Dans le Burundi traditionnel, le soir, au coin du feu, la famille réunie discutait librement. Tout le monde avait droit à la parole et chacun laissait parler son cœur. C’était l’heure des grandes et des petites histoires. Des vérités subtiles ou crues. L’occasion pour les anciens d’enseigner, l’air de rien, la sagesse ancestrale. Mais au coin du feu, les jeunes s’interrogeaient, contestaient, car tout le monde avait droit à la parole. Désormais, toutes les semaines, Iwacu renoue avec la tradition et transmettra, sans filtre, la parole longue ou lapidaire reçue au coin du feu. Cette semaine, au coin du feu, Michael Sengazi.
Votre plus beau souvenir ?
Je ne pourrai pas en choisir un, j’en construis à chaque fois avec ma famille quand on se retrouve tous et qu’on partage. J’en construis également quand je passe une très bonne soirée sur scène.
Votre plus triste souvenir ?
Je pense que là aussi il est encore à venir. Mais pour l’instant ? c’est la perte d’un être cher. Mes grands-parents.
Quel serait votre plus grand malheur ?
Mon plus grand malheur serait de ne pas accomplir mes objectifs et surtout ne pas arriver au bout de mes capacités.
Le plus haut fait de l’histoire burundaise ?
Ma naissance bien sûr (rires). Sérieusement je pense que c’est l’obtention de l’indépendance.
La plus belle date de l’histoire burundaise ?
Je pense que la plus belle date rime avec le plus haut fait pour moi. De ce fait l’indépendance.
La plus terrible ?
La perte de deux icônes ? Ndadaye et Rwagasore. C’étaient deux personnalités qui pouvaient emmener le pays dans une bonne direction. Leur perte a causé une spirale négative dans le pays qui ne s’est vraiment pas encore terminée à mon avis.
Le métier que vous auriez aimé faire ? Et Pourquoi ?
Chanteur. Parce que la musique est universelle. Comme l’a dit Bob Marley “When it hits you, feel no pain” (Quand elle (la musique) te frappe, ça ne fait pas mal).
Quel est votre passe-temps préféré ?
Être avec mes frères ou ma bande de comédiens, à faire des blagues, jouer au foot ou jouer à la PlayStation (oui je joue aux jeux vidéo comme un grand enfant).
Quelles sont vos qualités ?
Je suis assez sociable et proche des gens, assez gentil. C’est dur de dire non à une personne que j’apprécie beaucoup.
Quelles sont vos défauts ?
C’est que je suis trop gentil et aussi un peu paresseux, mais j’y travaille.
Votre lieu préféré au Burundi ?
À la maison, Mutanga Sud. Ou bien à Ijenda juste là où se situe la maison de mon père. L’air y est tellement rafraîchissant et c’est très beau.
Le pays où vous aimeriez vivre ? Et Pourquoi ?
J’aimerais vivre dans un pays où l’humour est considéré comme un vrai métier ou je pourrais apprendre et grandir en tant qu’artiste pour après revenir partager mes connaissances avec mes frères et sœurs burundais. Donc, je dirais peut-être la France, le Canada ou les États-Unis.
Le voyage que vous aimeriez faire ?
J’aime beaucoup voyager. Du coup, c’est dur de choisir un seul lieu. Pour l’instant, le Taj Mahal serait un bon début.
Votre rêve de bonheur ?
Être accompli dans mon métier, dans ma vie personnelle et spirituelle. Aussi pouvoir subvenir aux besoins de toute ma famille et mes proches.
Votre plat préféré ?
Les bananes plantain…y’a pas d’hésitation. Quoi que j’aime aussi le « bugali avec des ndagala », des légumes à côté et un peu de citron.
Votre chanson préférée ?
Choisir une chanson serait compliquer mais bon 911 de Wycliff Jean et Lauren Hill.
Votre comédien préféré ? Et pourquoi ?
Je n’ai pas de comédien préféré. J’en ai plusieurs que j’aime beaucoup et la raison est simple : Ils dégagent des idées que j’apprécie et surtout leur manière de faire. Donc je dirais mes préférés sont Eddie Griffin, Eddie Murphy, Trevor Noah, Steve Harvey, Dave chapelle, Gad el Maleh, George Carlin.
Quelle radio écoutez-vous ?
Je suis plus télé que radio donc du coup ce n’est pas gagné, j’en écoute pas vraiment. Je ne pourrais pas répondre à celle-ci.
Avez-vous une devise ?
Pas du tout. Je devrais en chercher et je pense pour la prochaine interview.
Votre souvenir du 1er juin 1993
J’étais trop jeune. Je n’ai que des images floues et morcelées, pas assez pour être cohérent.
Votre définition de l’indépendance ?
La liberté de pouvoir faire avancer son pays à son propre rythme et selon ses propres coutumes.
Votre définition de la comédie/humour? Et pourquoi avoir changé d’orientation de carrière?
Comme on dit en anglais « Comedy is a funny way of being serious » c’est une façon d’aborder les expériences de la vie, mais d’une façon sérieuse.
Je me suis tourné vers la comédie car quand j’ai fini mes études de droit, je ressentais que ce n’était pas ma voie…mon chemin.
Votre définition de la justice ?
Une manière de vivre qui respecte tout le monde, et ne lèse personne tout en restant dans les limites des lois de cette société.
Si vous étiez ministre de la Culture, quelles seraient vos deux premières mesures ?
Créer des salles de spectacle dignes de ce nom. Des infrastructures qui permettraient de promouvoir l’art dans le sens global du terme. Le Burundi possède de grands talents qui ne pourront pas éclore par manque de structure et d’infrastructures appropriées.
Croyez-vous à la bonté naturelle de l’homme ?
Oui bien-sûr, personne ne vient au monde mauvais. C’est la société, de par son influence, ses pratiques et ses croyances, qui le corrompt.
Pensez-vous à la mort ?
Oui quelques fois. Surtout quand une connaissance rend l’âme. On se dit pourquoi lui et non moi. Mais bon, c’est un chemin que nous prendrons tous un jour.
Si vous comparaissez devant Dieu, que lui diriez-vous ?
« Je ne comprends pas tout de toi. J’ai plusieurs inquiétudes en regardant autour de moi et dans le monde, les atrocités sont devenues banalités. Mais je te fais confiance. Merci pour toutes les bénédictions.
Garde-moi et les miens, et tout ce monde, sous ta protection, et reviens vite…parce que là, c’est chaud…ça commence à faire longtemps quand même. »
Propos recueillis par Sandrine Vyimana