tu m’as appelé. C’est une bénédiction et un honneur pour moi de me trouver en ta présence. Daigne me faire part de ta volonté, et donne-moi la force de l’accomplir avec joie pour ta plus grande gloire.

Bio express

Paul Ngarambe est originaire de la commune Busiga, province Ngozi où il est né le 11 mars 1951. Il est titulaire d’un doctorat en Langues et Littératures Africaines de l’Université Nationale du Zaïre (UNAZA) – Campus de Lubumbashi en 1981, actuelle Université de Lubumbashi en République Démocratique du Congo (RDC). Il a une spécialisation en Techniques Modernes d’Education. Il est porteur du Certificat du Mérite Civique octroyé, le 1er mai 2006, par le Président de la République du Burundi après la conduite, en qualité de Président de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) de septembre 2004 à décembre 2005. Il est professeur des cours suivants à l’Université du Burundi (Faculté des Lettres et Sciences Humaines, Département de Langues et Littératures Africaines) : Théorie de la littérature et des Genres littéraires ; Littérature traditionnelle du Burundi (Genres lyriques et chantés) ; Stylistique du Kirundi et création littéraire ; Sémantique du Kirundi ; Métiers du livre et de l’édition. En plus des cours et de l’encadrement des recherches, il accompagne les étudiants pour leur stage professionnel. Il a exercé plusieurs fonctions, notamment : Chef de Département (1981-1985) ; Doyen de Faculté (1985-1989) ; Vice - Président de la Commission Constitutionnelle du Burundi (1991-1992) ; Président du Conseil d’Administration de l’Université du Burundi (1992-1994) ; Chargé de Programme Education au Bureau de l’UNESCO au Burundi (Bujumbura) de 1994 à 2013 ; Président du Conseil d’Administration des Publications de Presse Burundaise (PPB) de 1998 à 2017). Il est auteur de plusieurs articles dans le domaine des langues et littératures africaines ; il a également inspiré et accompagné une quinzaine d’études dans le domaine de l’éducation pendant qu’il était Chargé de Programme Education au Bureau de l’UNESCO au Burundi (Bujumbura) de 1994 à 2013. Ces études sont en cours de relecture en vue de leur publication. Il a un ouvrage à paraître prochainement dans le domaine du discours traditionnel au Burundi.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.